René Simard sur son bonheur d’être grand-père
Pascale Wilhelmy
La vie de René Simard est remplie de défis et de cadeaux. Et ne lui parlez pas d’arrêter! Il vit de beaux moments dans sa vie professionnelle puisqu’il met en scène pour la toute première fois une comédie musicale: La famille Addams. René est aussi un homme de famille. Spontanément, il nous parle de son clan tissé serré qui accueillera bientôt un troisième petit-enfant, qui s’ajoutera à Chloé, déjà âgée de deux ans, et à Axelle, qui a pointé le bout de son nez le 4 août dernier.
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Avant même que l’entrevue débute, René me confie avec le sourire qu’il n’aime pas les séances photos, qu’il ne s’y fait pas encore et que, malgré les années, il n’a jamais bien su conjuguer avec ces moments en studio. Mais ça n’enlève rien à sa bonne humeur, toujours contagieuse, jamais feinte. Et il aime les photos. Avant qu’on se quitte, tandis que la conversation s’y prête, il m’en montre quelques-unes de son magnifique jardin qu’il a récemment réaménagé avec Marie-Josée, une passion qu’ils ont en commun. Tandis que les photos défilent, que j’apprends des noms de jolies plantes, une photo de groupe se glisse. Les comédiens de la pièce Le dîner de cons, dans laquelle il joue tout l’été et une partie de l’automne, tous à table, souriants. «Une vraie belle gang! Les gens le sentent. C’est pour ça que ça marche aussi bien», dit-il. René Simard est, bien sûr, un être de showbiz. Il a grandi et évolué dans ce milieu depuis l’enfance et en parle avec passion, comme il le fait aussi quand il évoque la nature, les voyages avec son amoureuse, la vie et son clan, précieux, qui s’élargit.
René, comment vas-tu?
Je vais bien, et je vais te dire, je suis chanceux, je suis en santé. En vieillissant, je vois plein de gens partir autour de moi. Je t'en parle et j'en ai des frissons. Moi, j'ai toujours apprécié d'être en vie, en santé, et aujourd'hui plus que jamais. Je ne veux pas vieillir hypothéqué. Et je touche du bois, car je suis en bonne forme et je ne prends aucun médicament. Je l'apprécie vraiment.
Et ça va bien, aussi, parce que ta famille s'élargit...
Écoute, c'est la plus belle chose qui nous soit arrivée. Tout le monde le dit: «Attends de voir quand tu vas être grand-parent!» Je n'invente rien, mais être grand-père ou grand-mère, c'est extraordinaire! Tout le côté stressant tombe, les parents s'occupent de leur enfant et nous, on a juste à être gagas. C'est exceptionnel. Puis, la petite Chloé, qui a un peu plus de deux ans, nous regarde et nous aime. Le matin, lorsqu'elle se réveille, on pratique son audition, parce qu'elle est également sourde. Elle a deux implants maintenant. Aujourd'hui, on sait que lorsque tu es tout petit et que tu as un diagnostic de surdité, c'est préférable d'en avoir deux. Elle a eu le premier à huit mois, et l'autre en janvier dernier. Mes enfants ont eu leurs implants à quatre ans et demi, elle a donc de l'avance sur eux. Dans le temps, on ne faisait des implants que d'un seul côté. Ça a évolué pour le mieux.
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Et elle réagit bien en vous entendant?
Tellement bien! Elle est à la maison avec nous, avec ses parents, parce qu'Olivier est en train de construire sa maison. Elle est arrivée chez nous à un mois. Olivier m'a dit: «Ça va prendre trois mois, Pop...» Disons qu'il y a eu des variations dans les calculs! (rires) Mais on vit très bien en communauté et on capote, parce qu'on a la chance de voir la petite tous les jours et de suivre son évolution. Le matin, quand on arrive dans sa chambre, avant même qu'elle nous voie, on lance tout le temps des «Chloé! Chloé!» et elle réagit. Elle devient toute contente, et en ce moment, le langage s'installe tranquillement. C'est génial. Là, Olivier et Alexe viennent d'avoir un deuxième enfant... En plus, il y a aussi la belle nouvelle de Rosalie et Gabriel qui attendent un bébé au début septembre. Avant la naissance, on ne sait jamais ce qui arrivera en ce qui concerne la surdité, puisque c'est 50-50 en termes de probabilités. Mais tu sais, la vérité, c'est que ça ne nous dérange pas du tout. Vraiment pas. L'important, c'est que les petits soient en santé. Marie et moi, on est vraiment très heureux.
Tu as raison, c'est ce qui compte...
Nos enfants, on le referait pareils. On les veut comme ça, on ne changerait rien. Ils ont nous appris beaucoup plus de choses. On vit dans un métier où on travaille beaucoup avec notre audition, on gagne notre vie avec nos oreilles, et là, on a dû accepter une nouvelle façon de faire. Au début, on pouvait appeler ça de la résilience, mais ce n'est même pas ça. Il y a quelque chose de magique dans le fait de les voir aller aujourd'hui, et encore là, je te dis qu'on est chanceux. Ce ne sont pas des histoires, c'est vrai. Olivier m'a déjà dit: «Ma fille va peut-être être sourde, mais ça ne me dérange pas du tout. Moi, j'aime ma vie, j'aime ce que je fais.» Qu'est-ce que je peux demander de plus? Mes enfants travaillent, ils ont autonomes, et en plus, ils aiment la vie. Ça, c'est une belle victoire. Marie est positive, moi aussi je le suis, malgré les malgré. Ces malgré, les petites épreuves, ça fait partie de l'apprentissage et ça fortifie aussi nos bases. C'est là qu'on façonne quelque chose de solide, pas juste du superficiel.
Crois-tu que vous êtes plus unis grâce à ça?
Je pense que oui, nous sommes beaucoup plus proches de nos enfants. On a même plus de complicité parce qu'ils sont sourds. On les a suivis depuis qu'ils sont nés, et pas à peu près, mais tout en les laissant libres, parce qu'ils font leurs affaires et leurs expériences. Mais nous avons toujours été là. Puis, la langue des signes — c'est pas ça qu'on a commencé à communiquer avec nos enfants — a aussi fortifié nos liens.
Parce que tu te regardes, tu prends le temps d'être vraiment attentif à l'autre...
Exactement. Tu te regardes, tu communiques par les yeux. Mes enfants, si j’arrive et que je suis fatigué, ils le savent tout de suite. Si je suis de bonne humeur, c’est la même chose. Et je n’ai pas dit un mot. Ils le voient par mon langage corporel, mon expression faciale. Ils me scannent. Il y a une sensibilité qui est rare. Aussi, on a toujours eu beaucoup de respect pour la culture sourde. On a appris la langue des signes, mais on ne s’en sert plus du tout, sauf quand il y a beaucoup de gens; on peut se parler de loin avec la langue des signes. Ça aussi, c’est une autre belle complicité.
Passons d’une famille à l’autre... Tu es actuellement le metteur en scène de la comédie musicale La famille Addams qui sera présentée à l’automne...
Oui, une famille différente et un peu déjantée! (rires) Mais à mes yeux, cette famille, c’est finalement une histoire d'amour, parce que c'est aussi une histoire d'acceptation, de compréhension de la diversité. C'est une homme éperdument amoureux de sa femme, différente, avec qui il a une famille particulière, dont leur fille, Mercredi, et leur fils, Pugsley. C'est un show qui a vu le jour en 2009, à Chicago. C'est bien écrit, la musique est belle et on veut justement la faire découvrir au public. Le papa, Gomez, joué par Luc Picard, aime sa famille comme elle est. Il ne cherche pas à la changer malgré ses grandes particularités. Puis, il rencontre une famille dite normale, et là, c'est le clash. Et c'est la force de toute cette oeuvre: on se dit que ces gens-là ne s'entendront jamais et, à la fin, on réalise qu'on aimerait beaucoup plus appartenir à la famille Addams.
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Crois-tu que ton expérience te donne un regard différent sur cette pièce?
Oui, la différence, c’est un plus. Aussi, pour moi, ça part de loin, l’histoire de La famille Addams. Quand j’étais petit, j’ai suivi des cours de danse à Los Angeles. Je finissais à 3 h de l’après-midi et à 4 h, La famille Addams était présentée en anglais à la télé. Je l’écoutais toujours et je capotais. J’aimais cet univers. Puis, au-delà de l’histoire, je suis entouré d’une équipe formidable pour cette grande production. Nous avons fait une première lecture en mai et nous étions 60 autour de la table! Il y a 35 personnes sur scène et 30 autres dans l’équipe technique. J’ai passé 500 personnes en audition. C’est immense, c’est un gros show, et c’est pour ça que je suis très fier d’être le capitaine d’un si gros bateau!
Tu m’en parles et tu sembles si heureux...
Je capote! J’en ai fait, de la mise en scène, mais c’est le premier music-hall que je réalise. On m’a appelé, on me l’a offert, et depuis mai 2022, je suis là-dessus. Je m’entoure de gens que j’aime, que j’admire. Ce qui est beau dans le fait d’être metteur en scène, c’est que tu choisis les gens avec qui tu veux travailler.
Tu dis avoir vu 500 personnes pour les auditions. Les choix n’ont pas été trop difficiles?
Ceux que je ne choisis pas, c’est seulement que, pour l’instant, ça ne fonctionne pas. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas fait une bonne audition. Il ne faut jamais le prendre personnellement, parce que je me souviens de ces gens-là et que je prends des notes. Je vais penser à eux pour de prochaines productions. C’est pour ça que les gens doivent passer des auditions. Il ne faut pas s’en empêcher, parce que ce n’est jamais un coup d’épée dans l’eau. Sur 500 personnes que j’ai vues, il y en a peut-être quatre où je me suis dit qu’elles n’étaient pas à leur place. Les autres, oui. C’est là que je me rends compte à quel point, au Québec, et on ne le dira jamais assez, on a un bassin artistique hors du commun pour une si petite population. C’est extraordinaire! Et j’aime les auditions, parce que c’est une expérience humaine. Des fois, tu vois arriver les gens et, déjà, tu sais s’ils l’ont ou pas. C’est une question de charisme. Ils n’ont rien dit, mais tu devines déjà le potentiel. Je ne peux pas vraiment te l’expliquer, mais c’est un moment, quelque chose qui passe. La personne entre dans la salle et tu te dis: «Oh! mon Dieu, j’espère qu’elle va être bonne...» J’ai développé ça avec le temps, parce que ce n’est pas ma première production, seulement mon premier music-hall...
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Et ça semble te plaire.
C’est sûr que j’aime tout d’un music-hall: jouer, chanter, danser. Quand je trouve des gens qui savent bien faire les trois, j’ai quatre ans d’âge mental! (rires) Je les aime, je les apprécie et j’essaie de les accompagner du mieux que je peux. J’ai aussi énormément d’admiration pour tous ceux avec qui je travaille, ceux des costumes, du décor, de l’éclairage, des effets spéciaux, des chorégraphies, ce sont tous des gens avec qui je travaille depuis longtemps, sauf le scénographe. Ce n’est pas vrai qu’un show comme ça se fait tout seul. Ça te prend le talent de tout un chacun, parce que c’est trop gros!
Partages-tu tes idées avec Marie-Josée?
Oui, elle sait tout. À la maison, j’ai tout mon décor en trois dimensions. Quand j’ai des questionnements, je lui demande ce qu’elle en pense, parce que Marie est rendue assez critique. En fait, c’est ma meilleure critique. Des fois, je lui montre quelque chose et elle n’a pas de réaction. Je lui dis: «Tu n’aimes pas ça?» Et elle me répond qu’elle pense et de lui laisser le temps de réfléchir. Ça, c’est très Taillefer: tu tournes ça à l’envers, à l’endroit, à gauche, à droite, et après, tu as une réponse! (rires)
En terminant, à part le succès et du plaisir en travaillant sur La famille Addams, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter?
De beaux bébés en santé, de continuer à avoir ces magnifiques projets, et que l’amour avec Marie se poursuive. Il ne faut jamais rien tenir pour acquis. Nous deux, on est toujours ensemble, on essaie de se suivre à travers notre évolution et on est vraiment là l’un pour l’autre. On veut continuer à voyager et on veut trouver du temps, des moments ensemble, même s’il faut les bloquer dans notre horaire. On arrive justement d’un magnifique voyage: on a fait un road trip et c’était magique. Je veux aussi qu’on jardine, qu’on crée et qu’on s’occupe de la famille. Oui, tout ça! (rires)
La famille Addams sera présentée à l’Espace St-Denis de Montréal dès le 19 octobre, et à la salle Albert-Rousseau de Québec à Noël 2024.