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L'article provient de TVA Sports
Sports

CF Montréal: Renard et Cremanzidis, figures de proue (2e partie)

Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Fréderic Lord

Fréderic Lord

2022-02-25T13:20:14Z
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Voici la deuxième et dernière partie de notre discussion avec le directeur sportif du CF Montréal, Olivier Renard, et son adjoint, Vassili Cremanzidis.

Cliquez ici pour relire la première moitié de cet entretien exclusif

Frédéric Lord (FL) : Faire jouer les jeunes, c’est un des piliers de votre projet au CF Montréal. Avec la Covid, t’inquiètes-tu Olivier des jeunes de l’Académie qui n’ont peut-être pas bénéficié de toutes les occasions pour développer pleinement leur potentiel?

Olivier Renard (OR) : Je ne vais pas m’arrêter aux jeunes de l’Académie. Je pourrais te parler de tous les jeunes en général. Comme mon fils de 12 ans, qui a dû arrêter de jouer au football pendant des mois. Ça stoppe son évolution et ce n’est pas seulement lui, mais tous les jeunes et tous les sports. Ça fait mal à la société. 

Mais est-ce que je suis inquiet pour le CF Montréal? Non. Parce que de ce que je vois, comme dans notre match présaison contre Philadelphie, il y a beaucoup de jeunes sur le terrain et leur niveau ne fait qu’augmenter. Eux, les jeunes, je crois qu’ils ressentent la confiance du club. 

Certes, il y a un nouveau championnat qui arrive (MLS Next Pro) et on a décidé de ne pas en faire partie pour différentes raisons, mais ça ne va pas stopper leur évolution. On ne va pas sortir chaque année 15 joueurs capables de jouer en MLS, mais on a assez de stratégies pour les aider à progresser, notamment avec la CPL qui nous permet d’avoir des prêts. Si on peut prêter quatre, cinq, six joueurs et leur permettre de revenir plus forts comme plusieurs ont fait cette année, ce n’est que positif. 

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FL : Est-ce que cette décision de ne pas participer à la MLS Next Pro sera revue à chaque année ou c’en est une à long terme?

OR : Nous étions intéressés au départ de rentrer dans cette ligue. Mais plus les mois passaient et plus les paramètres changeaient. Malheureusement, je ne peux pas trop en dévoiler, mais on s’est rendu compte que tout n’était pas clair. 

Jouer dans cette ligue, ç’a un coût et moi j’ai une responsabilité envers mon propriétaire quand ce coût devient important. Je préfère d’abord voir comment ça va se passer. Parce que ce qu’on a fait la saison dernière, ça a quand même fonctionné, les jeunes ont progressé. Oui, à chaque année on va faire un bilan à savoir si c’est le bon moment de rentrer dans cette ligue ou pas.

FL : Pour 2022, vous miser beaucoup sur la progression du groupe que vous avez mis en place. En fait, en résumant, on pourrait dire qu’on est toujours dans le cycle qui a été amorcé l’an dernier, dans cette continuité?

OR : L’année dernière, on avait fait 11 ou 12 transferts et on a essayé de créer un groupe jeune. À mon arrivée, l’équipe était ancienne, même vieille. Maintenant, on est une des équipes les plus jeunes de la ligue. L’idée cette année n’était pas de faire partir cinq ou six joueurs. On aurait pu faire partir quelques joueurs importants, mais on a décidé pour le bien du groupe et pour nous aussi – parce que les propositions qu’on a reçues n’étaient peut-être pas ce qu’on voulait recevoir – de les garder. On est patient et une année supplémentaire avec ces jeunes joueurs normalement devrait être meilleure.

FL : J’allais demander si c’était un pari, mais à entendre ta réponse, je sens que c’était prémédité. 

OR : Chaque joueur est un pari. Je me souviens que l’an dernier, les spécialistes de la MLS nous avaient mis bons derniers et je pense qu’ils avaient dans une certaine mesure raison parce qu’ils ne connaissaient pas les joueurs. 

Moi, je savais que les joueurs qui arrivaient allaient nous apporter quelque chose, donc je n’ai pas été surpris du niveau de l’année dernière. Même qu’on a été déçu à la fin de la saison. Oui, on a dépassé les attentes de ces «experts», mais on n’a pas fait mieux par rapport à ce que l’on anticipait Vassili et moi. 

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FL : C’est quoi la qualité de ce groupe-là?

Vassili Cremanzidis (VC) : Je crois qu’il y a beaucoup de qualité dans ce groupe, dont le fait qu’il est jeune et motivé, mais pas seulement ça. Un groupe qui continue ensemble avec le même personnel d’entraîneurs peut continuer à développer des choses sur le terrain et c’est assurément un avantage. 

J’ajouterais que quand tu as un jeune groupe motivé, tous les joueurs veulent gagner leur place sur le terrain. Ça apporte beaucoup de compétition. Je crois aussi que le niveau de chaque joueur à chaque position est similaire. C’est un atout pour moi. 

FL : Avez-vous des objectifs chiffrés pour cette année? Une position au classement notamment?

OR : Je sais qu’on doit vendre de l’ambition et du rêve aux supporters. Oui, on veut jouer pour la Coupe. Tout le monde veut gagner. 

Après, il faut être réaliste. Il y a des équipes qui sont en avance sur leur projet. Seattle, c’est une machine qui tourne et qui tourne. Atlanta dépense et dépense. Miami a dépensé beaucoup d’argent et ils rechangent tout leur effectif cette année parce que ça n’a pas fonctionné. 

Nous, on essaie d’avoir cette continuité dans les résultats et se qualifier chaque année pour les séries éliminatoires. Je sais que parfois on n’aime pas entendre ça, mais nous notre premier objectif c’est de se qualifier pour les séries. Ça ne veut pas dire qu’on manque d’ambition. C’est la nature de cette ligue. Tu dois passer par cette qualification répétée pour aller plus haut après. La NBA, c’est la même chose aussi. 

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Normalement, plus tu vas être haut au classement, plus tu vas jouer une équipe abordable et jouer chez toi et avoir plus de chances de gagner. Ça, on connait les règles. 

Notre ambition, c’est d’être un club stable et capable de se qualifier chaque année. Et que le monde extérieur soit attiré par Montréal. Que les joueurs veuillent jouer ici. Ce n’était pas le cas avant. On reçoit maintenant des coups de fil de joueurs qui ont aimé jouer contre nous. Alistair Johnston, c’était le cas. Dans les vestiaires de Nashville, il parlait de la façon dont on jouait. Ça, c’est une identité sportive. 

Vincent Destouches (VD) : À quel point cette stabilité elle était voulue ou elle s’est imposée parce que tel ou tel mouvement n’a pas fonctionné?

OR : Je l’avais dit au cours du bilan que je ne m’attendais pas à beaucoup de changements. Oui, on est dépendant des offres, de la quantité et du genre de proposition qu’on ne peut refuser, mais c’était prévu de garder une stabilité. Le mercato au milieu de la saison n’est pas si loin non plus. On va vite arriver au mois de juin. 

Finalement, il y a toujours à boire et à manger : certains supporters ont de la difficulté avec l’idée de vendre des joueurs et trouvent qu’il y a une difficulté à cultiver un sentiment d’appartenance avec ceux-ci quand ils quittent après quelques années. Mais, du même souffle, il se plaignent que nous n’avons pas signé assez de joueurs cet hiver. 

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On a décidé de garder tout le monde et c’est bien, parce que les maillots achetés l’année dernière sont encore bons. (rires)

VD : C’est toujours difficile de comprendre que la stabilité peut avoir un effet positif sur un effectif. Que la même équipe, la même colonne vertébrale peut être meilleure avec le temps.

OR : Oui, mais pas sur le long, long, long terme. Parce que ça c’est le revers de la médaille. Parce qu’on a un groupe qui est jeune, quand les joueurs commencent à bien jouer, les agents téléphonent parce qu’il y a un intérêt dans d’autres ligues. À ce moment, ils commencent à avoir envie de partir et c’est là qu’il faut savoir vendre au bon moment. 

VD : De ce point de vue-là, c’est une année Coupe du monde. Si tout va bien, le Canada sera qualifié pour le prochain tournoi. C’est bon pour le business ça aussi, non?

OR : Bien sûr. C’est pour ça qu’on est les premiers supporters de l’équipe nationale canadienne. Premièrement, parce que c’est bien de voir des jeunes de chez nous évoluer dans la plus grande compétition. Ensuite, d’un point de vue financier, c’est aussi très bien pour le club. 

FL : En terminant, on a beaucoup parlé de stabilité au travers de nos discussions. Est-ce que Olivier Renard et Vassili Cremanzidis sont là pour longtemps où leur succès va les amener à être «vendus» plus tôt que tard? Parce que si c’est la règle pour les joueurs, ça devrait être la même pour les dirigeants...

OR : (Rires) C’est vrai que ça fait partie du jeu. Moi, j’ai fait ma carrière de joueur pendant 19 ans. Je n’ai jamais quitté un club parce que je recevais plus d’argent dans un autre club. Je dois bien me sentir et me plaire où je suis et sentir que le projet auquel je participe avance. Si on croit que le projet piétine, peut-être que tu regardes ailleurs. Pour le moment, je n’ai pas le goût de partir et ma famille se plait à Montréal... même si je suis souvent en Floride pour l’instant! (rires)

VC : Pour moi, Montréal c’est la maison. J’ai été au club de 2013 à 2015 et après, j’ai vécu une autre expérience à San Jose. J’adore le club, j’adore la ville, ma famille est ici. J’aimerais continuer à grandir avec le club et l’amener le plus haut possible. 

FL : C’est ce qu’on va souhaiter : de la stabilité dans l’ensemble des départements sportifs de l’équipe. 

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