Les réinfections rapides à la COVID-19 sont «rares, mais pas impossibles»
Andrea Lubeck
De plus en plus de personnes semblent affirmer avoir été réinfectées à la COVID-19 quelques semaines à peine après avoir obtenu un premier résultat positif. Peut-on réellement parler de réinfections à court terme? Un expert se prononce.
• À lire aussi: Voici tout ce que vous devez faire (et savoir) si vous avez un test positif à la COVID-19
• À lire aussi: Pourquoi certaines personnes n’attrapent-elles jamais la COVID-19?
Les réinfections comme telles ne sont pas nouvelles. Déjà, entre les vagues causées par les variants Delta et Omicron, ç’a été documenté. Ce qui cause la surprise, c’est plutôt le nombre de semaines – voire de jours – entre l’infection initiale et la réinfection.
Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux États-Unis, qui ont mené une étude auprès de 10 personnes ayant obtenu deux fois en peu de temps un résultat positif au dépistage de la COVID-19, font état de réinfections aussi tôt que 23 jours après l’infection initiale, rapporte Forbes.
Un phénomène «rare, mais pas impossible», indique Alain Lamarre, professeur-chercheur en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
«Selon l’Organisation mondiale de la santé, lorsque l’on teste positif à nouveau dans les trois mois suivants l’infection initiale, c’est la même infection. C’est difficile de documenter s’il s’agit de deux infections distinctes ou si c’est la même, durant laquelle il y a des phases où le virus est plus tranquille», ajoute-t-il.
Pas d’études formelles
À sa connaissance, aucune étude formelle (et à grande échelle) n’a encore été faite sur le phénomène, signale Alain Lamarre.
Les réinfections distinctes sont «compliquées à déterminer en dehors d’un protocole d’étude clinique bien clair, avec des tests PCR réguliers et une analyse des virus ayant infecté une personne, dit-il. Mais ce que l’on voit, c’est qu’il y a beaucoup de virus en circulation et que les probabilités d’être infecté sont grandes, et d’être réinfecté aussi».
Il ne faut pas oublier non plus que les tests antigènes peuvent produire des faux positifs ou des faux négatifs, insiste l’immunologue. Ainsi, si une personne infectée se soumet au dépistage une semaine après l’infection et reçoit un résultat négatif, il est possible qu’il ne s’agisse que d’une variation de la positivité, dans le temps, pour la même infection.
• À lire aussi: Y a-t-il vraiment plus de cas de COVID-19 chez les triplement vaccinés?
On sait néanmoins qu’il y a suffisamment de différences entre les variants BA.1 et BA.2 pour laisser croire que l’immunité engendrée par une infection au premier «n’est peut-être pas 100% efficace pour nous protéger» contre le deuxième.
«Les trois mois d’immunité offerts par une infection demeurent valables. Mais c’est possible que certaines personnes soient réinfectées durant cette période», souligne Alain Lamarre.
L’immunité collective, une utopie?
La possibilité de réinfection fait craindre que l’immunité collective, une stratégie adoptée par de nombreux pays pour tenter de contrôler l’épidémie, soit hors de portée, comme l’indique une étude de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIH), un institut gouvernemental américain.
«L’immunité collective “classique”, menant à l’éradication ou l’élimination d’une maladie, est presque certainement un objectif inatteignable», écrivent les auteurs de l’étude.
Ils soutiennent que, comme dans le cas de l’influenza, la mutation constante du SARS-CoV-2 en de nouveaux variants permet au virus d’échapper, parfois, à l’immunité induite par la vaccination ou par l’infection, et qu’elle est de courte durée. Cela signifie donc que nous devrons vivre avec le virus indéfiniment, même à des niveaux endémiques faibles. Il faut cependant noter que les vaccins demeurent extrêmement efficaces pour prévenir les maladies graves et la mort causées par l’infection.
Malgré tout, disent les auteurs, nous avons désormais un fort niveau d’immunité populationnelle, en plus de mesures de santé publique à notre disposition (masque, dépistage massif, etc.), ce qui fait que l’immunité collective n’est plus un but.
• À lire aussi: Verrons-nous de nouveaux variants de la COVID-19 apparaître jusqu’à la fin des temps?
La vaccination d’au moins 70% de la population mondiale, l’accès au dépistage massif et gratuit, de même qu’un plan pour faire face à de nouveaux variants doivent être mis en place afin d’espérer mettre fin à la pandémie, suggère Devi Sridhar, chercheuse en santé publique et professeure à l’Université d’Édimbourg, dans un éditorial publié dans The Guardian.