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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Réduire les quarantaines pour limiter les absences, le pari de l’administration Biden

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2021-12-28T19:10:25Z
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New York | Face à la flambée des contaminations à la COVID-19 qui cloue les avions au sol, perturbe les restaurants et annule des spectacles, l’administration Biden a limité la durée des quarantaines, dans l’espoir de réduire les absences, une mesure accueillie diversement par le monde économique. 

L’initiative a été saluée par les entreprises, en particulier les compagnies aériennes et les restaurateurs, qui espèrent ainsi regarnir leurs équipes, mais est plutôt critiquée par les syndicats, qui redoutent des pressions sur les salariés.

Pour les économistes, la mesure ne devrait avoir qu’un impact à la marge sur l’activité du pays en général.

Elle marque surtout l’idée que la pandémie est devenue un élément que les entreprises doivent prendre en compte au jour le jour.

«S’il n’y a pas de risque, pourquoi pas? Je pense que ça peut nous aider, dans la mesure où on a du mal à trouver des gens», remarque Dimitri Fetokakis, propriétaire à Houston (Texas) de trois restaurants employant environ 120 personnes.

Depuis le début de la pandémie, il a sans cesse dû s’adapter, y compris aux recommandations fluctuantes des autorités sanitaires, dit-il à l’AFP. «On doit continuer à vivre, on doit continuer à faire tourner nos entreprises.»

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Fatigue face à la pandémie

Les autorités sanitaires américaines ont réduit de moitié, lundi, la durée recommandée des quarantaines pour les personnes positives à la COVID-19, de 10 à 5 jours pour les personnes asymptomatiques et de 14 à 5 pour les cas contacts non vaccinés.

La majorité des infections ont lieu dans les deux jours précédant et les trois jours suivant l’apparition de symptômes, ont justifié les autorités, qui doivent trouver un délicat équilibre entre protection de la santé et problèmes économiques.

La compagnie aérienne Delta, qui avait publiquement demandé ce changement, s’est réjouie de la décision de l’administration Biden, qui permet, selon elle, «plus de flexibilité pour organiser les emplois du temps des équipages et employés au moment de la période chargée des fêtes de fin d’année».

Des milliers de vols ont en effet dû être annulés ces derniers jours dans le monde à cause de la progression fulgurante du très contagieux variant Omicron, qui a contaminé ou exposé les personnels navigants à grande échelle.

Pour la fédération représentant les commerçants, NRF, la mesure est également «bienvenue», notamment parce qu'elle apporte «plus de clarté».

À New York, cela pourra aider des restaurants qui, en plus de subir l’annulation de nombreux événements de fin d’année, ont été contraints de fermer lorsque leurs cuisiniers et serveurs ont dû s’isoler, estime Andrew Rigie, de l’Alliance des métiers de l’hôtellerie-restauration.

«La vie doit continuer, de manière prudente, mais nous ne pouvons pas simplement arrêter l’économie chaque fois», a-t-il dit à l’AFP.

Les syndicats sont plus réticents.

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Quand l’administration avait décidé, la semaine dernière, déjà, de raccourcir les périodes d’isolement pour les soignants atteints de la COVID-19 et de ne plus imposer de quarantaine aux soignants pleinement vaccinés exposés au virus, le syndicat des infirmiers NNU avait prédit «plus de transmission, de maladie et de décès».

Le syndicat des stewards et hôtesses de l’air AFA craint de son côté que les entreprises fassent pression sur les travailleurs pour qu’ils retournent au travail au bout de cinq jours, même s’ils ne se sentent pas mieux.

«Nous ne pouvons pas laisser la lassitude face à la pandémie conduire à des décisions qui prolongent la durée de la pandémie ou en font porter la responsabilité aux travailleurs», déplore le syndicat dans un communiqué.

Effet psychologique

Pour Joseph LaVorgna, économiste en chef chez Natixis, les nouvelles recommandations sanitaires n'auront pas «d’effet substantiel sur l’économie», mais pourraient avoir un «effet psychologique» positif. 

«Les gens s’inquiétaient, il y a encore quelques semaines, de devoir faire face à une nouvelle période de confinement», explique-t-il à l’AFP. Les nouvelles règles «éloignent cette perspective, poussant les gens à reprendre leur vie plus rapidement». 

Il est encore trop tôt pour quantifier précisément l’impact d’Omicron, d’autant que la période des Fêtes a généralement tendance à brouiller les indicateurs, estime pour sa part Orne Klachkin, d’Oxford Œconomicus. 

Abaisser la période de quarantaine, toutefois, atténuera «au moins temporairement les problèmes de manque de main-d’œuvre», avance-t-il.

Mais, remarque aussi l’économiste Joel Naroff, «cela ne va pas faire disparaître les problèmes existants», comme les difficultés dans la chaîne d’approvisionnement en dehors des États-Unis, le faible taux de participation au marché du travail ou la fin des aides gouvernementales. 

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