Réduflation: Ottawa envisage d’obliger les épiciers à avertir les consommateurs

Gabriel Côté
Ottawa envisage la possibilité d’imiter le gouvernement français et d’obliger les supermarchés à avertir leurs clients quand des produits sont touchés par la «réduflation», mais soutient que cela ne pourra pas se faire sans l’appui des provinces.
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Inspiré par les épiceries de la chaîne Carrefour, qui ont tapissé leurs allées d’affichettes orange signalant que des produits ont vu leur quantité diminuer alors même que les fournisseurs demandent un prix plus élevé, le gouvernement français a décidé la semaine dernière d’obliger tous les supermarchés à faire de même.
Ainsi, toutes les épiceries en France devront indiquer à leur clientèle quels produits ont été touchés par la réduflation, à compter du 1er juillet prochain.
Cette idée a commencé à faire son chemin à Ottawa. Selon nos informations, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, a l’intention d’aborder la question avec ses homologues provinciaux lors de leur prochaine rencontre, dont la date n’est toujours pas déterminée.
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Il semblerait que le gouvernement fédéral ne peut pas agir seul dans ce dossier, et qu’il lui faudra l’aide des provinces pour y parvenir. Il s’agit tout de même de demander à des commerçants de placer des affiches dans leurs rayons.
«Les Canadiens méritent, et s’attendent à juste titre, à la transparence et à des prix équitables et conformes au marché lorsqu’ils font leur épicerie», a souligné l’attachée de presse du ministre Champagne, Audrey Champoux, en réponse aux questions du Journal.
«Depuis l’automne dernier, c’est exactement ce que le ministre demande aux épiciers. Mais c’est un travail qui doit se réaliser avec plusieurs partenaires», a-t-elle ajouté.
Il semble donc que tout reste à faire, puisque le gouvernement Legault a fait savoir au Journal que l’idée d’obliger les épiciers à avertir les clients quand des produits sont touchés par la réduflation «n’est pas dans les cartons».
«Ce n’est pas à l’agenda pour l’instant», a laissé tomber le cabinet du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne.
Le ton, en France, était un peu différent la semaine dernière. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a dénoncé sans détour la pratique de la réduflation comme une «arnaque» à laquelle il s’agit de «mettre fin».
La pratique, qui consiste à vendre un produit au même prix en réduisant sa taille, est désormais très répandue, comme l’a montré une vaste enquête de Radio-Canada il y a quelques semaines.
Le diffuseur public a suivi pendant un an l’évolution de certaines denrées, et a pu observer que plus de 150 marques ont discrètement réduit la taille de leurs produits au cours des derniers mois.
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