Sommet climat: Biden double l’objectif américain de réduction des GES et appelle à l’action mondiale
Gabriel Beauchemin
- Joe Biden promet de réduire les émissions de GES des États-Unis de 50% à 52% par rapport à 2005, d’ici 2030
- Le président américain exhorte le reste du monde à suivre l’exemple américain, au nom d’un «impératif moral et économique»
- Il y a encore beaucoup à faire pour s’assurer que ces objectifs soient atteints, selon un chercheur
Joe Biden a promis jeudi de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des États-Unis de 50% à 52% par rapport à 2005, d’ici 2030. Le démocrate a dévoilé ce nouvel objectif en ouverture de son sommet sur le climat, qui rassemble une quarantaine de dirigeants mondiaux et qui marque le retour des États-Unis dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le président de la première économie mondiale a exhorté le reste du monde à suivre l’exemple américain, au nom d’un «impératif moral et économique», en mettant en garde contre «le coût de l’inaction» et en vantant les bénéfices économiques «extraordinaires» qui peuvent découler des réformes écologiques.
«Nous devons passer à l’action, nous tous», «nous devons accélérer», a-t-il martelé, rappelant qu’«aucun pays ne peut résoudre cette crise tout seul».
Le sommet organisé par Joe Biden marque le retour des États-Unis dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Est-ce que ces objectifs seront atteints?
Pour Julien Tourreille, chercheur à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand, les cibles annoncées par le président américain témoignent de l’importance que Joe Biden accorde à la crise environnementale, mais beaucoup reste encore à faire pour s’assurer que ces objectifs soient atteints.
«Toute la difficulté de ces sommets-là, c’est de voir, sur le long terme, la concrétisation des ambitions qui sont énoncées, explique-t-il. On a vu depuis quelques jours, hier encore et même ce matin, bien des pays qui ont affiché des ambitions avec des chiffres assez intéressants. Mais le problème, ensuite, c’est de savoir s’il y a des politiques publiques, des plans concrets, et, lorsqu’on regarde un peu partout, même aux États-Unis, on attend encore de voir quelles vont être les mesures concrètes adoptées pour atteindre les cibles évoquées.»
Les ambitions du président américain risquent également de mettre davantage de pression sur les épaules de Justin Trudeau, selon le chercheur.
«Manifestement, les annonces faites par le gouvernement Trudeau, elles ne sont pas étrangères à des discussions qui ont eu lieu au cours des derniers jours avec Washington, mentionne Julien Tourreille. Donc, d’un point de vue politique, la pression sur Justin Trudeau, elle est de bien paraître aux côtés d’un président américain qui a meilleure presse ou qui dispose d’une image plus favorable que Donald Trump. On ne veut pas être à la remorque.»
«Après, de façon plus concrète et peut-être à plus long terme, si l’administration Biden arrive à mettre en place des mesures réglementaires, aux États-Unis, qui forcent un peu à changer les choses pour répondre à la crise climatique, étant donné l’intégration des deux économies, il faudra que le Canada s’adapte», poursuit-il.
Plusieurs engagements nationaux rehaussés
Les grandes puissances invitées par Joe Biden, qui représentent ensemble 80% des émissions mondiales, se sont donné des objectifs plus ambitieux avant le début de ce sommet. Ce dernier se tient quelques mois à peine avant la grande conférence de l’ONU sur le climat, la COP26, qui doit avoir lieu à la fin de l’année à Glasgow, en Écosse.
Chine
La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, s’est engagée à «coopérer» avec les États-Unis pour combattre le réchauffement. Les deux superpuissances, qui sont à couteaux tirés, ont ainsi mis de côté leurs autres divergences à cette occasion.
Russie
Aussi en froid avec les Américains, Vladimir Poutine a promis que la Russie, producteur majeur d’hydrocarbures, ferait passer le volume cumulé de ses émissions nettes de gaz à effet de serre en dessous de celui de l’Union européenne lors des 30 prochaines années.
Canada
Justin Trudeau s’est engagé à diminuer les émissions de gaz à effet de serre du pays de 40% à 45% par rapport à 2005, d’ici 2030, alors que la cible précédente n'était que de 30%.
Union européenne
L’Union européenne est parvenue in extremis à un accord sur une réduction nette d’«au moins 55%» de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990, d’ici 2030.
Royaume-Uni
Le premier ministre britannique Boris Johnson doit défendre son projet renforcé, annoncé mardi, de réduire les émissions du Royaume-Uni de 78% par rapport à 1990, d’ici 2035.
Japon
Le premier ministre Yoshihide Suga a annoncé que le Japon réduirait ses émissions de CO2 de 46% par rapport à 2013, d'ici 2030, contre une cible précédente de 26%.
Brésil
Même le président brésilien Jair Bolsonaro, qui était plus proche de Donald Trump, a écrit à Joe Biden pour s’engager à mettre fin à la déforestation illégale en Amazonie d’ici 2030, malgré le scepticisme des observateurs.