Les distilleries pourront contourner la SAQ


David Descôteaux
Le premier ministre François Legault veut autoriser la vente directe de produits alcoolisés canadiens aux consommateurs, ce qui réjouit les microdistilleries québécoises.
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«J’ai été clair avec mes homologues: le Québec veut accélérer les échanges commerciaux entre les provinces [...] Le Québec se joint donc à un groupe de provinces qui travailleront à autoriser la vente directe de produits alcoolisés canadiens aux consommateurs», a déclaré François Legault sur le réseau social X, mercredi.
La déclaration a été saluée par l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD), qui parle d’un «tournant historique» pour l’industrie.
«Nos microdistilleries font face à une concurrence accrue, notamment avec les spiritueux américains, qui bénéficient d’une taxation et de canaux de distribution plus flexibles dans leur pays d’origine. Cette asymétrie leur permet de se développer solidement sur leurs marchés locaux avant de venir concurrencer nos produits québécois, sur notre propre territoire», souligne Vincent Lambert, secrétaire général de l’UQMD.
Si le gouvernement va de l’avant, les distilleries pourront livrer directement leurs bouteilles dans les restaurants, sans passer par la SAQ. L’assouplissement de la réglementation permettrait aussi aux distilleries d’acheminer elles-mêmes leurs produits vers les autres provinces.
Absurdités
Les producteurs doivent en ce moment composer avec une majoration de la SAQ et des taxes qui totalisent plus de 75% de la valeur des spiritueux vendus sur les lieux de fabrication, déploraient-ils dans une sortie en février. Ceci fait en sorte qu’il leur reste seulement 10$ sur une bouteille 40$.
Les distillateurs payent ces frais même pour des ventes effectuées sur leur propriété, ce qui n’a pas de sens selon eux. «La portion des frais d’exploitation de la SAQ, quand on vend à notre propriété, c’est absurde», dit Vincent Lambert.
Autre incohérence: lors des ventes à des restaurants, la bouteille doit aller se faire «timbrer» dans un entrepôt à Québec ou à Montréal. «J’ai un membre à Havre-Saint-Pierre. La bouteille va faire des centaines de kilomètres pour aller à Québec se faire “timbrer” et refaire des centaines de kilomètres pour revenir à Havre-Saint-Pierre, tout ça pour livrer au restaurant qui était seulement l’autre côté de la rue de la distillerie...», illustre M. Lambert.
Il n’est toutefois pas clair si la vente par internet dans d’autres provinces est permise.
«Le cabinet du ministre de l’Économie m’a confirmé que les spiritueux étaient inclus, ce qui est un précédent jamais vu, car c’est très rare que lors d’allégement réglementaire, les spiritueux sont inclus», dit Vincent Lambert.
L’annonce du premier ministre survient après une rencontre avec ses homologues des autres provinces mercredi, qui ont conjointement déclaré vouloir éliminer certains obstacles au commerce entre les provinces.