Créer une communauté de 60 000 abonnés à partir d’extraits de Radio Enfer
Québec Nostalgie
Maude Carmel
Des bisous de Cornemuse, des vieilles pubs de Slush et des photos souvenirs des jumelles Olsen: voilà ce que propose le compte Instagram Québec Nostalgie qui, depuis avril 2019, rend hommage aux éléments culturels et ludiques des années 90 et 2000. Rencontre avec Frédérique Paré et Catherine Forget, les deux gestionnaires de la plateforme.
«Au début, on voulait faire une chaîne YouTube, mais Fred a eu l’idée d’une page Instagram», raconte Catherine qui, comme sa comparse Frédérique, gagne déjà sa vie comme stratège des médias sociaux. «On aime ça, nous, se rappeler de souvenirs. En tout cas, moi ça m’apporte un sentiment unique de réconfort, et c’est ce sentiment-là qu'on voulait faire passer par le compte. On pensait juste pas que ça allait pogner autant!» révèle d’ailleurs Frédérique.
C’est que le compte rassemble maintenant plus de 60 000 abonnés. Les deux filles, nées en 1992 et 1994, réalisent qu’un tel contenu «nostalgique», ça crée un esprit de communauté immense. «On reçoit des dizaines de messages par jour de personnes qui se demandent où trouver tel ou tel extrait ou si on se rappelle de telle ou telle chose! On a vraiment l’impression d’être le répertoire de ces années-là, surtout de ce qui était diffusé au Québec. La nostalgie, c’est un élément vendeur.»
La période 1995-2010: plus spéciale qu’une autre?
Le coffret DVD des Baby Spices, les quizs du magazine Cool, les jeux de la zone jeunesse Radio-Canada... Ces éléments ont beau être euphorisants en faisant rejaillir des souvenirs qui nous avaient échapé, est-ce que cette époque (encore très récente, soyons réalistes) présente quelque chose de plus spécial, de plus unique que les autres?
«Je pense que notre génération a un attachement particulier aux années 2000 à cause de la façon dont on consommait la culture à cette époque-là. Quand on voulait louer un film, on avait le droit à deux par week-end au Club Vidéotron, ou si on désirait un CD, il fallait économiser, aller au HMV et l’acheter», explique Catherine, qui a d’ailleurs connu Frédérique au HMV alors qu’elles y travaillaient en 2015. «On s’est liées d’amitié en parlant de nos coups de cœur pop d’enfance et d’adolescence. On est toutes les deux de grandes nostalgiques.»
Les deux amies parlent d’ailleurs de «coupure technologique» lorsqu’elles expliquent l’unicité de la période 1995-2010. «C’était une époque avec beaucoup d’évolution et de transitions. En 15 ans, on a connu la mort de la cassette et la décrépitude du CD, la naissance du DVD et sa mort, l’avènement des réseaux sociaux... Les jeunes d’aujourd’hui ne vivront peut-être pas une coupure aussi drastique entre la technologie qu’ils ont connue enfants et celle qu’ils vont connaître au début de l’âge adulte.»
À la chasse aux extraits
Lorsqu’on fait défiler la page d'accueil du compte, la première chose qui nous vient systématiquement à l’esprit, c'est: comment font-elles pour trouver tous ces extraits? «C’est souvent plus facile qu’on pense», révèle Frédérique. «Si c’est pas sur YouTube, ça va être sur Dailymotion ou Vimeo. Des fois, je me ramasse sur des vieux blogs Skyrock pour trouver des vieilles photos... Il faut savoir où chercher et prendre le temps!»
Quant aux extraits normalement introuvables, Catherine démasque le secret de leur diffusion: «J’ai une de mes amies, Marie-Pier, qui a numérisé plusieurs de ses vieilles cassettes d’enregistrement d’émissions. Genre les vieilles promos de VrakTV, elles viennent de là! »
Quant à l’étendue de leurs souvenirs, elles mettent ça sur le dos de l'âge de leur fratrie. «Catherine a une sœur plus âgée et moi un frère plus jeune, ce qui étale vraiment notre répertoire», déclare Frédérique. Elle précise quand même : «Non mais en fait, je dirais que si on a autant d’idées de contenu, c’est parce que Catherine et moi, on a vraiment une mémoire d’éléphant.»