Prison pour des «informations mensongères» sur l’armée: Radio-Canada suspend ses activités en Russie
AFP
Radio-Canada et d'autres médias dans le monde suspendent temporairement leurs activités en Russie, après l'entrée en vigueur de nouvelles mesures qui prévoient de lourdes peines de prison pour toute diffusion d’«informations mensongères sur l’armée».
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Les mesures prises renforcent l’arsenal des autorités pour contrôler le récit qu’elles font à la population russe de l’invasion de l’Ukraine, présentée par Moscou comme une opération limitée visant à protéger les Ukrainiens russophones d’un «génocide».
Un amendement introduit diverses peines pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison en cas de propagation d’informations visant à «discréditer» les forces armées russes.
Un deuxième prévoit des sanctions pour les «appels à imposer des sanctions à la Russie», confrontée à de dures mesures de rétorsion occidentales pour son invasion de l’Ukraine.
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Ces textes, qui s’appliquent à la fois aux médias et aux particuliers russes comme étrangers, ont été approuvés par les deux chambres du Parlement russe.
Tard dans la soirée, le président Vladimir Poutine a apposé sa signature sur les amendements, qui sont ainsi entrés en vigueur.
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Radio-Canada suspend ses activités journalistiques
«Dans ces circonstances exceptionnelles, afin d’assurer la sécurité de notre équipe en poste à Moscou, nous suspendons temporairement nos activités journalistiques en Russie, le temps de clarifier la portée d'une nouvelle loi», a annoncé Radio-Canada, vendredi.
Dans ces circonstances exceptionnelles, afin d’assurer la sécurité de notre équipe en poste à Moscou, nous suspendons temporairement nos activités journalistiques en Russie, le temps de clarifier la portée d'une nouvelle loi. (Les détails : https://t.co/BAMnJxJknI) pic.twitter.com/abHp9nCw3V
— Radio-Canada (@iciradiocanada) March 4, 2022
La journaliste Tamara Alteresco, qui est postée en Russie, couvrait le conflit pour la société d’État.
La BBC a réagi à ces mesures en annonçant la suspension du travail de tous ses journalistes en Russie, tandis que le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a indiqué se voir «obligé de supprimer de nombreux contenus» pour éviter les sanctions, mais vouloir «continuer à travailler».
BBC statement on reporting from within Russia.
— BBC Press Office (@bbcpress) March 4, 2022
Reacting to new legislation passed by the Russian authorities, BBC Director-General Tim Davie says: pic.twitter.com/uhowHW3jkr
Le réseau américain CNN a également annoncé la suspension de ses activités en Russie, tout comme le média Bloomberg.
Vendredi, le régulateur des médias Roskomnadzor a par ailleurs ordonné le blocage immédiat de Facebook, l’accusant de «discriminer» des médias russes comme la télévision du ministère de la Défense Zvezda ou l’agence de presse Ria Novosti.
Les journalistes de l’AFP en Russie ont pu constater que le réseau social ne fonctionnait plus sans VPN.
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Le régulateur avait auparavant annoncé avoir restreint l’accès à la BBC, à la radiotélévision internationale allemande Deutsche Welle (DW), au site russe indépendant Meduza (basé à Riga, en Lettonie), à Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, à Voice of America et à d’autres sites d’information non nommés.
Jeudi, la chaîne de télévision indépendante par internet Dojd avait annoncé la suspension de son activité, et l’emblématique station de radio Ekho Moskvy (Echo de Moscou) sa dissolution, après le blocage de leurs sites.