Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Radio-Canada et la diversité

Partager
Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

21 février 2022
Partager

Radio-Canada veut plus de diversité au sein de son personnel. Mais la façon de s’y prendre ne fait pas l’affaire de tout le monde. 

Des employés de Radio-Canada m’ont contactée parce qu’ils s’inquiètent de la tendance « wokiste » de leur employeur.

INFO NÉGO

La convention des 2800 employés de Radio-Canada (autant le personnel administratif, technique que les journalistes) est échue depuis le 14 octobre 2021. Dans le cadre des négociations, un des enjeux porte sur la volonté de Radio-Canada « d’intégrer à la convention collective des dispositions particulières visant l’intégration des représentants de la diversité au sein du personnel ».

Dans son dernier bulletin, le syndicat a informé ses membres des demandes suivantes : « La direction souhaite embaucher des représentantes et représentants des minorités socioculturelles, autochtones, de genre, d’orientation sexuelle et de ‘‘religion’’ [sic]. Comme ces candidatures risquent fortement de ne pas répondre aux exigences normalement prévues à la convention collective [re-sic], la direction souhaite assouplir certaines modalités lors des affichages de poste ».

Veuillez noter que ce n’est pas moi qui ai rajouté les mots « sic » ou « re-sic », mais bien la direction du syndicat. 

Avouez que ça soulève un certain nombre de questions.

Publicité
Sophie et Richard ne sont pas bons aux fourneaux, mais ils savent cuisiner leurs invités! Invitez-vous à la table de Devine qui vient souper? une série balado originale.

Comment la religion d’un employé peut-elle être un critère d’embauche, de promotion ou de formation ? Comment savoir si un employé est de telle ou telle religion ? Est-ce parce qu’il porte des signes ostentatoires ? Doit-il fournir un certificat d’assiduité de la part de son rabbin, imam, prêtre, pasteur, gourou ? Que fait-on avec les croyants non pratiquants ? Et que fait-on avec les athées ? 

Qu’est-ce qui empêche un employé de se lever un matin en se proclamant de telle ou telle religion ? Comment s’assurer de la croyance sincère d’un croyant ? Est-ce que seules les religions monothéistes sont considérées ?

Tant le syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada que la direction ont refusé mes demandes d’entrevue, « en tout respect du principe de la négociation de bonne foi ». 

Par contre, Marc Pichette, porte-parole du diffuseur, a précisé : « La volonté d’être représentatif de la population canadienne est une priorité d’entreprise. Pour ce faire, on vise à adopter des mesures permettant d’atteindre cet objectif. L’une d’elles serait de créer un canevas de formation pour perfectionner les compétences des personnes issues
des groupes sous-représentés dans le but de combler les besoins de main-d’œuvre à Radio-Canada, en fonction des critères de sélection. 

En parallèle, nous continuons nos processus d’embauche ».

AVEC QUI COUCHES-TU ?

Toutes les questions que je pose sur la religion s’appliquent aussi pour les autres critères énumérés. Comment la direction peut-elle vérifier si un employé est hétérosexuel ou homosexuel ou bisexuel ou « deux esprits » ? On va aller espionner dans sa chambre à coucher ? Qu’est-ce qui m’empêche de me découvrir soudainement non-binaire, si ça me permet d’avoir une promotion ? Si j’ai couché avec une fille en secondaire 5, suis-je considérée comme LGBTQ2 ? À partir de quel degré de fluidité suis-je considérée comme une minorité de genre ?

Depuis quand un employeur a-t-il le droit de poser des questions sur la vie sexuelle de ses employés ? 

Pour citer Pierre-Elliott Trudeau, « l’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la population ». Les sociétés d’État non plus.  

Publicité
Publicité
Image du contenu audio en cours
En directQUB en rafale