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Culture

Rachid Badouri et son père en vedette dans cette émission spéciale

MERCREDI 7 juin 19 H, TV5

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Steve Martin

2023-06-05T10:00:00Z
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Le temps d’un voyage, Rachid Badouri partage sa quête de ses racines au pays des Berbères. En compagnie de son père, Mohamed, il se rend dans les immortelles montagnes marocaines où s’est perpétuée, au fil des générations, la langue rifaine que l’humoriste a voulu immortaliser, pour ses enfants et pour la postérité.

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Rachid, il y a quelque chose de touchant dans ta quête. Beaucoup de filles et de fils d’immigrants vont se reconnaître dans cette expérience partagée avec ton père.
C’est un énorme compliment! C’est aussi ce que j’ai ressenti quand j’ai regardé le documentaire. Cette expérience nous a surpris, mon père et moi, à chaque nouvelle découverte, à chaque nouvelle ville... On savait que ce serait émotionnel, mais on ignorait à quel point. 

Que désirais-tu accomplir en te lançant dans ce projet?
Je voulais que ce soit quelque chose d’édifiant, une aventure pendant laquelle on allait apprendre des choses sur nous-mêmes et sur nos racines. En revanche, on ne s’attendait pas à se faire autant — pardonnez l’expression — «pogner» émotionnellement. Il y a des endroits qui nous ont rappelé des souvenirs extraordinaires, surtout cette pierre angulaire de la famille qu’est Khadija Badouri, ma mère, décédée il y a 12 ans. Notre lien est encore très fort, mais je ne pensais pas que ça nous frapperait autant.      

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On sent que vous avez suivi le courant et que vous avez fait preuve de spontanéité durant le tournage. Vous deviez vous sentir en confiance.
C’est ce qui a donné le côté naturel, le réalisme sur le plan des émotions. Avec un aussi bon réalisateur que Félix Trépanier, qui a autant de documentaires à son actif, on savait qu’on pouvait se laisser aller à vivre l’aventure plutôt que d’essayer de suivre une ligne directrice écrite sur papier. 

Tu racontes que, quand tu étais jeune, tu ne désirais pas retourner au Maroc. À quel moment as-tu compris l’importance de cet héritage culturel et familial?
C’est arrivé très tard, quand j’ai participé à mon premier Marrakech du rire, en 2015, je crois. Ça s’est produit après un spectacle, non pas au Palais Badii, où il y a beaucoup de touristes français, mais pendant un spectacle un peu en marge, dans un théâtre où il n’y avait que des Marocains. J’ai reçu un accueil du genre «Tom Sawyer est revenu au village!» Je n’arrivais pas à comprendre. Dans ma tête, j’étais né au Québec. Je n’avais jamais pris mon bâton de marche et mon sac pour dire: «Je m’en vais en Occident! Je vais voir ce qui se passe là-bas, faire de Badouri un nom populaire et revenir vous retrouver!» C’est pourtant ce que m’a fait sentir leur réaction, même si je n’avais jamais vécu là-bas. 

C’est à ce moment que tu as compris l’ampleur du voyage que tes parents ont entrepris avant ta naissance?
Oui. Je me suis souvenu des phrases que répétait mon père et qui me tapaient sur les nerfs, en bon adolescent que j’étais: «Moi, je marchais pour aller à l’école!» et «Sais-tu combien de pays j’ai faits avant d’arriver ici? À quel point ç’a été difficile de bâtir tout ça?» 

Comme c’est le cas de beaucoup d’immigrants, leur chemin a été ardu...
Mon père a tout perdu quand j’avais 17 ans. Il avait un cœur un peu trop grand pour sa poitrine. Il ne faisait pas la différence entre les affaires et les amis, et il s’est fait avoir et a dû déclarer faillite. C’est pour ça que, au début de ma carrière, je me suis promis de remettre son nom sur la «mappe». Quand j’ai fait mon premier spectacle, Arrête ton cinéma, j’ai voulu que le nom Badouri soit plus gros que Rachid sur les panneaux publicitaires au bord de la route. Je voulais que mon père voie ça. 

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Quel aspect de ta personnalité as-tu hérité de la culture berbère?
C’est sans doute le côté guerrier. Dans le documentaire, on rencontre un spécialiste de l’histoire des Berbères qui nous raconte l’origine de notre nom de famille. Ça m’a renversé. Il faut comprendre que les Berbères, c’est 8000 ans d’existence et même plus. Au fil des siècles, ils ont combattu, résisté à tellement d’empires et survécu à tellement de guerres dans ce qu’on appelle aujourd’hui le Maghreb! Le mot Badouri vient d’un cri que poussaient les chefs de bataillon lorsque les soldats perdaient un peu courage, un cri qui s’adressait à ceux qui étaient cachés dans les trous en attente de l’ennemi. Ça voulait dire: «Lève-toi et fonce!» 

Ça explique ton côté frondeur...
Je me suis dit: «OK, je comprends pourquoi j’ai la tête aussi dure, la volonté de réussir des choses et de ne jamais abandonner.» Mon père a ça en lui, et mes filles aussi. Ça peut être un problème d’être aussi entêté, mais je comprends pourquoi je ne lâche jamais. Je pense que ç’a été transmis de génération en génération. 

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