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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

L’UE prête à utiliser «tous les outils» de son «arsenal de défense commerciale» face aux États-Unis

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7 avril à 10h13
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L’Union européenne est prête à utiliser «tous les outils» à sa disposition pour défendre ses intérêts commerciaux face à l’offensive des États-Unis, a assuré le commissaire européen chargé du commerce Maros Sefcovic, lundi à Luxembourg. 

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«Nous sommes prêts à utiliser tous les outils de notre arsenal de défense commerciale pour protéger le marché unique de l’UE», a-t-il dit devant la presse, à l’issue d’une réunion des ministres européens du Commerce extérieur.

D’une même voix, les Européens appellent avant toute chose à négocier avec les États-Unis.

Selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, l’UE a d’ailleurs proposé aux États-Unis une exemption totale, et réciproque, des droits de douane pour les biens industriels.

«Escalade extraordinaire» 

Mais le ton diffère parmi les Vingt-Sept sur les possibles représailles européennes si ces négociations échouent. À commencer par l’idée de cibler, ou non la tech américaine.

L’idée a notamment été évoquée de cibler les fleurons américains des technologies numériques, comme Microsoft, Amazon, Google ou Meta (Facebook). Mais peu d’éléments concrets ont fuité sur les détails de cette proposition.

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«Ce serait une escalade extraordinaire à un moment où nous devons travailler à la désescalade», a mis en garde le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Harris, dont le pays dépend fortement des investissements américains, en particulier dans les secteurs pharmaceutique et technologique.

Un sentiment partagé par d’autres pays européens très dépendants de l’Amérique pour leur sécurité, comme les États baltes.

La France et l’Allemagne poussent à l’inverse pour une réponse très ferme de Bruxelles.

Même si Paris veut «d’abord tout faire pour préférer la coopération» avec les États-Unis, le ministre Laurent Saint-Martin a appelé l’Union européenne à «n’exclure aucune option» sur les biens comme les services américains.

«La boîte à outils européenne (...) peut être extrêmement agressive», a-t-il affirmé depuis Luxembourg. Avant de mentionner un outil dont l’Union européenne s’est dotée en 2023, et qui vise à punir tout pays utilisant des armes économiques pour faire pression sur elle.

Jamais utilisé jusqu’ici, cet «instrument anticoercition» a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques. Il permettrait notamment le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements.

Le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, a lui aussi estimé que l’Europe devait être prête à utiliser ce «bazooka».

Et pour cause: selon certains responsables européens, l’idée d’une solution négociée avec les États-Unis est vraisemblablement vouée à l’échec, en raison du caractère imprévisible du président américain et de son dédain manifeste pour Bruxelles.

«Je ne sais pas comment vous pouvez négocier pour sortir de là», glisse un diplomate, sous couvert d’anonymat. «Mais qu’est-ce que les politiques sont censés dire? "Préparez-vous pour le crash?"».

Donald Trump a accusé l’UE d’avoir été créée pour «entuber» les États-Unis, évoquant notamment un excédent commercial européen vis-à-vis des États-Unis, en matière de marchandises.

Mais ce périmètre ne tient pas compte des services, qui constituent pourtant la plus grande part de l’activité économique, et pour lequel les États-Unis ont avec l’Europe un important excédent commercial.

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