«Qui traverse la vie sans connaître la défaite?»
Benoît Rioux
La Canadienne Mary Spencer aurait bien voulu gagner ce titre de championne du monde IBO, mais devant le constat de la défaite, elle s’est montrée sage et un brin philosophe.
«La vérité est que je n’aime pas perdre, mais qui traverse la vie sans connaître la défaite?», a-t-elle demandé, au moment de commenter son revers par décision unanime des juges face à la Belge Femke Hermans (14-4, 5 K.-O).
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«Ce n’est absolument pas le résultat que je voulais, a ajouté l’Ontarienne, protégée d’Eye of the Tiger Management. Je suis fâchée, mais en même temps, j’ai une perspective différente.»
«J’ai 38 ans et mon expérience de vie n’est pas la même que lorsque j’en avais 22, alors qu’en cas de défaite, je pouvais penser que c’était la fin du monde. Je prends cette défaite et je comprends que je dois penser à ce que j’ai fait et à ce que je n’ai pas fait.»
Spencer a avoué qu’elle semblait fatiguée très tôt durant le combat.
«Je savais que mon niveau d’énergie était bas, a-t-elle dit. Dans les dernières semaines, le rhume courait dans le gym et j’avais peur que le combat soit annulé. J’ai tenu le coup et je ne veux pas utiliser ça comme excuse.»
Un grand moment pour Hermans
Évidemment, le malheur de la Canadienne allait faire le bonheur de la Belge.
«D’être championne du monde, c’est tout pour moi, a affirmé Hermans, avec émotion. C’est incroyable!»
«C’est dur d’être boxeuse, surtout au niveau féminin, je dois travailler à temps plein, a par ailleurs rappelé l’Européenne, qui œuvre dans le domaine de la logistique à titre de superviseuse de magasins. Je me réveille à 5h chaque matin pour aller travailler jusqu’à 16h. Après, je pars à l’entraînement.»
Son équipe du club de boxe Bufi était comblée.
«C’est énorme!», s’est exprimé l’entraîneur Mauro Bufi.
«Je veux démontrer qu’on a du talent en Belgique», a conclu Hermans.
Une soirée de vendredi a été décevante
Défaite de Mary Spencer, manque d’opposition pour Arslanbek Makhmudov, victoire discutable de Thomas Chabot : la soirée de boxe a été, somme toute, très décevante pour Eye of the Tiger Management, vendredi soir, à Shawinigan.
«C’est décevant, a admis le promoteur Camille Estephan, lorsqu’interrogé sur le revers de Spencer contre la Belge Femke Hermans dans un combat de championnat du monde IBO des poids super-mi-moyens. Nous sommes très surpris. Elle n’a pas bien performé. Peut-être qu’elle s’est mise à croire tous ceux qui disaient qu’elle allait gagner en 30 seconde.»
«Je crois qu’elle va revenir et je pense encore qu’elle va être championne du monde, a toutefois ajouté Estephan, qui rêvait à un éventuel combat d’unification entre Spencer et la Britannique Natasha Jonas. On va prendre un détour, ça va être long, mais on va le faire.»
Il s’agissait d’une première défaite en huit combats professionnels pour Spencer, qui a perdu par décision unanime des juges (99-91, 97-93 et 96-94).
Wallisch sera quand même payé
Concernant la finale de la soirée, l’Allemand Michael Wallisch a laissé l’impression d’avoir abandonné contre Arslanbek Makhmudov. Après un premier round ponctué de visites au sol, le coin de Wallisch a jeté la serviette.
«Je vais le payer, mais ça ne me tente pas de le payer», a commenté Estephan, à propos du boxeur allemand.
«Je ne suis pas fâché contre Arslanbek, mais plus par rapport au déroulement du combat, a pour sa part indiqué l’entraîneur Marc Ramsay. J’espérais avoir plus de rounds de travail, plus d’opposition.»
La force de frappe de Makhmudov a contribué à écourter ce combat au cours duquel il n’a finalement pas pu apprendre grand-chose. On aurait voulu améliorer certains aspects.
«Honnêtement, Arslanbek l’a cogné rapidement avec puissance, a reconnu Ramsay. J’étais près de l’action. Sur le premier bon coup qu’il a donné [à Wallisch], j’ai vu son expression faciale et puis ses jambes lâcher. Quand t’es un boxeur et que t’as une chance de fermer le dossier, tu le fermes.»
Victoire controversée de Chabot
À propos de Thomas Chabot, il a été vainqueur par décision unanime des juges (57-54, 56-55 et 56-55) contre le Mexicain Jonathan Carrillo Baranda. Son adversaire a crié au vol et demandé une revanche. Surtout, il est possible de croire que l’arbitre aurait pu stopper le combat quand Chabot, fortement ébranlé au cinquième round, a pu poursuivre malgré deux chutes au plancher.
«Il a gagné le combat, a toutefois tranché Estephan. Ce n’était pas sa meilleure performance, mais c’était spectaculaire. D’après moi, il a montré beaucoup de “guts”. Il était “knocké”, il était “out”. C’est vraiment juste la volonté qui a fait qu’il a survécu... J’ai eu peur que ce soit fini, mais l’arbitre a fait son travail. Il a vu que Thomas était quand même encore capable de se protéger. Il lui a donné une chance et on en a profité.»
Déception pour Butler
Autre déception : Steven Butler (32-3-1, 26 K.-O.) n’était pas à son meilleur contre l’Américain Joshua Conley (17-5-1, 11 K.-O.). Malgré tout, il l’a emporté par décision unanime des juges grâce à des cartes de 99-91, 97-93 et 96-94.
«Nous sommes heureux d’avoir gagné, mais je suis déçu, je pense qu’il est capable de faire beaucoup mieux», a reconnu le promoteur, après que Butler a lui-même avoué sa déception.