Qui est le «boucher de Syrie», nouveau général de l’offensive russe en Ukraine?
Agence QMI
En confiant le soin au général Aleksandr Dvornikov de relancer l’invasion russe en Ukraine, le président Vladimir Poutine a choisi de miser sur un officier qui a fait ses preuves dans la guerre en Syrie avec des tactiques sanglantes qui lui ont valu le surnom de «boucher de Syrie».
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Âgé de 60 ans, ce militaire de carrière qui a intégré l’armée russe il y a une quarantaine d’années avait pris la tête de la force d’intervention déployée par Moscou en Syrie pour y soutenir le régime de Bashar el-Assad, en 2015.
Sous sa gouverne, la campagne aérienne russe en Syrie avait permis aux troupes de Bashar el-Assad de stabiliser leur position après des années de guerre civile. Les troupes russes ont cependant été accusées de nombreux crimes de guerre lors de leur intervention.
Connaissance de l’Ukraine
En reconnaissance de ses services, Aleksandr Dvornikov a été nommé à la tête des forces russes du sud du pays en 2016. Son territoire couvre notamment la Crimée et la Tchétchénie, où il a déjà combattu dans les années 90, si bien que le militaire connaît déjà bien la région du Donbass en Ukraine, où des combats ont lieu entre les séparatistes pro-russes et les Ukrainiens depuis 2014.
«La nomination de Dvornikov en tant que commandant fait du sens maintenant que les efforts russes se concentrent presque entièrement dans le secteur sous sa responsabilité», a noté l’Institute for the Study of War en analysant ce changement de stratégie à la tête de l’armée, moment où les forces russes se sont retirées des environs de Kyïv pour se rassembler dans l’est de l’Ukraine.
Auparavant, Dvornikov faisait partie d’un groupe de deux ou trois commandants chargés de commander les différents fronts en Ukraine, a laissé entendre l’institut, ce qui compliquait la prise de décision et aurait contribué aux déboires tactiques des forces russes depuis le début de leur invasion.
Encore plus brutal?
Le choix du général Dvornikov pour reprendre en main l’offensive n’est pas surprenant aux yeux de Mark Galeotti, un professeur honoraire à la University College London qui étudie les forces russes.
Réputé pour son innovation, le général est considéré comme «quelqu’un qui peut s’acclimater d’une situation nouvelle et peu familière», a expliqué l’analyste au «Washington Post».
Cependant, cette nouvelle tournure laisse craindre, aux États-Unis, que les exactions commises contre des civils à Boutcha et dans d’autres villes occupées par les Russes ne soient qu’un avant-goût.
«Ce général à un CV qui inclue des actes de brutalité contre des civils sur d’autres théâtres d’opérations en Syrie. Et nous pouvons nous attendre à la même chose [en Ukraine]», a commenté Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, sur les ondes de CNN dimanche.
Qui est Aleksander Dvornikov?
- Entre dans l’armée soviétique en 1978, où il gravit rapidement les échelons en passant d’un commandement à l’autre.
- À la fin des années 90, combat lors de la seconde guerre de Tchétchénie, où il conquiert plusieurs positions
- Nommé à la tête de l’intervention russe en Syrie en 2015, où les exactions contre la population civile se multiplient.
- Nommé à la tête de toute l’armée du sud de la Russie en 2016, ce qui couvre la Crimée et la frontière ukrainienne. La même année, il reçoit la médaille de Héros de la Fédération de Russie, l’un des titres russes les plus prestigieux.
- Promu à titre de général de l’armée en avril 2020