Qu’est-ce qui attend Pierre Poilievre? Voici les scénarios possibles après sa défaite dans sa circonscription.


Sarah-Florence Benjamin
Pierre Poilievre a été battu par le libéral Bruce Fanjoy dans sa circonscription de Carleton, en Ontario. Lundi soir, il a fait part de sa volonté de «continuer de se battre pour les Canadiens». Est-ce que ça veut dire qu’il demeurera en poste? Comment pourrait-il retourner à la Chambre des communes? On en a jasé avec la chroniqueuse au Journal et animatrice à TVA Nouvelles Emmanuelle Latraverse.
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Pierre Poilievre pourrait-il être poussé vers la sortie par son parti?
«Il y a deux visions possibles de la défaite de Pierre Poilievre: soit il a dilapidé une avance de 25% [dans les sondages] et il devrait partir, soit c’est une défaite crève-cœur qui demande un examen de ses erreurs. Il peut survivre, mais ce n’est pas gagné», affirme à 24 heures la journaliste au lendemain de la victoire des libéraux de Mark Carney.
Elle qualifie toutefois d’«impardonnable» sa défaite dans sa circonscription qu’il représentait depuis 20 ans.
Est-ce qu’on peut être chef sans être élu au Parlement?
«On peut être premier ministre sans être élu. Tout est possible», rappelle Emmanuelle Latraverse.
Mais pour siéger au Parlement, un «député d’arrière-ban» ou «un député d’expérience qui voudrait prendre un break de deux ans» devrait démissionner pour céder sa place à Pierre Poilievre. Une élection partielle, qu’il devrait remporter, serait alors déclenchée.
«Ce serait facile d’aller chercher un siège en Alberta, mais à des fins électorales, ce serait mieux en Ontario», précise l’analyste.
Ce ne sont toutefois pas tous les députés qui accepteraient de lui laisser leur siège, ajoute-t-elle.
Est-ce que c’est déjà arrivé dans le passé?
«C’est arrivé souvent», souligne Emmanuelle Latraverse.
Elle cite les cas de Joe Clark (2000) et de Jean Chrétien (1990) à Ottawa, ainsi que de Robert Bourassa (1986) à Québec.
Quelle légitimité a Pierre Poilievre?
Poilievre fera bientôt face au «plus grand test de son leadership».
La question que se pose Emmanuelle Latraverse: «Va-t-il sortir grandi et devenir un meilleur chef de parti et un meilleur chef de l’opposition, ou va-t-il adopter une mentalité de repli?»
Certains de ses détracteurs, qui ont tenu la ligne de parti pendant la campagne électorale, pourraient être plus vocaux dans les prochaines semaines, prédit-elle.
L’analyste pointe d’ailleurs de graves erreurs commises par Poilievre dans les dernières semaines.
«Il n’a pas profité de son avance [dans les sondages] pour élargir sa coalition. Beaucoup de ces appuis venaient d’anti-Trudeau, mais qui n’étaient pas nécessairement pro-Poilievre. Il n’a pas bâti une équipe, ce qui est important quand on n’a jamais gouverné. Finalement, il a trop tardé avant de faire un pivot par rapport à l’humeur nationale sur Trump, il y a eu de l’entêtement idéologique», résume-t-elle.
Sa performance, la meilleure du Parti conservateur «dans sa forme actuelle», pourrait cependant servir d’argument pour sa survie.
«Il est allé chercher 41,4% des voix. C’est mieux que la dernière fois que les conservateurs ont formé un gouvernement majoritaire. Il a fait des gains en Ontario en allant chercher 12 comtés. Ça illustre qu’il peut continuer à bâtir une coalition conservatrice. Ce sont des signaux qui donnent espoir, malgré la défaite», nuance Emmanuelle Latraverse.