Pourquoi les libéraux fédéraux de Carney veulent autant dépenser


Mathieu Bock-Côté
C’est une question de bonne foi que se poseront les gens de gauche, de droite, les centristes, les souverainistes, les fédéralistes ou les autonomistes: pourquoi les libéraux fédéraux de Mark Carney veulent-ils dépenser autant?
Comment justifier le cadre financier démentiel qu’ils viennent de nous présenter?
J’entends la réponse de ceux qui se disent et se veulent keynésiens: il est normal que l’État s’endette en période de crise, pour faire de grands investissements structurels, qui relanceront l’activité économique.
Centralisation
Mais cela n’a de sens que si l’État rembourse sa dette en période de prospérité, ce que le Canada n’a évidemment pas fait depuis des décennies. Convenons qu’il ne se distingue pas ici des autres pays occidentaux.
Le banquier Carney semble adhérer aux principes de la comptabilité créative. Il n’est pas différent en cela de cette caste d’oligarques et de technocrates mondialistes qui ont conduit l’Occident dans le mur en trente ans.
Par ailleurs, les libéraux de Carney n’entendent pas se contenter de dépenses d’infrastructures ou des dépenses militaires relevant des compétences constitutionnelles du gouvernement fédéral, et qu’Ottawa néglige depuis longtemps: ils veulent envahir les compétences provinciales, notamment la santé.
Mais le PLC se fout de la santé en elle-même. Son souci est ailleurs: il veut un gouvernement fédéral partout présent dans la vie des Canadiens et des Québécois – les provinces, pour lui, ont pour vocation de devenir de grosses municipalités.
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Dès lors, il faut imposer des normes fédérales partout, et des dépenses fédérales partout. C’est ce que Robert Laplante, le directeur de la revue L’Action nationale, appelle depuis longtemps la modernisation unitaire du Canada.
Car le Canada est une fédération de façade. Le PLC veut créer un rapport de dépendance entre les Canadiens et l’État central. On y verra un aveu: le PLC sait que le Canada n’est pas un vrai pays, que rien ne tient vraiment ensemble l’Ouest, l’Ontario, le Québec, les Maritimes. Alors, il entend distribuer aussi souvent qu’il le peut des chèques avec la feuille d’érable canadienne pour nous amener à croire qu’on ne pourrait rien faire sans Ottawa.
On peut s’attendre, après l’élection de Carney, à trois choses.
D’abord, à ce que l’électorat ait une sérieuse gueule de bois, après s’être saoulé à l’alcool fort de la peur annexionniste. Il se réveillera avec un premier ministre arrogant, au tempérament autoritaire, et manifestement résolu à l’endetter encore plus qu’il ne l’est déjà.
Alberta
Ensuite, l’Alberta sera en crise et se demandera si ce pays sans alternance qu’est le Canada est une vraie démocratie. Reste à voir ce qu’elle fera de cette colère.
Enfin, les Québécois se demanderont ce qu’ils font dans ce pays qui juge désormais que leur langue est optionnelle, qui méprise les lois assurant la défense de leur identité, qui veut réduire les pouvoirs de l’Assemblée nationale et qui entend poursuivre leur noyade migratoire accélérée.
Les années Carney seront musclées.