La rémunération explose de 25% à la Caisse de dépôt

Michel Girard
En cette première année complète sous la direction de Charles Émond, la Caisse de dépôt et placement du Québec a fait preuve en 2021 d’une débordante générosité envers ses employés alors qu’elle leur a accordé une augmentation de rémunération de l’ordre de 25 %.
Vous avez bien lu VINGT-CINQ pour cent d’augmentation, rien de moins !
Et dire que les employés de la fonction publique et de la fonction parapublique, dont leur fonds de pension figure parmi les plus importants déposants de la Caisse, doivent se contenter d’une augmentation salariale de 6,2 % pour les trois années allant de 2020 à 2023.

La hausse de 25 % de la rémunération à la Caisse a fait bondir la charge des « Salaires et avantages sociaux » à 510 millions $.
C’est 119 millions $ de plus qu’en 2020, année où Charles Émond a remplacé l’ancien PDG Michael Sabia à partir du 1er février.
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PAUVRE LEGAULT !
La rémunération moyenne des 1454 employés de la Caisse s’élevait en 2021 à un montant de 350 756 $ par tête, soit 69 664 $ de plus qu’en 2020.
À titre de comparaison, je vous rappelle que François Legault, qui occupe quand même le poste le plus important de l’État à titre de premier ministre du Québec, a gagné l’an passé une rémunération de 206 000 $ moins des poussières !
Pas de doute que lui, François Legault, est sous-payé. Mais est-ce raisonnable qu’une société d’État comme la Caisse ose hausser la rémunération de ses employés de 25 % lors de la pandémique année 2021 ? Non !
On parle ici d’une moyenne par employé de la Caisse de 350 756 $, ce qui laisse évidemment entendre que plusieurs employés gagnent moins, d’autres gagnent plus et certains gagnent énormément plus.
LE PACTOLE DE LA HAUTE DIRECTION
C’est ce mois-ci, lors de la publication du rapport annuel 2021 de la Caisse, que l’on saura combien le PDG Charles Émond et ses membres de la haute direction ont encaissé en salaires, primes à la performance et avantages sociaux au cours de la dernière année.
En 2020, alors que la Caisse a affiché un « modeste » rendement de 7,7 %, soit quelque 1,5 % sous son propre indice de référence, le PDG Émond et ses cinq hauts dirigeants les mieux rémunérés s’étaient partagé une rémunération totale de 12,5 millions $.
À lui seul, Charles Émond avait encaissé une rémunération globale de 3,45 millions $.
J’ai hâte de voir à combien s’élève sa rémunération de 2021 alors que la Caisse a affiché un rendement de 13,5 %, soit 2,8 points de pourcentage de plus que son indice de référence.
EXPLICATIONS DE LA CAISSE
Voici la question que j’ai posée à la Caisse par rapport à la hausse de 25 % de la rémunération de ses employés : « Selon votre PDG Charles Émond, quelles sont les raisons qui justifient ces fortes hausses de rémunération ? »
Réponse du service des relations médias de la Caisse :
« La principale raison est la hausse des rendements ; tel que mentionné, en 2021, la CDPQ a affiché ses meilleurs rendements absolu et relatif depuis 2010 et a produit plus de 10 G$ en valeur ajoutée. En effet, la hausse des rendements a un impact important sur le calcul de la rémunération variable des employés des secteurs d’investissement. »
« Le processus d’établissement de la rémunération suit un processus rigoureux [incluant l’approbation par le conseil d’administration] et ici encore, tous les détails sont présentés dans le Rapport annuel. »
« Notre performance se compare avantageusement dans l’industrie. Nous avions d’ailleurs déjà échangé à ce sujet dernièrement. »
Au sujet justement de la performance de 13,5 % de la Caisse en 2021, j’aimerais rappeler qu’elle se situe tout de même sous la médiane (13,83 %) des gestionnaires des fonds diversifiés qui a été rapportée dans l’étude Univers de performance des fonds communs des gestionnaires de caisses de retraite, du groupe LifeWorks.
Rémunération moyenne par salarié à la CDPQ
2021 : 350 756 $
2020 : 281 092 $
2019 : 315 175 $
2018 : 320 034 $
2017 : 302 836 $
Source: Caisse de dépôt et placement du Québec