Vague de chaleur: quelle différence de température entre un îlot de chaleur et un îlot de fraîcheur?
Gabriel Beauchemin
La présence d’arbres et de végétation peut avoir un énorme impact sur la température d’une rue ou d’un quartier. On est allé faire le test avec un thermomètre un après-midi de grande chaleur, et les résultats sont convaincants. On vous les présente ici.
• À lire aussi: Verdir un quartier, ça peut remplacer l'air climatisé
• À lire aussi: Le bon vieux ventilateur électrique serait-il le Saint Graal du réchauffement climatique?
Îlot de chaleur
Dans la rue Frontenac, environ à la hauteur de la rue Sherbrooke, les températures qu’on a enregistrées mardi après-midi, une journée où le mercure dépassait largement les 30 degrés Celsius à Montréal, donnaient froid dans le dos. Très peu d’arbres en bordure de la rue, et une forte circulation automobile.
«Cet été, il a fait deux fois plus chaud, je dirais, indique d’abord Charlotte Gaulin, locataire depuis trois ans d’un logement au 1er étage d'un immeuble de la rue Frontenac. Dans le jour, on ferme les fenêtres, on ferme les rideaux. Le soir, on part les fans, et, la nuit, on dort en étoile.»
Dans son logement, la température était de 31,5 °C. Sur la surface d’une voiture stationnée juste en face: 72 °C. Et la température ambiante était de 34,9 °C.
Îlot de fraîcheur
À l’opposé, rue Chapleau, à quelques centaines de mètres, la chaleur était beaucoup moins suffocante en raison d’un parc à proximité et de la présence de nombreux arbres matures. La température ambiante que nous avons enregistrée était de 32 °C. La température de la surface d’une voiture était de 33,3 °C, et la température à l’intérieur du logement situé au 1er étage que nous avons pu visiter était de 27 °C.
Ces températures ont été enregistrées le même après-midi, à seulement 500 mètres de distance. La différence de température des deux logements était de plus de 4 degrés Celsius.
Une différence qui peut aller jusqu’à 10 °C
Pour le coordonnateur de la campagne ILEAU du Conseil régional de l'environnement de Montréal, Nilson Zepeda, cet écart n’est pas du tout surprenant.
«La différence de température entre un îlot de chaleur et un îlot de fraîcheur peut aller jusqu’à 10 degrés, souligne d’abord Nilson Zepeda, qui travaille justement à lutter contre les îlots de chaleur dans l’est de Montréal. Donc, vous pouvez imaginer, dans un contexte de canicule, ce que ça peut représenter pour les gens qui n’ont pas accès à une climatisation.»
Et l’îlot de chaleur peut être encore plus étouffant si le quartier au complet est très peu végétalisé, poursuit-il.
«C’est sûr que, si tu prends une intersection pareille comme Frontenac/Sherbrooke, mais dans un quartier encore plus dépourvu d’arbres, la différence risque d’être encore plus grande entre les températures de l’îlot de fraîcheur et de l’îlot de chaleur, explique Nilson Zepeda. Plus il y a des îlots de chaleur dans un quartier, plus cette chaleur-là tend à être exponentielle.»
D’où l’importance, selon lui, de planter des arbres dans les quartiers où l’asphalte prend toute la place, notamment pour projeter de l’ombre sur la rue et sur les bâtiments, et ainsi les empêcher d’absorber de la chaleur pendant la journée.
«Tous les végétaux contribuent à la sensation de fraîcheur, mais la plantation d’arbres est vraiment ce qui a le plus d’effet à court terme», souligne M. Zepeda.