Québec solidaire n’a pas dit son dernier mot à Rouyn-Noranda
Marc-André Gagnon | Bureau parlementaire
La vague caquiste qui a déferlé sur le Québec a été si forte que Gabriel Nadeau-Dubois doute que sa présence à Rouyn-Noranda, en fin de campagne électorale, aurait changé quoi que ce soit à la défaite d’Émilise Lessard-Therrien.
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À bord de la caravane des journalistes qui suivaient Québec solidaire, c’était presque devenu un running gag en fin de campagne électorale : quand est-ce qu’on monte à Rouyn-Noranda?
La question, maintes fois répétées, s’est posée sérieusement lorsque Gabriel Nadeau-Dubois a annoncé qu’il modifiait son itinéraire du dernier droit pour se rendre à Hull, où un sondage local donnait des chances à QS d’effectuer une percée historique en Outaouais.
Dans Hull, le solidaire Mathieu Perron-Dufour s'est finalement retrouvé avec un peu moins de 21 % des votes exprimés, en troisième position derrière la libérale Maryse Gaudreault, qui s'est fait chasser par la CAQ avec près de 3000 voix d'avance.
Dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue, c'est avec une avance de plus de 4000 votes que le caquiste Daniel Bernard a empêché la réélection d'Émilise Lessard-Therrien.
Une perte
L’agricultrice de 30 ans, qui avait causé la surprise lors son élection en 2018 est la seule députée sortante de QS qui n’a pas été réélue.
Jusqu’ à la toute fin, l’entourage de Gabriel Nadeau-Dubois semblait pourtant assez confiant de conserver Rouyn-Noranda–Témiscamingue pour ne pas y retourner.
Si c’était à refaire, serait-il allé? «Non. Je ne crois pas que les résultats auraient été bien différents si j’étais allé passer quelques heures à Rouyn-Noranda en fin de campagne», a confié le co-porte-parole de QS, lors d’une entrevue téléphonique avec notre Bureau parlementaire, au lendemain de l’élection.
Malgré sa défaite, les gens de Rouyn-Noranda «vont se souvenir longtemps» du mandat effectué par Émilise Lessard-Therrien, croit M. Nadeau-Dubois.
Et même si la CAQ a remporté l’élection en dépit de l’insatisfaction soulevée par les propos de François Legault dans le dossier de la Fonderie Horne et des émissions d’arsenic, «le débat, il va se poursuivre», assure Gabriel Naudeau-Dubois.
Il est même convaincu que Mme Lessard-Therrien, qui n’était pas disponible pour répondre aux questions du Journal, mardi, continuera de militer et de se faire entendre dans la région.
Deux gains à Montréal
Consolation s’il en est une, Gabriel Nadeau-Dubois s’est réveillé mardi matin avec une députée de plus qu’avant de se coucher : la présidente de Québec solidaire, Alejandra Zaga Mendez, qui a chassé la libérale Isabelle Melançon avec près de 500 voix d’avance.
À cette victoire historique de Québec solidaire, s’ajoute celle du militant Haroun Bouazzi dans Maurice-Richard, un autre château fort libéral, où la CAQ a terminé deuxième avec 2300 votes de moins que le vainqueur de Québec solidaire.
«On souhaitait des gains plus importants que ça, a reconnu M. Nadeau-Dubois. On va prendre le temps d’analyser les résultats, voir ce qu’on peut en apprendre, mais moi je reste très fier de notre campagne. Notre caucus s’agrandit, un peu moins que ce que j’aurais voulu, mais il s’agrandit quand même.»
Mode de scrutin
S’il «reconnait en toute humilité la victoire de M. Legault», plus que jamais, une réforme du mode de scrutin s’impose.
«La carte électorale, elle ne représente pas la volonté politique des Québécois-ses. C’est une des élections où il y a le plus d’écart entre la volonté du peuple et la composition de l’Assemblée nationale. On ne peut pas se satisfaire de ça. On ne peut pas accepter une démocratie aussi difonctionnelle. François Legault doit reconnaitre le problème, s’élever au-dessus de la mêlée», plaide Gabriel Nadeau-Dubois.
La co-porte-parole de QS invite d’ailleurs tous les citoyennes et toutes les citoyennes «qui sont dérangés par les problèmes de notre système démocratique à faire entendre leur insatisfaction».