Québec et Montréal prennent contrôle du projet de REM de l’Est, le tronçon au centre-ville abandonné
Félix Lacerte-Gauthier
En réponse aux nombreuses critiques, le gouvernement du Québec prendra le contrôle du projet de Réseau express métropolitain (REM) de l’Est en compagnie de la Ville de Montréal. Le tronçon au centre-ville sera également abandonné.
• À lire aussi: Les billets pour aller à Longueuil et Laval coûteront plus cher
• À lire aussi: Passe mensuelle à 530$, trajets inexistants... c'est le temps d'améliorer le réseau de bus au Québec
Une nouvelle mouture du projet
Les deux travailleront en collaboration avec la Société de transport de Montréal (STM) et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) pour finaliser la planification et la conception du projet.
«Dans le passé, il y a eu plusieurs excuses pour retarder des projets. On veut qu’il se réalise le plus vite possible. C’est crucial pour le développement de l’Est», a indiqué le premier ministre du Québec, François Legault. Il reconnaît toutefois que l’annonce bouleversera l’échéancier qui était prévu.
Dans la nouvelle mouture qui sera mise en place, le tronçon au centre-ville sera retiré du REM de l’Est, qui partira plutôt à l’est de la rue Dickson. Ses branches vers le nord de la métropole et vers sa pointe Est resteront toutefois en place.
«Dans le centre-ville, on était dans une impasse. Le tronçon aérien au centre-ville, c’était une erreur historique qu’il fallait absolument éviter de faire», a rappelé à ce propos la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Vers Laval et Lanaudière
Outre le retrait du tracé au centre-ville, trois autres modifications majeures seront apportées au projet. Première de celle-ci, le gouvernement souhaite que le REM de l’Est soit mieux arrimé au réseau du métro.
«La station Souligny, on doit s’assurer qu’il y ait une intégration harmonieuse dans ce coin-là», a indiqué M. Legault.
Le gouvernement envisage également de le prolonger la pointe Est vers la région de Lanaudière, et la branche Nord jusqu’à Laval.
Les tronçons Est et Nord conserveront toutefois leur forme actuelle. «Ça reste le REM de l’est. On veut qu’on ait un REM de l’Est», a indiqué M. Legault.
Gouvernance
Jusqu’alors, le projet était développé par CDPQ Infra, la filiale dédiée aux grandes infrastructures de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
«Il demeure toutefois un manque d’acceptabilité sociale pour certains tronçons, et ce, malgré les nombreuses initiatives mises de l’avant au cours des derniers mois», est-il reconnu dans le communiqué de presse accompagnant l’annonce.
Au mois de mars dernier, la CDPQ Infra avait déclaré qu’elle mettrait le projet sur pause sans un appui clair de l’administration Plante. Celle-ci avait répliqué en demandant que la Caisse se prononce «clairement et publiquement» à savoir si elle voulait, ou non, collaborer avec la Ville.
Depuis sa réélection, la mairesse Valérie Plante demandait que la Ville ait un siège à la table décisionnelle afin qu’elle puisse avoir son mot à dire sur le projet. Une demande mainte fois rejetée par la CDPQ Infra, qui estimait que la participation de la Ville à divers comités consultatifs était suffisante.
En campagne électorale, Mme Plante avait également promis d’investir 500 millions $ pour revoir les aménagements urbains et permettre une meilleure intégration du REM dans le paysage de la métropole.
Bien qu’elle perde le contrôle du projet de REM de l’Est, CDPQ Infra est toujours aux commandes du REM de l’Ouest, dont la première branche devrait être inaugurée à l’automne.
• À lire aussi: La Gaspésie donne le bon exemple pour le transport collectif
Critiques
Depuis son annonce, le projet de REM de l’Est suscite de nombreuses controverses en raison de son tracé aérien, qui défigurera, aux yeux de nombreux groupes, le centre-ville de la métropole.
Le Groupe de travail sur le Quartier chinois avait notamment dénoncé le projet, estimant qu’il entraînerait de nombreuses répercussions négatives pour le secteur.
Dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, de nombreux citoyens s’opposaient aussi au tracé aérien, en raison de sa trop grande proximité avec des secteurs résidentiels, et parce qu’il passerait près du parc Morgan, un site à valeur patrimoniale.
À travers une note interne qu’a pu obtenir l’Agence QMI, la Société de transport de Montréal (STM) s’était également montrée critique face au projet du REM de l’Est.
Selon celle-ci, la grande majorité des futurs usagers utiliseraient déjà le transport en commun, si bien que le REM viendrait cannibaliser les infrastructures déjà existantes. Elle calculait également que les dépenses d’exploitation à assumer par la Ville augmenteraient «en flèche».
L'ARTM avait également dévoilé les grandes lignes d’un rapport, qui concluait que le REM de l’Est entraînerait de nombreux désagréments et que d’autres options devaient être envisagées, rejoignant les conclusions auxquelles était arrivée la STM.
Exo, qui gère le réseau de train de banlieue, avait également soulevé ses propres inquiétudes, dans une sortie publique en février dernier.