Troisième lien: Québec a changé, estime Catherine Dorion
Patrick Bellerose | Bureau parlementaire
L’époque où l’image de Québec se résumait aux radios-poubelles et au règne de la voiture est révolue, croit la députée solidaire Catherine Dorion, qui y voit un terreau fertile dans sa lutte contre le 3e lien.
« C’est pu vrai que c’est la ville de droite de fonctionnaires plates... D’ailleurs, les fonctionnaires ne sont pas plates, ils font des trucs vraiment tripants. Ce n’est plus ça. [...] Ce n’est plus juste “va au travail, écoute la radio dans l’auto et tout le monde est cave sauf nous autres” », résume la députée solidaire de Taschereau.
Au contraire, la ville « bouillonne ». Les questions d’environnement et de vie en communauté prennent de plus en plus d’espace dans le débat public, observe la nouvelle critique en matière de transports.
Catherine Dorion estime que son élection et celle de son collègue Sol Zanetti, en 2018, témoignent de ce changement dans la Capitale-Nationale.
Idem pour la transformation du maire Régis Labeaume, qui est passé de pourfendeur des fonctionnaires à chantre du tramway, au fil des ans.
« Ma présence en politique, comment le maire Labeaume a changé à travers les années, c’est le résultat du fait que Québec change. La ville change, donc veut être représentée par des personnes qui lui ressemblent plus », analyse Catherine Dorion.
Elle attribue cette transformation en partie à l’apport de l’immigration et au fait que « les artistes arrêtent de s’en aller à Montréal ».
« Ç’a amené un mélange qui est super riche », dit-elle.
« Clairement, Québec est en train de devenir une grosse ville et il y a des écosystèmes de création, de pensée, de communautés qui peuvent maintenant fleurir, exister, qui autrefois n’en avaient peut-être pas les moyens », estime la députée solidaire.
« Très contre »
Pour cette raison, Catherine Dorion a bon espoir de créer un mouvement d’opposition au projet de tunnel Québec-Lévis cet automne.
« Les gens ne sont pas juste nombreux à être contre, ils sont très contre », dit-elle.
Des citoyens vivant le long de l’autoroute 73 nord réalisent que « leurs localités ne seront plus jamais pareilles, si ça arrive », selon la députée solidaire. Même constat sur la Rive-Sud, croit-elle, où les terres agricoles et la « tranquillité » sont menacées par le futur flot de voitures.
« Ce n’est plus vrai que le monde pense que c’est du développement, cette accumulation de béton, de stations-service, de gros échangeurs et de commandes à l’auto. Ce n’est plus vrai que le monde voit ça comme du progrès », affirme Mme Dorion.
Sondages
Malgré tout, la partie est loin d’être gagnée pour la députée solidaire : les sondages donnent une majorité d’appuis au troisième lien dans la Ville de Québec. Dans un récent coup de sonde Léger commandé par la Chambre de commerce de Lévis – promotrice du projet –, le tunnel Québec-Lévis obtenait 59 % d’appuis, contre seulement 52 % pour le projet de tramway.
Catherine Dorion remet toutefois en doute la validité de certains sondages, commandés par des gens « pro-troisième lien ».