Élections 2022: Duhaime admet qu'il augmenterait les GES au Québec
Le chef du PCQ mise sur l’exploitation des ressources naturelles au Québec et un effet bénéfique planétaire
Rémi Nadeau
Non seulement il ne fixe aucun objectif de réduction des gaz à effet de serre au Québec, mais le chef Éric Duhaime admet qu’ils augmenteraient sous un gouvernement conservateur en raison de l’exploitation des hydrocarbures.
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«Le fait qu’on exploite chez nous, oui, c’est sûr qu’on va augmenter les GES en faisant ça. Mais là, présentement, en important 100 %, on augmente les GES ailleurs et souvent de manière encore pire parce qu’ils n’ont pas des réglementations aussi sévères qu’au Québec», explique le conservateur.
Dans une longue entrevue accordée dans son local électoral de Chauveau, Éric Duhaime revient sur le projet de gaz naturel liquéfié GNL Québec, qui aurait créé de l’emploi ici et permis «de ne pas rouvrir des centrales de charbon en Allemagne».
Dénonçant la surenchère des objectifs de réduction de GES des autres partis (QS s’engage à une diminution de 55 % des émissions de 1990 en 2030), le conservateur plaide pour une vision planétaire.
«Je sais que ça a choqué. Dire qu’on va exploiter notre pétrole et notre gaz au nom de l’environnement, ce n’est pas quelque chose qui est naturel au Québec.»
Selon lui, les gens peuvent comprendre que « l’environnement ne s’arrête pas aux frontières du Québec ». Mais il reconnaît que cela implique davantage de pédagogie.
«Quand on a la chance de dire, ton gaz ne sera pas transporté sur 2000 km, il va être produit localement, on élimine le transport en train, en bateau, là les gens comprennent [...] quand tu dis qu’on pourrait exporter en Europe et l’aider à réduire ses émissions.»
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Pas de regret
En plus de l’exploitation des hydrocarbures, l’ex-animateur radio présentera bientôt un plan de réduction de la taille de l’État et couperait dans les subventions aux entreprises pour financer la généreuse baisse d’impôt qu’il promet à tous les Québécois.
Questionné au sujet de ses critiques de la gestion de pandémie, Duhaime ne formule aucun regret.
Même lorsque nous suggérons que ses tweets minimisant la COVID-19 ont pu encourager des complotistes.
«Le gouvernement est allé beaucoup trop loin, je le pense encore. On est un des pires endroits en termes de mesures liberticides, de confinement, de couvre-feu, de vaccins, de masques, on est allé plus loin que tous nos voisins.»
Le porte-étendard de la liberté soutient au cours de notre entrevue qu’il parle maintenant beaucoup moins de la pandémie.
«Ce soir, au porte-à-porte, je vais en parler très peu, c’est l’inflation la préoccupation numéro un.»
Tout de même, devant ses supporteurs gonflés à bloc, dimanche, à Québec, Duhaime a accusé François Legault de préparer «en catimini» le retour du port du masque à l’école avec insistance.
Ne craint-il pas que certains de ses militants en colère ne causent des débordements durant la campagne?
«C’est sûr [des gens peuvent dépasser les bornes] et c’est pour ça qu’il faut les ramener vers la modération, c’est pour ça que j’offre une lueur d’espoir», insiste-t-il.
En matière d’immigration, Éric Duhaime souhaite que tous les partis au Québec s’unissent après l’élection pour réclamer les pouvoirs du gouvernement fédéral.
Trop cher et trop long
«Juste la paressasse et les dédoublements, ça coûte 15 000 $ à un agriculteur et ça lui prend un an avant qu’il ait un travailleur saisonnier, ça n’a pas de sens.»
Pour éliminer un palier de gouvernement et ensuite réduire les délais, il appuie non seulement les revendications de la CAQ, mais rêve d’un véritable front commun.
«La question nationale et identitaire, elle peut prendre ce chemin-là. Ce n’est pas en faisant des chicanes [entre caquistes et libéraux au Salon bleu]. Il faut que le Québec parle d’une seule voix», souhaite M. Duhaime.
CE QU’IL A DIT SUR...
Les gains possibles pour le PCQ à l’élection :
«C’est dur pour nous d’évaluer. On sent la montée, mais la réalité va peut-être changer dans deux mois. C’est fragile notre affaire, ça se peut que ça s’effoire complètement.»
Son opposition à la nouvelle Charte de la langue française de la CAQ :
«Quand tu veux être PM du Québec, ton rôle c’est de protéger et promouvoir le fait français en Amérique. Mais je ne suis pas quelqu’un qui aime brimer les droits et les libertés, surtout après les deux années qu’on vient de vivre.»
Le saut à la CAQ de l’analyste politique Martine Biron :
«On ne peut pas empêcher quelqu’un de se présenter aux élections, mais sur le plan éthique, c’est douteux. Moi je me suis confié même sur ce qui se passait dans Chutes-de-la-Chaudière, alors c’est très décevant.»
Notre chef de Bureau parlementaire à Québec a réalisé des entrevues avec les chefs de parti à quelques jours du déclenchement officiel de la campagne électorale. Elles seront publiées une à une d’ici vendredi. Seul le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, a refusé notre invitation.
- Écoutez l’entrevue d’Alexandre Moranville avec Normand Mousseau, physicien et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier sur QUB radio :
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