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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Que révéleront les derniers documents secrets sur JFK rendus publics cette semaine?

De nouvelles preuves qu’Oswald n’a pas agi seul pourraient consolider la thèse du complot

Photo Reuters
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

23 mars à 1h
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La déclassification des derniers documents gardés secrets par l’État américain au sujet de l’assassinat du président John F. Kennedy, le 11 novembre 1963, révélera-t-elle des faits nouveaux? Certains experts croient que oui.

«Nous pourrions en apprendre sur les relations parfois tendues entre Kennedy et la CIA. Kennedy avait parlé de la démanteler, ce qui ne faisait pas l’affaire des services secrets», affirme Paul Bleau, un des experts mondialement réputés pour ses travaux sur l’assassinat.

Professeur au Cégep Champlain St-Lawrence de Québec, M. Bleau a consacré un nombre incalculable d’heures de ses temps libres à la documentation de cet événement historique. Ses articles ont été publiés chez les éditeurs américains reconnus et son livre, The JFK Assassination Chokeholds, sera bientôt disponible en français.

Il a été interviewé par le cinéaste Oliver Stone dans son documentaire réalisé en 2021, JFK Revisited.

Enfin!

Rappelons que dès 1992, le Congrès américain a pris la décision de lever le secret sur cet événement et de rendre publiques plus de 6 millions de pages de documents, photos, films, etc. Tout devait être terminé en 2017, mais les services secrets américains ont demandé une prolongation en raison des informations sensibles les concernant.

«Je crois que le président Trump a bien fait d’autoriser la divulgation de ces documents le 18 mars. Cela permettra aux chercheurs d’avoir enfin accès à toute l’information», lance M. Bleau qui préfère nettement ce décret présidentiel à celui qui hausse les tarifs frontaliers.

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«Oswald n’était pas seul»

Pour l’expert, les documents rendus publics pourraient apporter d’autres preuves irréfutables de ce dont il est convaincu depuis longtemps: Lee Harvey Oswald, qui a tiré sur le président, était manipulé.

«Je crois qu’il faut refaire les livres d’histoire des États-Unis où on présente le tireur comme un loup solitaire. Il n’a pas agi seul», soutient-il.

Très populaire auprès de la population américaine qui allait certainement le reporter au pouvoir, le 35e président des États-Unis hésitait à déclarer la guerre au Vietnam et résistait ouvertement à ses généraux militaires qui le pressaient d’attaquer la Russie à l’arme nucléaire.

La théorie du complot par les services secrets américains, qu’Oliver Stone soutient depuis plus de 30 ans, pourrait connaître un nouveau souffle. «Je crois qu’il faut prendre le temps de regarder attentivement ces documents», conclut M. Bleau qui a déjà commencé à les consulter.

L’assassinat de JFK, l’un des plus célèbres de l’histoire, a fait couler des tonnes d’encre depuis 62 ans. La décision du président Trump d’autoriser l’accès aux derniers documents classés secrets sur cette affaire devrait faire taire ceux qui croient que l’État américain leur cache quelque chose.

L’hypothèse soviétique

Pour le professeur de journalisme Marc Laurendeau, qui a rédigé un mémoire de maîtrise sur la violence politique à l’Université de Montréal dans les années 1970 et 1980, la piste soviétique ne doit pas être exclue. «Lee Harvey Oswald était connu pour son idéologie prosoviétique. Il avait résidé en Russie et avait même épousé une Russe. Il avait des contacts avec Cuba. C’est par idéologie qu’il a agi», croit-il.

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C’est la thèse soutenue par la Commission Warren, chargée de faire la lumière sur les circonstances du meurtre, en 1963. Au terme de près d’un an de travaux, le rapport de 888 pages conclut que le tireur a agi seul.

Tensions CIA-Kennedy

Selon ABC News, les nouveaux documents révèlent des tensions croissantes entre le président et la CIA. Une note de service de juin 1961 envoyée à Kennedy par son assistant, Arthur Schlesinger, «contenait de vives critiques à l'égard de l'agence d'espionnage». Celui-ci a également soutenu auprès de Kennedy que le recours de la CIA à des «sources américaines contrôlées» empiétait sur les fonctions traditionnelles du Département d'État. Selon lui, la CIA cherchait à «infiltrer la politique des alliés de l'Amérique».

Pourquoi tuer JFK?

Qui avait intérêt à éliminer le président américain? «C’est une question qui n’est pas encore tout à fait réglée», lance Paul Bleau qui participe à un projet international, avec d’autres chercheurs triés sur le volet, visant à régler une à une les questions fondamentales: qui a agi? Pourquoi? Comment? Il mentionne tout de même que les plans du président américain contrecarraient ceux de ses chefs militaires et de ses services secrets. «Si JFK n’avait pas été tué, il n’y aurait pas eu de guerre du Vietnam» a déjà affirmé Oliver Stone.

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