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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Que reproche-t-on au juste à Pascale Déry?

Photo d'archives, AGENCE QMI
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2025-02-20T16:30:00Z
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Ah, donc maintenant, demander des comptes, c’est de l’ingérence politique ? Voilà où on en est. Pascale Déry est accusée par les syndicats de porter atteinte à la liberté académique, tout ça parce qu’elle a osé... faire son travail.

Après avoir reçu plusieurs plaintes d’étudiants troublés par des tensions palpables sur les campus des collèges Dawson et Vanier, elle a eu le culot – tenez-vous bien –, de déclencher une enquête administrative. Scandaleux, n’est-ce pas? Elle aurait dû, comme tant d’autres avant elle, fermer les yeux, faire semblant que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Se boucher les oreilles en chantonnant pendant que les tensions montaient, c’est ça qu’on attendait d’elle?

Sa responsabilité

Non, elle a voulu savoir ce qui se passait réellement. Elle a cherché à comprendre les sources de ces tensions. Elle a choisi la transparence plutôt que l’omerta. Mais visiblement, en 2025, c’est un crime de lèse-majesté.

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On lui reproche d’avoir posé des questions sur un cours de français portant sur la Palestine, dans un contexte où le campus est à feu et à sang sur le sujet. Depuis quand poser des questions, c’est interdire un débat ? Depuis quand s’informer, c’est censurer ? On lui reproche de vouloir en savoir plus, d’aller au fond des choses. Parce que, voyez-vous, il aurait mieux valu qu’elle reste dans l’ignorance. Ignorance qui, apparemment, est le nouveau gage de neutralité.

Le vrai doute

Et puis, il y a cette insinuation perfide: son implication passée au CIJA, un organisme de défense des intérêts de la communauté juive, soulèverait des doutes sur son objectivité. On ne dit pas clairement que c’est sa religion qu’on lui reproche, mais l’ombre du soupçon plane. Ah, la belle hypocrisie! On tourne autour du pot, on parle «d’apparence de conflit d’intérêts», mais on sait très bien ce qui est sous-entendu.

Alors, soyons clairs: Pascale Déry a eu raison de déclencher cette enquête administrative. Elle a eu raison de poser des questions. Elle a eu raison de vouloir comprendre la situation pour offrir des campus sains où tous les étudiants – TOUS – peuvent étudier sans tensions et sans crainte.

Si faire preuve de rigueur et de transparence, c’est de l’ingérence politique, alors il va falloir revoir les dictionnaires. Parce que le vrai scandale, ici, c’est de lui reprocher de faire ce que trop de décideurs n’osent plus faire: affronter les problèmes au lieu de les ignorer.

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