Quand le Québec a tenté son «We Are The World» avec Céline Dion
Philippe Melbourne Dufour
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En 1984, Midge Ure et Bob Geldof ont changé le monde en lançant une ambitieuse campagne de levée de fonds pour venir en aide à l’Éthiopie, violemment touchée par la famine en Afrique de l’est.
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La campagne a culminé avec la sortie de la pièce Do They Know It’s Christmas, enregistrée par le super-groupe Band Aid, composé de toutes les plus grandes voix du rock et de la pop britannique comme Bono, Sting, George Michael et Boy George.
Ne voulant pas se faire surpasser par les Anglais, les Américains ont rapidement répliqué avec We Are The World, écrite par Michael Jackson et Lionel Richie. Le groupe USA for Africa a vraiment monté la barre en rassemblant toutes les stars emblématiques des années 80 comme Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Cyndi Lauper, Tina Turner et même Dan Aykroyd (le seul Canadien à avoir participé à la pièce).
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À partir de là, la game venait de changer. La famine pouvait être réglée à grands coups de tounes.
Renaud a écrit la pièce Éthiopie, qui fut endisquée par Chanteurs sans frontières quelques semaines plus tard. Parmi la chorale de vedettes françaises, on retrouve Julien Clerc, Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel et France Gall.
La Canada a rapidement suivi l’exemple avec le groupe Northern Lights mené par Bryan Adams. La pièce Tears Are Not Enough parue le premier mai 1985 continent même un passage en français livré par le célèbre trio composé de Véronique Béliveau, Robert Charlebois et Claude Dubois. Les ventes de la pièce ont généré plus de trois millions de dollars pour venir en aide à l’Afrique de l’est. 10% des profits ont été donnés à des banques alimentaires canadiennes.
C’était au tour du Québec de sauter sur la mode des tubes caritatifs.
Avec la pièce Les yeux de la faim écrite par le journaliste Gil Courtemanche, la belle province était enfin prête à faire sa part.
Le groupe Fondation Québec-Afrique fut fondé. Sauf quelques rares exceptions, tous les gros canons de la chanson québécoise ont accepté d’y participer. Daniel Lavoie, Beau Dommage, Jean-Pierre Ferland, Marjo, Yvon Deschamps, Dominique Michel, Louise Forestier, René et Nathalie Simard, Martine St-Clair et plusieurs autres.
Mais comme les États-Unis avaient Michael Jackson et le Canada avait Bryan Adams, le Québec avait aussi besoin d’une méga-vedette pour être le cœur et l’âme de la pièce.
C’est à une jeune chanteuse de 17 ans que revient cet honneur. On parle bien ici de Céline Dion, qui allait éventuellement devenir une des personnes les plus connues de la planète.
À l’époque, Céline était loin d’être la star qu’elle est aujourd’hui, mais sa carrière était tout de même en plein essor. Elle venait de faire paraître l’album Mélanie, qui contient le succès Une colombe. Elle avait aussi chanté pour le pape Jean-Paul II l’année précédente. On pouvait dire qu’elle avait le vent dans les voiles.
«Les enfants, les enfants qui nous regardent
Les enfants du destin, les enfants de la faim
Les enfants, les enfants qui nous regardent
Les enfants de demain, ils ont le droit de vivre»
Ces mots ont visiblement touché le public québécois car le tube s’est rapidement hissé au sommet des palmarès francophones du pays. Il est resté au premier rang pendant 7 semaines.
La pièce a même été nommée pour un Félix, mais elle a perdu aux mains de Corey Hart.
Ceci n’a pas été la dernière participation de Céline a une pièce du genre. En 2010, elle a fait partie des artistes qui ont repris We Are The World pour venir en aide à Haïti suite au tremblement de terre dévastateur qui a frappé le pays.
En 2019, Céline s’est aussi jointe au collectif Pour Renée Claude. Plusieurs des voix féminines les plus fortes du Québec s’étaient mises ensemble pour rendre hommage à la regrettée chanteuse Renée Claude, qui était à l’époque atteinte de la maladie d’Alzheimer. Les profits de la pièce ont été remis à la Fondation du CHUM.