Offensive concertée de la Ville, du Port et du gouvernement sur la qualité de l'air à Québec
Jean-Luc Lavallée | Journal de Québec
La Ville de Québec, le ministère de l’Environnement et que le Port de Québec ont annoncé, d’une étonnante voix commune, la mise en place de quatre nouvelles stations d’échantillonnage pour poser un diagnostic afin d’améliorer la qualité de l’air.
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Les autorités, qui se renvoyaient la balle dans ce dossier chaud depuis des mois, ont décidé de travailler main dans la main pour «le bien-être des citoyens».
Le ministre de l’Environnement Benoît Charette était assis à la même table que le maire Bruno Marchand et le pdg du Port de Québec, Mario Girard, jeudi matin.
«Je suis très heureux de cette démarche-là sous le leadership du maire de Québec (...) Ce qu’on veut, c’est rassurer les citoyens. C’est ça qui est important et qui nous guide dans cette démarche-là», a déclaré M. Girard, qui a accepté de partager les données des deux stations du Port et de prêter une station mobile à la Ville.
«Sur (la nouvelle norme de) nickel, notre position ne change pas mais ce qu’on annonce aujourd’hui, c’est vraiment une grande nouvelle. Jamais dans l’histoire de la Ville on est allés là», a déclaré le maire de Québec, promettant enfin un constat précis et «scientifiquement appuyé».
La nouvelle station du ministère de l’Environnement «à la fine pointe de la technologie» sera installée au 1011 de Vitré dans le secteur Maizerets, a précisé M. Charette. La Ville installera de son côté 3 nouvelles stations temporaires. Leur emplacement précis n’est pas encore été déterminé mais on vise Limoilou et la Basse-Ville.
Identifier les coupables
Au-delà du nickel, qui préoccupe beaucoup, des dizaines d’autres métaux sont dans la mire des autorités qui veulent identifier les contaminants mais surtout savoir une fois pour toutes d’où ils proviennent afin d’établir un plan d’action concret, par la suite.
Cette fois, les autorités sont confiantes d’identifier des sources grâce à des croisements de données et à une technologie utilisée par l’Institut national d’optique (INO) qui sera partenaire de cet effort concerté, tout comme l'Université Laval.
Le maire assure que la Ville et le Port assumeront leurs responsabilités s’ils sont pointés du doigt. «Je m’engage à dire les vraies affaires. La preuve, c’est que les données vont être publiques (...) Si c’est l’incinérateur, on ne se cachera pas. Si c’est le Port, il ne se cachera pas. C’est la qualité de l’air qui nous importe et qui est au-dessus de tout.»
Les donnés provenant d'un réseau de 75 capteurs installés dans Limoilou, dans le cadre d’une initiative citoyenne, seront également considérées dans le cadre de l’analyse.
Les premiers résultats de cette collaboration sont attendus d'ici la fin de l'année 2022.
Réactions à l’annonce
«C’est une nouvelle qui va tout à fait dans le bon sens. On ne la critique pas sur le fond (...) mais ça survient trop tard et on a travaillé à l’envers. On n’était pas prêts à augmenter la norme de nickel», conclut le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Claude Villeneuve.
Ce dernier salué la collaboration du Port et l’ouverture de la Ville pour l’utilisation des données recueillies par les citoyens. «Ça ne serait jamais arrivé s’il n’y avait pas eu un tollé», a-t-il exprimé.
Marcel Paré, de la Table citoyenne Littoral Est, estime lui aussi que les pressions populaires ont forcé les autorités à réagir. Il a salué la bonne foi et le leadership du maire sans qui «il ne serait rien arrivé». Il a toutefois invité l’administration Marchand à une «grande prudence» par rapport à ses nouveaux partenaires, le ministère de l’Environnement et le Port.
M. Paré estime que le ministre tente de gagner du temps en vue des élections et que le Port tente de «s’acheter une nouvelle crédibilité». Il rappelle que le ministère de l’Environnement n’a jamais donné un seul «ticket» au Port pour «tous les dépassements de nickel dans les 10 dernières années» et déplore que les données de l’ensemble des stations du Port ne soient pas toutes rendues publiques, comme celle de la baie de Beauport.