Transport en commun: Québec solidaire veut couper de moitié le prix des billets
Jean-Michel Clermont-Goulet
Dans un contexte de hausse du prix de l’essence et du coût de la vie, Québec solidaire demande au gouvernement de baisser de 50% les tarifs de transport en commun d’un bout à l’autre de la province, comme le fera le gouvernement de la Nouvelle-Zélande dès avril.
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Dans une lettre envoyée au ministre des Transports François Bonnardel, dont le 24 heures a obtenu copie, la députée solidaire Catherine Dorion demande à la CAQ de financer les sociétés de transport pour leur permettre de couper de moitié leurs tarifs «sans que cela ait d’incidence sur leurs capacités budgétaires ».
«Cela nous permettrait non seulement d’aider la population à faire face à la hausse du prix de l’essence, mais aussi de réduire nos émissions de GES liées au secteur des transports et d’inciter un plus grand nombre de Québécois à faire le choix du transport en commun dans leurs déplacements quotidiens», écrit la porte-parole solidaire en matière de Transports.
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Faisable, au Québec?
Selon la députée de Taschereau, trancher en deux les tarifs de transport en commun est réalisable. Québec solidaire proposait d’ailleurs déjà cette mesure dans sa plateforme électorale de 2018.
«C’est le problème qu’on a avec tout ce qui est transport en commun et environnement: il y a des coûts à ne pas développer le transport en commun en général, à ne pas inciter les gens à l’utiliser et à améliorer l’achalandage», dit-elle, ajoutant que les coûts sont notamment environnementaux.
À savoir où le parti irait piger dans les coffres de l’État pour financer cette mesure, Catherine Dorion martèle qu’il s’agit d’un choix politique, précisant qu’actuellement, le gouvernement de François Legault avait l’intention de mettre de l’argent pour élargir «une flopée d’autoroutes» et pour bâtir le controversé troisième lien.
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«Il faut entretenir ce qui est déjà là, comme il faut. L’argent qui s’en va dans tous ces projets d’élargissement doit être mis dans les transports en commun», lance la solidaire.
Questionné lundi sur la possibilité d’emboiter le pas à la Nouvelle-Zélande, le cabinet du ministère des Transports nous avait envoyé au 24 heures une réponse générique. «Notre gouvernement est très sensible à l’inflation et à la hausse du coût de la vie, qui se fait surtout sentir pour l’épicerie et l’essence. Nous annoncerons des mesures afin d’aider les Québécois à faire face à cette situation, lors du budget du 22 mars prochain», pouvait-on lire dans le courriel du cabinet.
La facture refilée aux contribuables
L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui gère la tarification du transport collectif dans le grand Montréal, nous avait de son côté indiqué qu'il n’était pas prévu de réduire de moitié la contribution des usagers.
«Il n’y a pas de discussion en ce sens. Les efforts actuels vont dans la révision des postes de dépenses afin de maximiser l’impact de chaque dollar investi pour améliorer le service aux citoyens», nous a indiqué Simon Charbonneau, porte-parole pour l’organisation, précisant que le fonds d’investissement national en transport en commun de la Nouvelle-Zélande n’a pas d’équivalent au Québec.
Réduire de moitié la contribution des usagers représenterait près d’un demi-milliard de dollars de manque à gagner la première année seulement, indique-t-on.
Du côté de l’organisme Trajectoire Québec, «ce n’est pas une option qu’on aime beaucoup», affirme la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon. Du moins, pas à l'intérieur des villes desservies par des sociétés de transport publiques
«Ça peut certainement ramener les gens dans le transport collectif, mais je ne pense pas que c’est une option réaliste au Québec, où les revenus sur les tarifs représentent 30 et 35% des revenus des sociétés de transports. Si on coupe là-dedans, quelqu’un d’autre devra éponger la facture et devra avoir la marge de manœuvre financière pour le faire.»