Le ministre de l’Environnement du Québec roule à l’essence
Vincent Larin
Faute de véhicules hybrides disponibles, le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, se déplace dans une voiture à essence depuis 18 mois.
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«J’en avais un [véhicule hybride], mais il a été retiré pour des ennuis techniques, de l'ordre purement mécanique. On m’en a fourni un à essence, actuellement, et on m’en promet un hybride dans les prochaines semaines», a-t-il indiqué mercredi.
Cette révélation est survenue en marge d’un échange avec les journalistes au sujet du projet de loi qu’il a déposé mardi et qui prévoit la fin de la vente de véhicules à essence neufs au Québec à compter de 2035.
Questionné sur la possibilité d'avancer cette échéance à 2030, une demande de Québec solidaire, Benoit Charette a évoqué de possibles enjeux d’approvisionnement avant de fermer la porte.
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«Il faut s’assurer, avec les constructeurs, avec les États voisins, qu’on puisse avoir un approvisionnement constant [en véhicules électriques ou hybrides], parce qu’à partir du moment où on l’interdit, mais qu’il n’y a pas suffisamment de véhicules disponibles, on ne s’aide pas non plus», a-t-il expliqué.
Déjà, en fixant l'échéance à 2035, Québec est plus ambitieux que le gouvernement fédéral et les autres provinces, qui visent 2040, a-t-il également fait valoir.
Manque d’ambition, dit QS
Or, si l’interdiction de la vente de véhicules à essence en 2035 est un premier pas nécessaire du gouvernement Legault, Québec solidaire appliquerait cette mesure dès 2030, voire plus tôt.
«Ça manque un peu d’ambition. Le ministre [de l’Environnement, Benoit Charette] ne fait que son train-train habituel et opte pour 2035 alors qu’il aurait dû minimalement y aller pour 2030», a lancé Manon Massé, co-porte-parole du parti.
Elle rappelle que plusieurs rapports scientifiques ont déjà démontré qu’il restait moins de 10 ans aux gouvernements de la planète pour prendre des mesures dans l’espoir de limiter à environ 1,5 degré l’augmentation des températures du globe.
«Plus ça va, plus je suis en train de me dire que 2030, ça commence à être tard», a-t-elle ajouté.
Si le projet de loi du ministre Benoit Charette est adopté, il sera toujours possible d’acheter des véhicules d'occasion au-delà de 2035, mais tous ceux qui seront vendus neufs devront être électriques ou hybrides. Une exception persisterait pour le secteur commercial et industriel.
Le PQ demande l'indépendance
Le porte-parole du Parti québécois Sylvain Gaudreault est quant à lui venu réclamer l’indépendance de la province en matière d’environnement.
Il demande entre autres au gouvernement Legault de réclamer à Ottawa les pleins pouvoirs en matière de lutte contre les changements climatiques et le transfert de toutes les sommes qui y sont rattachées.
La 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), qui se tiendra à Glasgow, en Écosse, du 31 octobre au 12 novembre, serait l’occasion idéale pour adresser ces demandes au premier ministre du Canada, Justin Trudeau, estime Sylvain Gaudreault.