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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

QS c. PQ: la zizanie nationale pour la Saint-Jean!

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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2023-06-20T09:00:00Z
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Les partis se déclarant souverainistes, le Parti Québécois et Québec solidaire, s’entredéchirent sur la place publique à l’approche de la Fête nationale. 

• À lire aussi: Le PQ refuse de participer à la Fête nationale en raison de l'animateur Émile Bilodeau

La raison: la nomination, comme animateur principal du spectacle annuel, du chanteur Émile Bilodeau. Le Mouvement national des Québécois (MNQ) est responsable de cette décision.

Hypersensibilités

Bilodeau a dans le passé eu des mots acerbes à l'endroit du PQ, mais aussi de la loi 21 sur la laïcité de l'État. François Legault lui-même l'a déjà dénoncé. Une partie du camp nationaliste se trouve donc mal à l'aise, voire insultée, face au rôle central accordé, le 24 juin, à l'iconoclaste baladin.

C'est ce qu'a fait savoir la porte-parole (non élue) péquiste Méganne Perry Mélançon hier, jugeant que le MNQ avait «manqué de jugement, allant ainsi à l’encontre des principes de base qu’ils ont eux-mêmes énoncés». Notamment que l'animateur du spectacle soit non partisan. Bilodeau, en effet, a carrément fait campagne pour QS en 2022.

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Ici, le PQ actuel me semble excessivement sensible: qu'un artiste militant ouvertement pour un parti politique soit une des figures de proue du spectacle de la Saint-Jean, ça s'est très souvent vu dans le passé! Mais jadis, l'artiste en question était proche du PQ. Pensons à Gilles Vigneault, à une certaine époque. À Pierre Curzi, plus récemment.

Prisme américain

Cependant, les protestations de Perry Mélançon, et sa décision de bouder la soirée de la Fête nationale, s'expliquent mieux lorsqu'on examine les critiques de Bilodeau.

Même si Perry Mélançon n'a jamais formellement réclamé que l'on congédie Bilodeau, ce dernier a tout de suite assimilé les critiques de la péquiste à l'extrême droite américaine: «Si vous voulez me canceler, je vous propose d’aller voir ce que font les Républicains aux US.» Toujours cette volonté d'assimiler une partie des nationalistes québécois à un extrême sulfureux.

Commode

La critique du nationalisme est nécessaire, puisqu'il peut déraper.

Mais pour des raisons politiques, voire électorales, il peut être bien commode, pour les qsistes, de noircir à l'excès les défendeurs de la laïcité à la québécoise et critiques de certaines politiques d'immigration. Cela leur permet de dépeindre leur adversaire comme une sorte de Meute inquiétante.

Ruba Ghazal, de QS, a carrément soutenu récemment que PQ et Bloc ostracisaient les immigrants! Comme si ces deux partis étaient foncièrement xénophobes ou racistes.

Autrement dit, ce qui domine ici chez Bilodeau comme chez QS, c'est la «logique des anathèmes, des mises en demeure, des condamnations a priori», pour reprendre les mots de l'essayiste Pierre Mouterde.

Un des fondateurs de QS, Mouterde a lui-même dénoncé, dans un essai éclairant en 2019 (Les impasses de la rectitude politique, Varia), la manière dont son parti avait fait volte-face sur la laïcité, notamment sur l'interdiction des symboles religieux par des personnes en autorité.

Tous les défenseurs de cette position furent alors, raconte Mouterde, assimilés à «“des Blancs, machistes et racistes”. Plus réducteur et stérile que cela, tu meurs!» pestait-il.

On pourrait en dire autant de l'actuelle querelle QS c. PQ.

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