Puissante préparation hallucinogène: on comprend mieux comment l’ayahuasca modifie le cerveau
Gabriel Ouimet
Expérience de mort imminente, puissantes hallucinations, contact avec des êtres de dimensions supérieures, voyages dans des réalités parallèles: les effets rapportés par les consommateurs d’ayahuasca seraient provoqués par de profondes transformations dans le cerveau, révèlent les images les plus avancées du cerveau humain sous l’effet de la substance.
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Des recherches menées par une équipe de scientifiques du Imperial College London permettent en effet de mieux comprendre comment la diméthyltryptamine (DMT), la substance psychédélique présente dans l’arbuste utilisé pour faire l’ayahuasca, affecte le cerveau humain.
L'ayahuasca est une puissante et populaire préparation hallucinogène concoctée à partir de plantes qui poussent principalement en Amazonie. Le breuvage est tellement puissant que plusieurs utilisateurs rapportent des expériences qui modifient considérablement leur vision de la vie, souvent de manière durable.
Dans le cadre de leurs recherches, les chercheurs ont donné une injection de 20 mg de DMT à 20 volontaires, puis un placebo lors de séances subséquentes.
À l'aide de l'électroencéphalographie (EEG) et de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRM), les scientifiques ont enregistré l'activité cérébrale des participants avant, pendant et après l'administration de la drogue. Les volontaires ont aussi fourni des informations sur l’intensité de l’expérience vécue après avoir consommé la puissante substance.
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Des régions du cerveau qui se fondent ensemble
Les données révèlent de profonds changements sur l'ensemble du cerveau, particulièrement dans les zones les plus évoluées chez l’humain, qui jouent un rôle dans la planification, le langage, la mémoire, la prise de décisions complexes et l'imagination.
Les régions cérébrales à partir desquelles on conçoit la réalité se mélangent et deviennent hyperconnectées, ce qui rend les communications entre elles plus chaotiques, mais aussi plus fluides, selon les chercheurs.
Plus la dose prise est élevée, plus l’intensité de l’expérience est forte et plus des zones cérébrales sont hyperconnectées.
Les chercheurs ont également remarqué que les rythmes du cerveau, qui remplissent une fonction essentiellement inhibitrice et contraignante, s'effondrent sous l’effet du DMT.
Possiblement utile pour traiter la dépression
Au-delà de l’expérience psychédélique, la capacité du DMT à rendre l'activité cérébrale plus fluide pourrait être utile pour traiter la dépression, affirment les chercheurs.
«Le DMT a une courte durée d'action, ce qui en fait un outil très souple par rapport à la psilocybine (l'ingrédient actif des champignons magiques) et au LSD, dont l'effet peut durer de six à dix heures», explique Chris Timmermann, chef du groupe de recherche sur le DMT qui a mené l’expérience.
L’ayahuasca n’est cependant pas à prendre à la légère. Une dizaine de touristes, dont des Canadiens, sont morts après en avoir consommé dans les dernières années, notamment au Pérou.