Psycho: je n’ai pas d’amis
Samuel Pradier
Se faire des amis semble facile pour certaines personnes, alors que d’autres semblent incapables de tisser des liens sociaux et amicaux durables. Pourtant, l’amitié contribue à l’épanouissement personnel, la joie de vivre et à la stabilité mentale dans les moments plus difficiles.
Dans la mi-trentaine, Jordane a récemment fait le constat qu’elle n’avait pas de véritable ami sur qui elle pouvait compter. «J’avais deux amies au secondaire, explique-t-elle. Je les croise de temps en temps, mais ce n’est plus pareil. Je suis partie de Sorel pour faire mes études à Sherbrooke, une autre est allée à Québec. Et j’habite maintenant à Montréal.»
Depuis qu’elle a quitté le collège, Jordane n’a jamais tissé de nouveaux liens sociaux. Chargée de recrutement dans une grande entreprise, elle côtoie néanmoins beaucoup de monde. «J’ai un semblant de vie sociale avec mes collègues, et je rencontre énormément de gens dans le cadre de mon travail. Mais ces contacts ressemblent à des "amis Facebook", c’est juste du superficiel, sans attachement ni complicité.»
Elle n’arrive toutefois pas à expliquer comment elle s’est retrouvée dans cette situation. «J’ai changé plusieurs fois de ville, je suis assez timide, et je n’aime pas beaucoup sortir dans les bars et les clubs. Je sais que ce sont des endroits qui favorisent les contacts sociaux.»
Jordane ne vit pas mal son absence d'amis, même si elle avoue au détour d’une phrase que la solitude peut parfois être pesante, notamment durant la pandémie.
Manque de lien social
À 15 ans, Simon ne sait toujours pas ce que c’est d'avoir un ami. «Au primaire, j’avais un copain qui aurait pu devenir mon ami, mais j’ai changé d’école. Depuis, je n’ai pas d’amis, et je n’en cherche pas forcément. En fait, j’ai peur d’aller vers les autres.»
Le manque de confiance en soi semble le problème majeur de Simon pour tisser des amitiés avec les autres jeunes de son âge. «J’ai peur de ne pas être intéressant, avoue-t-il à demi-mot. Je ne sais pas quoi dire pour entrer en contact avec les autres, j’ai peur qu’ils rient de moi, ou qu’ils ne soient juste pas intéressés à me parler.»
Simon ne reste toutefois pas dans son coin, il est membre de la troupe de théâtre de son école et fait du karaté dans un club depuis deux ans. Mais sa timidité et sa peur du rejet l’empêchent d’avoir des contacts sociaux plus étroits avec les autres.
«Mon défi pour mon secondaire 4 est de me faire au moins un ami d’ici l’été prochain. J’aimerais bien avoir un ami pour aller à La Ronde ou au cinéma. Mais ça reste difficile.»
Comment se faire des amis?
L’amitié est un facteur très important de bien-être et de développement personnel, surtout pour les jeunes qui vont ainsi pouvoir se développer par mimétisme. Mais il n’y a pas de recette miracle pour se faire des amis. La première chose est de se montrer ouvert et avenant.
«Quand on veut nouer des contacts, il faut être attentif à son expression non verbale, à son allure, son corps, ses gestes, explique Valérie Oziat, coach en développement personnel. Ensuite, il faut ouvrir les yeux et aller vers les gens qui semblent sympathiques.»
L’humour et le rire sont des vecteurs qui permettent de créer des liens rapidement. Il faut aussi écouter l’autre, savoir se centrer sur ses intérêts et les valoriser. L’amitié fonctionne selon le principe de la réciprocité. Si vous savez écouter, il y a de fortes chances que l’autre vous écoute aussi à votre tour, ce sera le moment de savoir montrer sa sensibilité. En toute circonstance, l’authenticité sera un facteur gagnant.