Psycho : comment sauver son couple
Mélanie Bergeron
Quand des partenaires se heurtent à des conflits importants ou perpétuels, qu’un climat de tension s'installe et ternit le lien, que la confiance s'effrite ou que le quotidien éloigne, une aide extérieure peut permettre aux partenaires de trouver plus de clarté conseille une sexologue*.
• À lire aussi: PSYCHO: Comment bien communiquer?
• À lire aussi: Les 5 langages de l'amour ou le secret des couples qui durent
En effet, les divergences de priorités ou de valeurs donnent parfois lieu à des échanges émotifs et difficiles pouvant être facilités en consultation.
Les meilleurs conseils pour sauver son couple
« D'abord, partez avec la prémisse qu'il vaut mieux prévenir que guérir, c'est-à-dire de ne pas avoir peur des conflits du quotidien », conseille la sexologue Émilie Chantal Tremblay.
Il faut savoir reconnaître la présence de violence et la différencier du conflit. Cet article s’intéresse à la gestion des conflits. Dans tous les cas, l’accompagnement psychosociale peut vous aider à mieux vous connaitre et à transcender des difficultés :
- Identifier et nommer ses émotions et en prendre la responsabilité. Par exemple, nommer : « je suis en colère en ce moment ».
- Prendre un pas de recul pour se calmer et informer l’autre du moment où on reviendra pour poursuivre la discussion. Les réactions impulsives contribuent souvent à une escalade ou à une détérioration de la situation. Il suffit de dire, par exemple: « Je vais sortir prendre de l’air et revenir dans 30 minutes pour poursuivre dans le calme. »
- Se réguler émotionnellement. Se donner le droit de vivre pleinement ses émotions. Oui oui, même les moins belles! Pleurer, ventiler, écrire, faire de l’art, marcher en forêt, courir, méditer... C’est à chacun de trouver ce qui l’aide à accueillir l’inconfort avec bienveillance et extérioriser le trop plein. Ainsi, le retour à l’autre dans un état plus serein et disponible est favorable à une meilleure gestion de conflits.
- Identifier ses émotions et son besoin non comblé. Par exemple, si vous avez peur, c’est peut-être que vous avez un besoin de sécurité. Si vous vivez de la colère, c’est peut-être que vous avez un besoin de considération ou de respect qui ne sont pas comblés. S'il s'agit plutôt de tristesse, c’est peut-être parce que vous êtes blessé·e par les gestes ou les paroles de l’autre (ou l’absence de gestes ou de paroles espérés). Attention aux erreurs de pensées et d'interprétations que nourissent les petits hamsters dans nos têtes!
- Prendre la responsabilité de ses besoins et identifier des pistes de solutions.
- S’exprimer avec respect et bienveillance. Par exemple, « quand tu ne fais pas ta vaisselle le jour même, je me sens frustré·e, car j’ai besoin de vaisselle propre pour le prochain repas et que je dois la faire pour cuisiner et manger ». « Je me sens submergé·e », « je me sens dépassé·e », « je me sens désorganisé·e », « j’ai besoin d’établir une meilleure distribution des tâches domestique », « j’ai besoin de considération », « j’ai besoin de reconnaissance », « j’ai besoin de plus de temps pour mes loisirs » sont autant d'affirmations possibles.
- S’ouvrir à l’autre, faire preuve d’empathie, de non jugement, de curiosité et d'écoute active. Quel est le vécu de ma ou de mon partenaire? Comment l’autre vit, perçoit la situation? Invitez-le/la à s'ouvrir en lui disant : « J'aimerais t’entendre », « Qu’est-ce qui se passe pour toi? », « Comment reçois-tu ce que je viens de dire? », « Comment te sens-tu? ». Les questions ouvertes sont à privilégier.
- Proposer des pistes de solutions, des attentes claires et des limites. Il se peut que l’autre ne réponde pas à notre besoin. On ne contrôle pas les autres. Il faut alors se demander: « Est-ce que je peux vivre avec ce comportement (ou son absence)? ». « Est-ce que je peux répondre à mon besoin autrement? ». Les pensées limitantes comme « le tout ou rien » peuvent nous maintenir dans une spirale sans fin ou nous priver de découvrir des avenues satisfaisantes et émancipatrices. C’est pourquoi il peut être aidant d’élargir son champ de vision en empruntant un nouveau regard sur une situation « x ».
S’il vaut mieux prévenir que guérir, ne sous-estimons pas le pouvoir de la réparation!
Selon Mme Tremblay, il est primordial de contribuer à son capital de bonheur à deux. Comment? En mettant en pratique ces gestes tout simples qui peuvent faire une réelle différence dans un couple au quotidien :
● Remarquer les « glimmers » (contraire des « triggers » tiré de l’anglais pour parler des petits plaisirs tout simples comme mettre son nez dans le cou de son partenaire ou partager un café au lit. Ce sont de petites choses accessibles sécurisantes qui nous apaisent comme observer un lever de soleil ou sentir le sol sous nos pieds nus en été);
● Investir la séduction dans le quotidien;
● Créer de petits rituels;
● Partager des activités et projets communs;
● Être attentionné et démontrer son affection;
● Exprimer de la reconnaissance et les merci sincères;
● Écouter sa voix intérieure versus le hamster dans ta tête;
● Les excuses senties et la responsabilisation de ses actes;
● Favoriser un climat sécuritaire et sécurisant de respect mutuel;
● Entretenir des activités, amitiés, opinions, croyances propres à soi;
● Entretenir des liens égalitaires ou équitables versus hiérarchiques l’un avec l’autre;
● Être cohérents dans nos gestes et paroles;
● Se révéler mutuellement;
● S’offrir temps et présence;
● Se donner des occasions pour s’ennuyer l’un de l’autre;
● Prendre soin de soi;
● Respecter ses limites et celles de l’autre.
Comment savoir si on veut sauver son couple
Si vous vous demandez si une relation en vaut vraiment la peine? Référez-vous à vos émotions et vos sensations. Elles sont l’aiguille de votre boussole intérieure. Les valeurs personnelles et relationnelles, guident quant à elles, l’orientation de nos choix!
« La sélection de partenaire, si elle s’appuie sur nos valeurs, des projets communs et notre ressenti, permet d’établir les bases de la relation. Il peut arriver naturellement, dans l'impermanence des choses, que les besoins, priorités de l’un comme de l'autre évoluent et se transforment au cours des années », ajoute celle qui offre des services de soutien et d’accompagnement sexologique dans le but d’aider les personnes souhaitant rétablir, maintenir ou améliorer leur santé sexuelle.
Il s’agit alors d’une opportunité pour le couple de faire le point de se réaligner ou de choisir une nouvelle direction, dans le respect des personnes concernées.
Le point de non-retour dans un couple
S’il y a de la violence dans une relation de l’aide psychosociale peut être nécessaire. Il s’agit là du plus grand marqueur de non retour, même si bien d’autres éléments peuvent mener des personnes à franchir un point d’éloignement irréconciliable.
- La violence psychologique (manipuler, mentir, faire du chantage, menacer, isoler, humilier, s’en prendre à ce qui est précieux pour l’autre...)
- La violence verbale (insulter, dénigrer, faire des attaques personnelles...)
- La violence financière (voler, contrôler, priver...)
- La violence sexuelle (insister, forcer, imposer, harceller)
- La violence physique (frapper, pousser, menacer avec des objets ou des armes...)
« Le seuil d’éloignement peut varier d’un individu, d’un couple ou d’une société à l’autre », conclut Mme Tremblay.
Enfreindre les règles de la configuration relationnelle, c’est à dire transgresser les limites ou balises dont s’était doté le couple, le mensonge ou la trahison, sont généralement évoqués comme des motifs de rupture du lien même quand la séparation officielle n’est pas envisageable.
Le bris de confiance vient ébranler le sentiment de sécurité et la stabilité de l’union pouvant avoir un fort impact sur la santé psychologique des différents partis.
N'hésitez jamais à communiquer avec SOS violence conjugale si vous en ressentez le besoin.
Comment savoir quand il est temps de se séparer
Une relation peut se transformer. Comme a déjà si bien dit Ester Perel, « dans une vie, on peut avoir plus d’une relation. Pour certains, il s’agira de plus d’une relation avec la même personne ».
Il est propre à chacun·e de reconnaître ses limites et de peser les pours et les contres de poursuivre ou non la relation. La ligne est fine entre persévérance et acharnement.
Enfin, n’attendez pas que la santé du couple s'épuise pour faire la mise au point ou voir à faire le plein tout comme vous faites des dépôts réguliers à votre compte en banque ou faites le plein d’essence de votre voiture!
Il n’y a pas de honte à consulter en santé psychosociale et sexuelle, pas plus qu’il serait gênant d’aller chez le dentiste ou de faire l'entretien de votre jardin à l’arrivée du printemps.
À propos d'Émilie Chantal Tremblay
C’est avec bienveillance, sensibilité et aisance qu’Émilie Chantal Tremblay offre des services de soutien et d’accompagnement sexologique dans le but d’aider les personnes souhaitant rétablir, maintenir ou améliorer leur santé sexuelle.
Bien qu’elle soit polyvalente, elle s’intéresse particulièrement à l’intimité, aux relations amoureuses et affectives, à la recherche de partenaire·s, la communication, la rupture, le deuil, le vieillissement, le vécu de violence sexuelle ainsi qu’aux douleurs ou inconforts lors des relations sexuelles.
Elle accompagne également des parents dans l’éducation à la sexualité de leurs enfants. Pour prendre rendez-vous, communiquez avec la Clinique Convergence ou directement avec elle via son site Web.