Propos injurieux d’un chargé de cours: Il «a le droit de dire des conneries à l’extérieur de sa salle de classe»
TVA Nouvelles
Le chargé de cours de l’Université de Montréal ayant été filmé en train d’injurier des étudiants juifs mercredi doit-il être sanctionné? Les panélistes de La Joute en débattent.
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De vives altercations ont pris place hier à l’Université Concordia lorsque deux groupes, l’un pro-palestinien, l’autre pro-israélien, ont tenu des activités au même moment.
La tension a monté entre les deux groupes, à tel point que des coups ont même été échangés. La police de Montréal a procédé à l’arrestation d’une jeune femme de 22 ans.
Or, parmi les cris, ceux d’un homme retiennent l’attention jeudi, soit ceux de Yanise Arab, un chargé de cours à l’Université de Montréal.
«Sharmuta! [pute en arabe] Go back to Poland! [retourne en Pologne]», aurait-il lancé à une étudiante d’un autre kiosque lors des échanges, faisant ainsi référence au pays où ont pris place la majorité des camps de concentration lors du génocide juif.
«C’est totalement inacceptable, et ça doit être sanctionné. J’imagine que des enquêtes sont en cours à l’Université Concordia. Un chargé de cours, c’est une personne en position d’autorité. Il n’a pas le statut de professeur, mais quand même, il enseigne à des étudiants. Je ne pense pas qu’on doit avoir de tolérance pour ça parce que ça attise la haine une fois de plus», tranche l’analyste Elsie Lefebvre.
- Écoutez l'entrevue avec Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur au micro de Mario Dumont sur QUB radio :
Université Concordia, 2023 :
— Le CIJA (@CIJAQC) November 8, 2023
Des étudiants juifs physiquement attaqués et traités de « kike » (équivalent pour les juifs du mot en n).
La haine doit cesser.@ecijaq #polqc #antisémitisme #polmtl pic.twitter.com/IPzQ3XWCaA
Le jouteur Mathieu Bock-Côté est toutefois en désaccord avec sa copanéliste. Il craint en effet que cette sorte de police des discours sociale ne dégénère.
«J’ai pas fait carrière à l’extrême gauche, mais un professeur qui dit des conneries à l’extérieur de sa salle de classe a le droit de dire des conneries à l’extérieur de sa salle de classe», argue-t-il.
«Si dans ses cours il commence à tenir des propos haineux, ça, c’est tout autre chose. Mais si on se met à sanctionner des individus pour leur travail en fonction des saloperies qu’ils disent à l’extérieur de leur salle de classe, je me méfie de cette police des propos», poursuit-il.
M. Bock-Côté plaide ainsi pour une distinction claire entre l’individu et le professionnel afin d’éviter que la grogne populaire ne donne le ton.
«Là-dessus, je suis un maximaliste de la liberté d’expression et en ces matières, même les propos les plus abjects, je préfère les tolérer que de les réprimer. Ça, c’est une position de principe. Et par ailleurs, ça ne veut pas dire qu’on ne condamne pas absolument les propos de cet homme, ça veut dire que si on se lance à la chasse à l’emploi de tous ceux qui disent des choses qui nous révoltent, on va se mettre à vouloir virer beaucoup de monde», prévient-il.
Le répertoire professoral du site web de l’Université de Montréal indique que M. Arab donne le cours «Dominations et résistances dans le monde arabe». Il a fait sa thèse doctorale sur «les migrations algériennes en Palestine à l’époque coloniale», indique par ailleurs son profil LinkedIn.
Écoutez l’avis complet des panélistes de La Joute dans la vidéo au début de l’article.