Norme anticorruption pour CDN-NDG: un projet réalisable, mais le climat actuel n’est pas optimal
Elsa Iskander | Agence QMI
Selon un rapport d’une firme indépendante, le climat actuel dans l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce n'est pas propice à l'implantation d'une norme anticorruption. Malgré cela, la mairesse Sue Montgomery espère toujours aller de l’avant avec ce projet.
Elle aura besoin toutefois de l’aval des autres conseillers si elle souhaite obtenir la certification ISO 37 001, dite norme «anticorruption», qui aide les organisations à prévenir, détecter et traiter des problèmes de corruption. Cet appui n’est pas acquis pour le moment.
La Commission sur les finances de l’hôtel de ville de Montréal, incluant des élus de l’administration Plante et de l’opposition, s’était prononcée unanimement contre l’implantation de cette norme à la Ville, évoquant les ressources requises ainsi que l’existence déjà établie de plusieurs mécanismes anticorruption.
Diagnostic
L’été dernier, l’arrondissement CDN-NDG a demandé à la firme Gestion Jean Bourdeau de faire un diagnostic de sa propre situation, afin de mesurer des écarts avec les exigences de la norme anticorruption.
«Les mesures adoptées par la Ville de Montréal suite à la Commission Charbonneau ainsi que la mise sur pied du Bureau du Contrôleur général et du Bureau de l’Inspecteur général font en sorte que les mœurs administratives et financières ont contribué à assainir les processus contractuels et d’acquisition», note le rapport produit en octobre dernier.
Malgré cela, «les risques de corruption sont toujours présents et nécessitent une vigilance constante de la part des administrateurs et des élus», peut-on lire dans le rapport obtenu par le «24 Heures».
L’arrondissement avait été éclaboussé par des scandales de corruption, l’ex-maire de CDN-NDG Michael Applebaum ayant notamment été jugé coupable d’avoir touché des pots-de-vin.
Selon l’analyse faite, l’implantation d’un «système de management anticorruption» dans l’arrondissement est réalisable dans un délai de 18 à 24 mois, moyennant la coopération de la ville-centre.
«Cependant, nous notons que présentement, le climat des relations entre la mairesse et la direction administrative de l’arrondissement n’est pas optimal pour entreprendre une telle démarche», constatent les experts.
Mme Montgomery est à couteaux tirés avec son directeur d’arrondissement depuis des mois. L’an dernier, le Contrôleur général de la ville avait critiqué le climat de travail et un «aveuglement volontaire» de la mairesse. Cette dernière rejette ces accusations; elle a été éjectée du caucus de Projet Montréal depuis et siège comme indépendante.
Redonner confiance
«Il n’y a pas de preuve de corruption ou de collusion, mais il manque quelques éléments pour prévenir la corruption», dit Mme Montgomery, au sujet du rapport de la firme Gestion Jean Bourdeau. «Mon but c’est de donner confiance à la population» et de rassurer les citoyens voulant que «leur argent soit dépensé de façon responsable».
Rappelant l’historique passé de corruption, elle estime qu’il vaut la peine de procéder avec la certification ISO 37 001. «C’est pas très cher pour (donner) cette confiance» aux citoyens. Une telle démarche peut aussi contribuer au bon moral du personnel, estime la mairesse. «J’ai beaucoup de confiance dans nos fonctionnaires, mais je pense que c’est difficile pour eux de penser que la population n’a pas assez de confiance», a-t-elle dit.
Parmi certaines lacunes soulevées dans le rapport, mentionnons l’absence d’une politique spécifique anticorruption et un manque d’évaluation des risques de corruption pour l’arrondissement.