Du délestage pour vacciner cet automne?
Patrick Bellerose | Bureau parlementaire
Devant l'adoption incertaine du projet de loi sur la fin de l'urgence sanitaire, le ministère de la Santé prépare un plan de délestage qui permettrait de mener une nouvelle campagne de vaccination massive l’automne prochain, sans l’apport des nombreux volontaires de la plateforme Je Contribue.
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La sous-ministre du ministère de la Santé, Dominique Savoie, a fait parvenir une lettre aux PDG des CISSS et des CIUSSS pour leur demander de trouver du personnel capable de remplacer les volontaires qui ont participé aux récentes campagnes de vaccination contre la COVID-19, advenant l’échec du projet de loi 28.
Présentement à l’étude, celui-ci permettrait de continuer d’utiliser divers corps de métier pour les campagnes de vaccination, en plus de faire appel à des travailleurs occasionnels sans devoir les embaucher sur une base permanente. Sans ces nouveaux pouvoirs, Québec devra faire appel uniquement aux employés du réseau de la santé pour faire face à nouvelle vague.
« Nous sommes conscients que, dans l’éventualité où le projet de loi 28 devait ne pas être adopté, des activités devront être délestées afin de dégager le personnel requis pour assurer le dépistage et la vaccination, ce qui engendrerait des impacts sur l’offre de soins et de services offerts à la population », écrit Mme Savoie dans cette lettre datée du 9 mai, dont le Journal a obtenu copie.
Le projet de loi 28, dont l’étude détaillée débute mercredi à Québec, fait face à un barrage des oppositions. Le gouvernement Legault, majoritaire, pourrait techniquement en forcer l’adoption, mais exclut cette avenue pour le moment. « On n’est pas dans une logique de bâillon », affirme une source gouvernementale.
Pouvoirs spéciaux
Dans sa lettre, la sous-ministre Savoie affirme qu’une campagne de vaccination nécessite 5 210 personnes à temps complet pour une durée de douze semaines. Elle demande donc aux PDG d’identifier les employés temporaires qui pourraient soit devenir permanents ou contribuer plus d’heures, de même que le personnel régulier qui devra être débauché pour travailler sur la campagne de vaccination.
Présentement, une vingtaine de profession peuvent participer aux campagnes de vaccination (notamment les vétérinaires et les acupuncteurs) en raison des arrêtés ministériels adoptés sous l’état d’urgence.
En temps normal, seuls cinq types de professionnels peuvent vacciner, soit les médecins, les infirmières, les infirmières auxiliaires, les pharmaciens et les inhalothérapeutes.
Mal accueilli
Depuis son dépôt, le ministre de la Santé, Christian Dubé, affirme que son projet de loi permettra de conserver un minimum de pouvoirs octroyés sous l’urgence sanitaire, afin de poursuivre les campagnes de vaccination et d’entreposer l’équipement acquis au début de la pandémie.
Mais les partis d’opposition ne l’entendent pas ainsi. Mardi, le député solidaire Vincent Marissal a de nouveau exigé qu’on envoie la pièce législative à la déchiqueteuse, pour plutôt étudier un autre projet de loi sur l’aide médicale à mourir.
« On ferait oeuvre utile, on a encore le temps d'adopter ça, plutôt que de faire de la politique avec un projet de loi mal foutu qu'est le projet de loi n° 28 et qui sert essentiellement à des fins électoralistes pour la CAQ », a-t-il déclaré.
M. Marissal souligne que faire adopter sous bâillon des pouvoirs hérités de l’urgence sanitaire placerait le gouvernement dans une position inconfortable. « Si le gouvernement veut jouer là, on va le laisser dans son carré de sable, il vivra avec l'opprobre de finir un mandat sur un bâillon », dit-il.
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