Projet de loi C-21: la puissante NRA essaie de s’inviter dans le débat
Julien Corona
En plein débat sur le contrôle des armes à feu, la National Riffle Association (NRA), ce puissant lobby proarme américain, tente, depuis plusieurs mois déjà, de s’inviter dans le débat au Canada.
• À lire aussi: Carey Price connaissait la tragédie de Polytechnique et s’excuse
• À lire aussi: Quelles armes pourraient être interdites au Canada? 4 questions pour mieux comprendre le projet de loi C-21
• À lire aussi: Tuerie de Polytechnique: c’est important pour Carey Price (et pour tout le monde) de s'en souvenir
Depuis des mois, l’organisation américaine s'élève pour nous mettre en garde contre «le vrai plan de Trudeau», qui, avec le projet de loi C-21, tenterait de «bannir à terme toutes les armes à feu».
C’est à ce projet de loi que s’oppose également la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu (CCFR), à laquelle le gardien de but du Canadien de Montréal Carey Price a donné son appui dans une publication controversée.
Cette organisation est dans la tourmente après avoir utilisé le code promo «Poly» pour offrir des rabais sur des articles en vente sur son site web, quelques jours avant le 33e anniversaire de la tuerie de Polytechnique.
Un projet de loi «contraire à la Constitution»?
Le 22 février 2021, lors de la présentation de la version précédente du projet de loi fédéral, la NRA s’insurgeait contre un «processus irrationnel», «contraire à la Constitution», et qui aurait comme objectif de criminaliser les honnêtes propriétaires d’armes.
Sad but unsurprising to see the @NRA supporting @erinotoole’s gun platform. It’s never been more clear that the conservatives want to bring in American-style gun laws to 🇨🇦.
— Bill Blair (@BillBlair) September 13, 2021
While O’Toole continues spreading lies for the Gun Lobby, we'll keep fighting for safer communities. pic.twitter.com/vMKi8MG17X
Plus récemment, dans un communiqué diffusé le 20 juin dernier, la NRA avançait que le projet de loi C-21 ne pouvait aider à combattre le crime, puisque «les criminels et autres gangs ne se soucient pas des permis pour obtenir les moyens nécessaires à leurs crimes».
Pour ce lobby, le projet de loi du gouvernement Trudeau ne fera qu'éliminer le «droit de propriété d'une arme légale» pour le bon citoyen.
Now the #NRA is reiterating the Canadian #GunLobby's #FearMongering, falsely claiming that @liberal_party is prepared to go to “unprecedented lengths ... to eliminate the lawful ownership of firearms" #lies #BanAssaultWeapons #BanHandguns #ControlTheRest https://t.co/eK8yhJxrMg
— PolySeSouvient / PolyRemembers (@Polysesouvient) August 15, 2022
Depuis la deuxième partie de l’été, la NRA, qui accuse le gouvernement Trudeau de contourner le parlement pour l'étude de son projet de loi C-21, a publié de nombreux communiqués et textes sur le projet de loi C-21 sur son site, dont le plus récent date de la fin de semaine dernière.
La NRA étend ses tentacules ici
Comme le rapporte l’Associated Press (AP), les dirigeants de la NRA ont souvent visité le Canada pour dénoncer les restrictions sur les armes à feu qui, selon eux, interféraient avec le «droit des citoyens de porter des armes».
Mais contrairement aux États-Unis – et leur deuxième amendement –, ce «droit» n'existe pas au Canada.
Today is one of those days where every American should be proud of our citizenship & freedoms. But sadly, some aren't.
— NRA (@NRA) May 2, 2020
When gun-hating politicians try to ban freedom in America, we remind them of our 2nd Amendment.
In other countries, gun ownership is decided by the government. pic.twitter.com/XGQMFTuaSa
Lorsque le Canada a cherché pour la première fois à restreindre l’accès aux armes à feu dans les années 1990, l’organisation en a beaucoup profité, selon l’AP, pour se rapprocher avec les lobbys des armes au Canada, comme la CCFR. Au fil des ans, la NRA leur aurait même offert du support logistique et technique.
La CCFR tentée d’imiter la NRA?
Les pratiques et le discours de la NRA pourraient avoir inspiré la CCFR. Sa porte-parole, Tracey Wilson, a, par exemple, récemment appelé les Canadiens à inonder de lettres les bureaux de circonscriptions des élus libéraux pour faire tomber le projet de loi C-21.
I know ... I'm sick of it all too. But our silence is consent. We spend how much time commiserating on social media? Let's refocus some of that time on flooding their offices, and burying their desks in letters. Yes, I mean paper letters. Here's why... https://t.co/OIF16NDSOW pic.twitter.com/gYaScTep6M
— Tracey Wilson (@TWilsonOttawa) November 24, 2022
Dans cette même publication, en date du 24 novembre dernier, elle a aussi une demande particulière pour les propriétaires d’armes: «Regardez chacun des fusils [que vous possédez] et réfléchissez à ce qu’il représente pour vous, aux souvenirs que vous avez créés avec lui et aux aventures que vous avez vécues ensemble.»
Dans diverses communications, la CCFR avance également les mêmes arguments contre le projet de loi C-21 que la NRA, notamment qu’il ne permet pas de s’attaquer au trafic d’armes et que son adoption pourrait mener à l’interdiction de posséder n’importe quelle arme légale au pays.
While the Canadian gun community continues to demand credible work on crime, the Coalition for Gun Control demonizes legal gun owners. Canadians know it isn’t duck hunters and sport shooters committing violence in Toronto. And so does Wendy. Reject her hate. 🇨🇦👇🏻👇🏻👇🏻#hatespeech pic.twitter.com/JyiowTOmDE
— Tracey Wilson (@TWilsonOttawa) August 7, 2019
Rappelons que le projet de loi C-21 est toujours à l’étude, et donc que des changements sont toujours possibles. Le projet de loi a toutefois déjà reçu l’appui de suffisamment de députés pour être adopté sans modification.