Profs non qualifiés: un diplôme d’études secondaires suffit pour enseigner aux élèves, juge le ministère

Geneviève Lajoie
Un diplôme d’études secondaires suffit pour enseigner dans les écoles du Québec, juge le ministère de l’Éducation.
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La pénurie de main-d’œuvre dans le réseau scolaire force le gouvernement à embaucher des dizaines de milliers de profs non qualifiés, année après année. Une situation qui plombe la qualité des services éducatifs au primaire et au secondaire, a prévenu la vérificatrice générale du Québec il y a quelques jours à peine.
N’empêche, le gouvernement estime désormais qu’un simple diplôme de 5e secondaire accompagné d’une preuve que des études collégiales sont entamées est acceptable pour obtenir une tolérance d’engagement, qui permet d’enseigner aux élèves québécois.
- Écoutez l'entrevue avec Kevin Roy, président de la Fédération québécoise des comités de parents, au micro de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio:
Au moins trois profs non légalement qualifiés ne détenant qu’un DES se sont vu confier une classe l’an dernier dans le réseau public, révèle une demande d’accès à l’information. Pas moins de 541 enseignants n’avaient en poche qu’un diplôme d’études collégiales.
«Afin que la tolérance d’engagement soit délivrée, l’employeur doit faire la démonstration que la personne détient un diplôme d’études secondaires ainsi que des études supérieures [terminées ou non]», précise même le document émis par le ministère de l’Éducation.
Niveler par le bas
Un dangereux nivellement vers le bas, qui n’est pas sans conséquence sur nos enfants, se désole la députée libérale Marwah Rizqy. «C’est une aberration complète, on tolère l’inacceptable», déplore-t-elle.
La députée de Saint-Laurent demande au ministre Bernard Drainville une directive claire pour mettre fin à cette pratique.
«On ne peut pas tolérer d’avoir un enseignant qui a seulement son secondaire V, ça ne fait aucun sens, le minimum, c’est un baccalauréat, insiste-t-elle. [Un enseignant avec un DES] n’a toujours pas passé son examen de français du cégep qui est obligatoire!»
Et l’impact sur la réussite éducative est déjà palpable. Marwah Rizqy rappelle que 52% des élèves ont échoué l’an dernier en orthographe.
Arrêter l’hémorragie
Selon elle, la première chose à faire, c’est d’arrêter l’hémorragie. Chaque année, le réseau de l’Éducation perd de véritables profs légalement qualifiés, notamment en raison de la précarité de la profession dans les premières années.
«La vérificatrice générale écrit que pour obtenir une permanence, ça peut prendre en moyenne de une année jusqu’à sept ans. C’est décourageant évidemment quand, après sept ans, tu n’as toujours pas ta permanence, ce n’est pas valorisant.»
Rappelons que la VG a révélé que plus du quart du personnel enseignant qui a œuvré durant l’année scolaire 2020-2021 n’était pas légalement qualifié, dont près de 27 000 d’entre eux n’avaient aucune autorisation pour enseigner. Des profs dont on ne détient aucune information sur la formation.
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