Procès de Trump: déjà difficile, la sélection du jury compliquée par la règle de l'anonymat
AFP
La sélection de douze jurés capables de juger impartialement un prévenu célèbre et controversé est déjà un processus complexe. Mais au procès historique de Donald Trump, la nécessité de préserver leur anonymat y ajoute un niveau de difficulté supplémentaire.
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Début mars, le juge Merchan a décidé que les noms des jurés, ainsi que leurs adresses professionnelle et personnelle ne seraient divulgués qu'aux parties, en raison de la «probabilité de corruption, de manipulation du jury, de blessures physiques ou de harcèlement».
Mais depuis lundi, les jurés potentiels, identifiés seulement par un numéro, exposent des pans entiers de leur vie en répondant devant le tribunal à 42 questions, portant notamment sur leur quartier de résidence, leur situation professionnelle et familiale, leur niveau d'études, ou leurs loisirs.
Cette transparence partielle a compromis l'anonymat total voulu par le juge.
Une des jurées retenues le premier jour, une infirmière dans un service d'oncologie, lui a fait part jeudi de ses «inquiétudes» après avoir été informée par son entourage qu'elle avait été identifiée comme une jurée potentielle.
Après une brève discussion, le juge Merchan l'a dispensée de participer au jury.
«Nous venons de perdre» ce qui aurait sans doute été une bonne jurée, a-t-il déploré, donnant instruction aux journalistes présents de ne pas mentionner d'éléments physiques permettant d'identifier les membres du jury. Le magistrat a notamment regretté la mention de l'accent irlandais d'un des jurés.
Il a en outre ordonné que les réponses aux questions sur l'employeur actuel ou précédent des jurés ne soient ni publiées dans les médias ni consignées dans la retranscription des débats. «C'est devenu un problème», a-t-il commenté.
Malgré ces écueils, les douze membres du jury et un des six suppléants requis avaient déjà été sélectionnés vendredi matin.
L'objectif de ce processus de «voir dire» (littéralement «dire la vérité» selon une expression issue du vieux français) est de sélectionner 12 jurés et six suppléants pour ce procès prévu pour durer six à huit semaines, soit au moins jusqu'à la fin mai.
L'exercice est d'autant plus délicat que le milliardaire républicain se plaint d'être jugé à New York, bastion démocrate, un message repris par ses supporteurs sur les réseaux sociaux et des médias conservateurs.
Contrairement à la pratique, pour des raisons logistiques, le juge a annoncé le 8 avril que les jurés potentiels qui se déclareraient incapables d'assister à toute la durée du procès ou de se montrer impartiaux seraient exemptés sans devoir fournir de justification.
Ils doivent également préciser de quelle manière ils s'informent, s'ils ont un avis sur la façon dont Donald Trump est traité dans ce dossier ou sur l'incidence sur leur impartialité de son statut de candidat à l'élection présidentielle de novembre.
Des centaines d'habitants de Manhattan tirés au sort ont reçu une convocation à se présenter au tribunal le 15 avril.