Procès de Charles Lassonde: l’ex-conjointe Lana Dubois forcée d’expliquer pourquoi elle collabore avec les policiers
Guillaume Cotnoir-Lacroix
Après cinq journées de contre-interrogatoire et un total de six journées à la barre des témoins, l’ex-conjointe de Charles Lassonde, Lana Dubois, a finalement conclu son témoignage, mardi après-midi. Dubois et Lassonde auraient enlevé et tué la victime Serge Boutin, en juillet 2021, à Danville.
Lana Dubois a décidé de collaborer avec les policiers en novembre 2023, alors que son procès pour meurtre au premier degré approchait. Elle avait plaidé coupable à un chef réduit d’homicide involontaire et avait signé une entente de collaboration qui avait permis de retrouver le corps de la victime, plus de deux ans après l’enlèvement. Elle témoignait donc pour la Couronne depuis mardi dernier au procès pour meurtre au premier degré de son ex-conjoint.
La semaine dernière, Lana Dubois avait expliqué en détails sa version des événements de la nuit du 6 au 7 juillet, soir du meurtre allégué. Dans un esprit de vengeance, Charles Lassonde et elle auraient enlevé la victime Serge Boutin avant de l’attacher et de vraisemblablement l’enterrer vivant. La victime aurait tenté de fuir à deux reprises, étant rattrapée chaque fois par Lassonde, toujours selon le récit de Lana Dubois. La témoin a longuement parlé de son historique de consommation de drogues dures, de même que celui de Charles Lassonde et de Serge Boutin, au cours de son témoignage.
Pourquoi collaborer avec les policiers?
Mardi matin, de nouvelles questions ont été posées à Lana Dubois en contre-interrogatoire sur cette entente de collaboration avec les policiers. Me Martin Latour, en défense, a tenté de lui faire dire qu’elle avait deux objectifs en tête: faire tomber le chef d’accusation de meurtre au premier degré et sortir de prison.
«Est-ce que c’est ça que vous vouliez, plaider coupable à "temps fait"? Ou vous n’avez jamais voulu plaider coupable à "temps fait"? a demandé Me Latour.
«Je ne me souviens pas d’avoir dit ça de même. Je ne peux pas dire au jury que je m’en souviens et que je voulais ça», a répondu la témoin.
Quelques instants après cet échange, l’avocat de Charles Lassonde a exhibé un document que Lana Dubois aurait signé dans le cadre de sa collaboration avant d’en faire la lecture au jury.
«En signant le présent document, j’ai espoir que le DPCP et la justice tiendront compte de ma collaboration. Je souhaite particulièrement éviter ma condamnation sur le chef #5, soit celui de meurtre au premier degré de Serge Boutin. Je souhaite aussi recouvrer ma liberté dans les plus brefs délais», a lu Me Latour.
«Si je l’ai signé, ça doit être parce que j’ai accepté ce qui était écrit», a répondu par la suite la témoin. Elle a néanmoins répété à plusieurs reprises que son objectif était de «dire la vérité».
Lana Dubois a aussi été talonnée par Me Latour sur sa participation au crime. L’avocat a insinué à quelques occasions que c’est elle qui donnait des consignes à Charles Lassonde le soir de l’événement. Elle a nié à chaque occasion.
Un juré exclu du jury
La journée de mardi a débuté de façon bien particulière, mardi, avec l’expulsion d’un juré. Le jury #3 a pu retourner chez lui.
La demande d’exclusion a été formulée de façon conjointe par la Couronne et la défense. Leur motif a été jugé «raisonnable» par le juge Claude Villeneuve. Or, ledit motif est frappé d’une ordonnance de non-publication.
Le procès se poursuivra donc avec 13 jurés sur les 14 sélectionnés au départ, ce qui ne pose aucun enjeu pour la suite.
Un membre du Bureau des témoins collaborateurs de la Sûreté du Québec a débuté son témoignage mardi après-midi.