Procès de Charles Lassonde: des photos du corps de Serge Boutin «momifié» présentées au jury
Guillaume Cotnoir-Lacroix
Le procès pour meurtre au premier degré de Charles Lassonde se poursuivait pour une troisième semaine, lundi, au palais de justice de Sherbrooke. Pour la première fois, des images de la carrière où la victime Serge Boutin a été enterrée ainsi que des photos de son corps ont été présentées au jury.
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Les 13 jurés ont été avertis de la nature des images qu’ils s’apprêtaient à voir, avant le témoignage d’Andréanne Pelletier, technicienne en identité judiciaire à la Sûreté du Québec. Elle a expliqué avoir été appelée sur la scène le 11 novembre 2023.
«Sur place, à mon arrivée, il y a déjà une protection de la scène qui est faite, il y a déjà des policiers, des enquêteurs sur place», explique la témoin. On l’informe alors qu’il s’agit d’un dossier de meurtre commis en 2021.
Après avoir fouillé avec des collègues un premier site d’intérêt pendant une heure, l’agente Pelletier et l’enquêteur Steve Barabé ont quitté ce premier site pour se rendre, toujours dans la carrière, à un autre endroit où la présence d’une bâche avait été notée. Les premières manipulations débutent alors.
«Je commence à percevoir une odeur qui s’apparente à de la putréfaction, a-t-elle lancé au jury. On va percevoir, au toucher, ce qui s’apparente à des chaussures», a-t-elle continué. Les manipulations se sont poursuivies pour finalement révéler la présence d’un corps.
«On a un corps d’apparence entier où on peut voir une victime qui semble face contre sol. La victime semble avoir ce qui s’apparente à un chandail qui recouvre entièrement la tête. Les mains dans le dos sont ligotées avec une corde au dos. Il est torse nu avec un pantalon d’apparence camouflage», a décrit la témoin, qui a qualifié le corps de «momifié».
La toile dans laquelle était enroulé le corps était si volumineuse qu’elle a été coupée par les policiers pour pouvoir l’amener en deux morceaux à l’équipe du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale.
L’enquêteur Steve Barabé est aussi venu présenter aux jurés des images de la carrière captées par drone.
Un dernier témoin civil
Plus tôt lundi matin, le témoin Ghislain Paradis a qualifié la victime Serge «Bibitte» Boutin de «grand ami, malgré beaucoup de défauts», a-t-il expliqué aux 13 jurés. Néanmoins, au moment des événements, le témoin avait coupé les ponts avec lui. Serge Boutin lui aurait emprunté 1800$ pour éviter de faire de la prison, un montant qu’il n’aurait jamais remis.
«Je lui ai rendu un grand service et il était supposé être redevable. Je m’attendais à ce qu’il me repaie, mais finalement il ne m’a jamais repayé. J’ai dit “Bibitte”, tu perds un grand ami», a raconté M. Paradis.
Le soir du 6 juillet 2021, Lana Dubois et Charles Lassonde lui auraient rendu visite à son domicile de Saint-Georges-de-Windsor. Les deux étaient alors à la recherche de Serge Boutin.
«Ils m’ont dit qu’ils le cherchaient, qu’ils savaient qu’il était à Asbestos à quelque part. Je leur ai dit: “Si jamais vous le trouvez quelque part, vous lui donnerez une claque dans face de ma part pour le 1800$ qu’il me devait”.», a expliqué le témoin Ghislain Paradis.
Dans son interrogatoire principal, par la Couronne, Paradis a indiqué avoir proposé «un bout de corde» au couple.
«[Charles Lassonde] m’a demandé, si jamais Bibitte résistait, s’ils le trouvaient», a-t-il argué. Chez lui, le couple Lassonde-Dubois aurait également récupéré un bâton télescopique, un bâton dont il avait été question plus tôt dans le procès.
Ghislain Paradis aurait subi deux perquisitions de son domicile par les policiers. Une première lors du début des recherches pour retrouver Serge Boutin, et une deuxième vraisemblablement pour retrouver le bâton télescopique, duquel il s’était débarrassé. Furieux d’être impliqué dans cette histoire, Paradis aurait tenu des propos injurieux à l’endroit de Lana Dubois en contactant un de ses proches.
«J’aurais aimé ça que ça ne me pète pas dans la face une deuxième fois dans ma maison pour cet osti de bâton-là», a expliqué le témoin. Paradis aurait dit à ce proche de Lana Dubois que «c’est elle qui méritait de mourir, pas “Bibitte”». Il se serait par la suite excusé.
Le procès se poursuit mardi, alors que la Couronne doit conclure sa preuve.