Procès 24 ans après le meurtre: «La justice a le bras long», insiste la poursuite
Le procureur de la Couronne a rappelé au jury que le dossier de Guylaine Potvin n’avait jamais été fermé malgré les années qui ont passé.
Pierre-Paul Biron
Les 24 longues années qui se sont écoulées entre le meurtre de Guylaine Potvin et le début du procès de son présumé meurtrier cette semaine sont un rappel implacable, pour la Couronne, que même si les années passent, le crime parfait, lui, n’existe pas.
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«On dit souvent que la justice avance lentement, mais ce qu’on peut certainement dire, c’est qu’elle a le bras long», a insisté le procureur de la Couronne, Me Pierre-Alexandre Bernard, dans son exposé d’ouverture du procès de Marc-André Grenon.
Vingt-deux ans se sont écoulés entre le meurtre de Guylaine Potvin le 28 avril 2000 et l’arrestation de celui que les autorités croient responsable de sa mort, en octobre 2022.
Me Bernard a rappelé aux 14 jurés mardi que même si «les jours, les semaines et finalement, les années ont passé», l’enquête visant à faire la lumière sur la mort de l’étudiante de 19 ans ne s’est jamais arrêtée.
De l’ADN avait bien été trouvé sur les lieux, sur une ceinture et une boîte de préservatifs, attribuable à un «profil ADN masculin», mais aucune correspondance n’a pu être faite durant une vingtaine d’années.
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Projet «PatronYme»
Puis, selon la théorie de cause de la poursuite, tout a basculé en 2022 quand le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale a proposé d’intégrer le dossier de la mort de Guylaine Potvin à son projet «PatronYme».
Me Bernard a décrit brièvement la méthode basée sur la biologie et la généalogie au jury en ouverture mardi.
«Ce qui différencie l’homme de la femme biologiquement est le chromosome Y qui se trouve dans les cellules de l’homme. [...] Dans une lignée de père en fils, il y a transmission de ce chromosome Y. Et dans les conventions sociales occidentales, l’autre chose qui se transmet de père en fils est le nom de famille», a expliqué le procureur de la Couronne, précisant que le projet «PatronYme» visait à dresser une liste de noms de famille présentant des possibilités de matchs avec des ADN masculins retrouvés sur des scènes de crime.
«C’est à partir de là que le nom de famille Grenon fait partie de la liste des noms de famille d’intérêt prioritaire», a affirmé Me Bernard, informant les jurés que son nom se trouvait déjà dans le dossier d’enquête pour des raisons qui seront expliquées en cours de procès.
Correspondance d’ADN?
Le ministère public entend faire la démonstration durant le procès que l’ADN retrouvé sur la scène de crime est celui de Marc-André Grenon.
Après que son nom de famille fut ressorti, l’accusé a été mis en filature par la Sûreté du Québec. Les enquêteurs ont récupéré son profil génétique sur deux pailles qui se trouvaient dans un gobelet ramassé.
Grenon a été arrêté le 12 octobre 2022.
«Pour nous, les analyses effectuées après l’arrestation démontrent encore comme conclusion que le profil inconnu de la scène de crime est attribuable à Marc-André Grenon», a soumis au jury Me Bernard. «La science permet parfois de voir là où l'homme est aveugle», a déclaré le procureur.
Premier témoin
Après cette déclaration d’ouverture et les directives du juge aux 14 jurés, la Couronne a entrepris sa preuve avec le premier témoignage, celui d’une amie de Guylaine Potvin, Audrey St-Pierre.
La femme est la dernière personne à avoir vu la victime en vie la veille du meurtre et est celle qui a fait la macabre découverte au matin du 28 avril 2000.
Son contre-interrogatoire se déroulera en après-midi.
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