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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Prise de contrôle de Gaza: voici 5 obstacles au projet de Trump

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AFP

2025-02-05T14:54:20Z
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Les projets de Donald Trump d'une prise de contrôle de Gaza par les États-Unis et du déplacement des habitants palestiniens relèvent pour l'heure d'un fantasme assez irréalisable, tant ils soulèvent une avalanche d'oppositions.

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Ces propos rappellent d'autres idées lancées par le président américain: annexer le canal de Panama et le Groenland, faire du Canada le 51e État américain, ou envoyer les «criminels endurcis» américains au Salvador.

Comme les autres, sa proposition bute sur une multitude d'obstacles.

L'enracinement palestinien à Gaza

Ce projet fait peu de cas de l'attachement des Palestiniens à leur terre, dont a témoigné le retour vers le nord de la bande de Gaza, dès après le cessez-le-feu, d'un demi-million de déplacés par la guerre entre Israël et le Hamas.

Et ce, même si la zone est réduite en poussière. «C'est le plus beau jour de ma vie», affirmait à l'AFP le 28 janvier Lamiss al-Iwady, 22 ans, de retour chez elle. «Nous reconstruirons nos maisons, même si c'est avec de la boue et du sable».

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L'ambassadeur palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour, l'a martelé mardi: «notre patrie est notre patrie». Et de prendre Donald Trump à son propre piège: «Laissez (les Palestiniens) retourner dans leurs foyers d'origine en Israël, il y a de beaux endroits là-bas».

L'opposition des pays arabes

Contrairement à ce qu'affirme Donald Trump, les États arabes s'opposent au projet. L'Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et le Qatar ont rejeté samedi toute «atteinte aux droits inaliénables» des Palestiniens.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'est lui rendu dès mercredi en Jordanie pour rencontrer le roi Abdallah II, signe d'une inquiétude réelle.

La même levée de boucliers est prévisible au sein des opinions publiques.

«Attendez-vous à ce que les réactions passent de la confusion à l'indignation, y compris avec des manifestations à travers le Moyen-Orient et au-delà dans les prochains jours», avertit Emily Harding, du think-tank CSIS à Washington.

L'histoire américaine

Le projet de Donald Trump supposerait d'envoyer des soldats américains à Gaza. Une première entorse à ses promesses de campagne.

L'opposition féroce du Hamas est acquise. Certes, très affaibli par 15 mois de guerre, le mouvement islamiste palestinien n'est pourtant nullement éradiqué, contrairement à l'objectif fixé par le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

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Avec son allié, le Jihad islamique, ils peuvent mener une guérilla violente face à laquelle aucune puissance n'a jamais gagné depuis la Seconde Guerre mondiale.

Et les bourbiers historiques dans lesquels les États-Unis se sont enfoncés au Vietnam, en Afghanistan et en Irak, demeurent ancrés dans la mémoire américaine.

«C'est contradictoire avec son idée de +l'Amérique d'abord+» relève un diplomate européen à Jérusalem. «Mais il se dit que ça va bien se passer, que ce n'est pas une guerre, pas l'Afghanistan, pas l'Irak. Il pense sincèrement qu'il va les convaincre (...). C'est ça qui est très inquiétant».

Le droit international

Donald Trump brise des tabous du droit international hérité de l'après-guerre, dont Washington s'était fait le chantre, au moins dans le discours.

Les États-Unis ne pourraient prendre le contrôle de Gaza qu'avec le consentement d'Israël, qui «ne peut pas céder Gaza aux États-Unis», note Tamer Morris, spécialiste de droit international à l'Université de Sydney, en Australie.

Même l'Autorité palestinienne «ne peut pas donner ce consentement au nom d'un peuple» qui a «le droit de disposer» de lui-même, ajoute-t-il sur le site The Conversation.

Mais le discours seul est selon lui dangereux. «La manière désinvolte dont Trump discute de choses telles que la prise de contrôle d'un territoire, et le déplacement d'une population donne l'impression que ces règles peuvent facilement être enfreintes».

Or l'ONU l'a rappelé mercredi: le droit international prohibe tout transfert forcé ou expulsion de population d'un territoire occupé.

Prudence en Israël

Mercredi, la classe politique israélienne restait prudente, à l'exception des soutiens de M. Netanyahu. »L'extrême droite est extatique, elle jubile», constate David Khalfa, auteur de l'ouvrage «Israël-Palestine, année Zéro».

«Les éléments les plus modérés du Parlement félicitent Trump, mais émettent des doutes sur la faisabilité de son plan», note-t-il. Le chef de l'opposition Yaïr Lapid dit lui «en substance que les Israéliens ne peuvent pas se contenter d'attendre que les Américains proposent des plans de sortie de crise».

Ce qui signifie «qu'il estime que le plan Trump n'est pas réaliste, voire contre-productif», selon le chercheur.

«Trump est fondamentalement un homme d'affaires», conclut-il, posant l'hypothèse qu'il essaye «de faire entrer dans la danse tous les acteurs de la région, pour sortir du face-à-face Israël-Palestinien, voué à la répétition de la même tragédie».

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