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Monde

Prendre Rafah ou punir l'Iran? Israël va devoir choisir, selon les experts

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AFP

2024-04-16T16:36:10Z
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Répliquer à l'attaque iranienne et anéantir les bataillons du Hamas regroupés dans le réduit surpeuplé de Rafah: deux fronts impossibles à soutenir en même temps pour Israël qui va devoir choisir, estiment les experts.

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Pour Benjamin Netanyahu, le problème ne semble se poser qu'en termes de calendrier tant il se dit déterminé à atteindre les deux objectifs. Mais il ne peut faire totalement fi des exhortations pressantes de Washington à la retenue et à la protection des civils dans la bande de Gaza.

L'Iran, une réponse qui peut attendre

Les analystes excluent que l'armée israélienne puisse mettre deux fers au feu.

«Israël ne va pas pouvoir mener de front une offensive à Rafah et une réplique contre l'Iran», observe Michael Horowitz, directeur du cabinet de conseil en sécurité Le Beck. «Il y aura une séquence, et une décision qui va devoir être prise», assure-t-il à l'AFP.

Des cabinets de guerre qui se succèdent depuis dimanche à Tel-Aviv filtrent peu de choses sinon les divisions entre faucons de l'extrême droite, qui poussent pour infliger un châtiment exemplaire à l'Iran et fondre sur Rafah, et des ministres plus hésitants.

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Israël n'a pas à craindre a priori une nouvelle attaque directe iranienne et peut se permettre de prendre le temps d'étudier des options qui non seulement «n'entraîneraient pas d'escalade» mais permettraient «d'enrayer la crise», souligne John Erath, directeur de recherches au Centre pour le contrôle des armes et la non-prolifération.

L'Iran affirme que les comptes avec son ennemi juré sont provisoirement soldés après son attaque qui répondait au bombardement de son consulat à Damas le 1er avril dans lequel sept Gardiens de la Révolution ont trouvé la mort.

Israël agira «à l'occasion et au moment que nous choisirons», a averti lundi le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari.

  • Écoutez l'entrevue avec Myriam Azogui-Halbax, Québécoise vivant maintenant avec sa famille en Israël où elle travaille pour le CIJA à l’émission de Richard Martineau via QUB :

L'attaque iranienne a-t-elle changé la donne pour Rafah ?

La presse israélienne citant des sources sécuritaires croit savoir que l'offensive sur Rafah devait commencer cette semaine mais que les plans de l'armée, qui n'a pas communiqué, ont été bouleversés par l'attaque iranienne.

Après six mois de frappes et de combats acharnés, le mouvement islamiste palestinien conserverait quatre bataillons dans la grande ville de l'extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l'Égypte.

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Israël ne peut cependant pas lancer un assaut tant que les 1,5 million de déplacés qui y ont fui la guerre, selon l'ONU, n'en ont pas été évacués. Mais de violents combats se poursuivent dans le centre du territoire et Israël refuse toujours le retour des déplacés dans le nord.

Lundi, un communiqué indiquait que le ministre de la Défense Yoav Gallant avait tenu une réunion pour évoquer une «série de mesures à prendre en préparation des opérations à Rafah, en particulier sur l'évacuation des civils».

Sur les 40.000 tentes commandées récemment dans un appel d'offre, son ministère en aurait déjà acquis 30 000 dont le tiers doit être déployé dans les deux prochaines semaines près de Rafah, selon des sources à la presse israélienne.

Ces mêmes sources font valoir que le rejet par le Hamas du dernier projet de trêve soumis par les médiateurs américains, égyptiens et qataris au Caire début avril doit accélérer le lancement de l'offensive, Netanyahu ayant perdu patience et étant convaincu que le Hamas ne veut pas d'un accord.

Impossible pour autant d'en déduire une échéance, sauf à «spéculer», met en garde John Erath.

Quels sont les risques diplomatiques pour Israël?

Dans les deux dossiers, «l'impact diplomatique pèse sur les calculs israéliens», avance Michael Horowitz.

Alors qu'une part croissante de la communauté internationale critiquait les représailles meurtrières engagées dans la bande de Gaza après le massacre commis par les commandos du Hamas le 7 octobre, le déluge de drones et de missiles iraniens tombés dimanche sur le territoire israélien a de nouveau permis de resserrer les rangs autour d'Israël.

Une offensive terrestre sur Rafah ainsi qu'une réponse excessive au feu iranien risqueraient d'effacer ces bénéfices diplomatiques. D'un autre côté Israël pourrait profiter de ce répit auprès de nombreuses chancelleries étrangères pour agir.

En fermant les yeux pour Rafah, ces mêmes alliés pourraient exiger «qu'Israël ne réponde pas» à l'attaque iranienne, «ce qui me semble peu probable», balaye cependant Michael Horowitz.

Au plan intérieur, l'opinion publique israélienne apparaît elle aussi divisée. Selon une enquête de l'Université hébraïque de Jérusalem parue mardi, 48% des sondés se disent favorables à une riposte visant l'Iran quel qu'en soit le prix (52% contre), et 44% une offensive à Rafah même si cela fragilise les relations avec les États-Unis.

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