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Environnement

Première stratégie d’adaptation au climat: voici à quoi pourrait ressembler une ville résiliente

AFP
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Jean-Michel Clermont-Goulet et Andrea Lubeck

2022-11-25T16:24:22Z
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Vagues de chaleurs extrêmes, inondations, incendies de forêt: le gouvernement du Canada a présenté jeudi sa toute première stratégie d’adaptation aux changements climatiques pour permettre aux municipalités et aux cantons d’être plus résilients face aux éventuelles catastrophes.

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La «Stratégie nationale d’adaptation du Canada», à laquelle est consacrée une enveloppe budgétaire de 1,6 milliard $, consiste à «trouver de nouvelles manières de prendre des décisions, de bâtir des collectivités et des entreprises et de se protéger mutuellement», précise-t-on dans ce plan d’action d’une soixantaine de pages.

«Ces conditions climatiques dévastatrices sont fréquentes et intenses, et le Canada n’est pas prêt à y faire face», prévient la présidente de la Fédération canadienne des municipalités, Taneen Rudyk, qui accueille bien l’initiative.

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C’est quoi, au juste, l’adaptation climatique?

L’adaptation climatique, c’est le fait de «changer nos façons de faire, en tant que société, pour qu’on soit moins touché par les changements climatiques», explique Joanna Eyquem, du Centre Intact d’adaptation au climat (CIAC) de l’Université de Waterloo.

Voici, concrètement, quelques mesures visant à rendre une municipalité plus résiliente:

Planter des arbres pour réduire les îlots de chaleur

Ottawa nomme la volonté d’éliminer les décès et de réduire les hospitalisations dues à la chaleur extrême comme l’un des objectifs de sa stratégie. 

Dans cette optique, la plantation d’arbres et de végétation est une mesure de résilience climatique qui permet de réduire les îlots de chaleur. L’ombre que créent les arbres empêche l’asphalte et le béton d’absorber la chaleur du soleil l’été, ce qui réduit la température ambiante. La différence au thermomètre entre un îlot de chaleur et un îlot de fraîcheur peut aller jusqu’à 10°C, ce qui est non négligeable, a révélé un test de 24 heures réalisé au cours de l’été 2021.

Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

C’est notamment ce que la Ville de Montréal veut faire avec le projet de planter plus de 500 000 arbres d’ici 2032.

On en voit également les bienfaits à Toronto: les forêts urbaines ont permis de diminuer les frais de climatisation, d'améliorer la qualité de l’air et de réduire la pression sur l’infrastructure de gestion des eaux pluviales, illustre-t-on chez Environnement et Changement climatique Canada.

Un parc inondable

Toujours dans la métropole québécoise, un parc nouveau genre a été inauguré en mai dernier. La particularité de la place des Fleurs-de-Macadam, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal? Elle est faite pour être inondée.

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Le parc a été mis à l’épreuve lors des pluies diluviennes qui se sont abattues sur Montréal en septembre dernier et qui avaient entre autres inondé le métro et plusieurs sous-sols montréalais. La place des Fleurs-de-Macadam a passé le test haut la main.

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI

Alors que les inondations, qui risquent de se multiplier et de s’intensifier avec les changements climatiques, menacent de causer 2,9 milliards de dollars en dommages résidentiels, les water squares démontrent toute leur utilité pour améliorer la résilience des villes.

Le gouvernement fédéral souhaite adopter de nouvelles normes de constructions mieux adaptées aux risques de catastrophes naturelles, comme les inondations, mais aussi les incendies de forêt.

Réduire le contenu de bitume dans l’asphalte

Une autre mesure d’adaptation facilement réalisable: que les municipalités revoient la composition du bitume utilisé pour les routes et chaussées, suggère Julien Bourque, associé de recherche à l’Institut climatique du Canada (ICC). 

SÉBASTIEN ST-JEAN/24 HRS/AGENCE QMI
SÉBASTIEN ST-JEAN/24 HRS/AGENCE QMI

Changer le mélange de bitume, une pratique déjà adoptée chez nos voisins du Sud, pour un mélange pouvant résister aux conditions climatiques futures, permettrait de réduire les coûts de 90 %, ce qui pourrait représenter des économies de 4,1 milliards $ par année d’ici 2050.

Avec ce nouveau mélange, les routes se réchaufferaient moins rapidement et absorberaient mieux les précipitations. Cela causerait ainsi moins de fissures dans l’asphalte, évitant maintenance et réparations à répétition. 

C’est assez, 1,6 G$?

Pour Joanna Eyquem, il faudra assurément plus d’investissement. Cependant, elle reconnaît que ce milliard et demi est «un bon début».

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Or, le manque à gagner est difficile à chiffrer, explique Julien Bourque. Le gouvernement fédéral évalue à 15,4 milliards $ les pertes annuelles causées par les catastrophes dues aux changements climatiques d’ici 2030.

«Il faut dire que c’est une première stratégie et que c’est un montant qui s’ajoute à d’autres programmes», précise-t-il. «Là, Ottawa se positionne comme le coordonnateur avec les différents paliers gouvernementaux [...] C’est vraiment un appel à l’action pour mettre la main à la pâte.»

C’est d’ailleurs ce que le gouvernement de Justin Trudeau reconnaît. Les défis liés à l’adaptation requerront davantage de contribution du trésor public, mais aussi d’investissements privés.

L’ICC estime cependant que chaque dollar investi dans la prévention et la préparation aux événements climatiques extrêmes générera des économies allant entre 13$ et 15$ sur les coûts ultérieurs.

Or, le manque à gagner est difficile à chiffrer, explique Julien Bourque. Le gouvernement fédéral évalue à 15,4 milliards $ les pertes annuelles causées par les catastrophes dues aux changements climatiques d’ici 2030.r des économies de 4,1 milliards $ par année d’ici 2050.-on dans ce plan d’action d’une soixantaine de pages.e chaleur et un îlot de fraîcheur peut aller jusqu’à 10 °C, ce qui est non négligeable, a révélé un test de24 heures réalisé au cours de l’été 2021.

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