Poutine se sert du Canada pour justifier sa «dénazification» de l’Ukraine
Agence QMI
Le président russe Vladimir Poutine est revenu, jeudi, sur l’ovation réservée à un vétéran nazi au Parlement canadien en septembre dernier lors de la visite du président ukrainien pour justifier sa volonté de dénazifier l’Ukraine.
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Lors d’une entrevue-fleuve de deux heures avec l’animateur polémiste Tucker Carlson, M. Poutine a consacré de longues minutes à parler de la «dénazification» de l’Ukraine, un concept qu’il a abondamment illustré en citant la portion qui l’intéressait des événements du 22 septembre dernier.
Lors de cette visite de Volodymyr Zelensky au Canada, le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, a invité diverses personnalités, incluant le vétéran d’origine ukrainienne Yaroslav Hunka. Or, il a été révélé, par la suite, que l’homme avait servi au sein d’une unité de la Waffen-SS pendant la Seconde Guerre mondiale.
«Le président de l’Ukraine s’est levé avec tout le Parlement pour applaudir cet homme. Comment peut-on imaginer ça? Le président de l’Ukraine, lui-même de nationalité juive...» s’est exclamé le président dans sa langue maternelle, traduite en simultanée en anglais dans l’entrevue mise en ligne sur le compte X de Tucker Carlson.
«L’histoire est bien connue, mais a été passée sous silence dans les pays de l’Ouest», a aussi prétendu M. Poutine en évitant de mentionner que le président de la Chambre avait perdu son poste après cette bourde diplomatique et que la nouvelle a été abondamment traitée au Canada. Celle-ci est d’ailleurs revenue dans l’actualité, lundi, lorsqu’il a été révélé par le Globe and Mail que M. Hunka avait aussi été invité par le bureau du premier ministre Justin Trudeau à un événement en l’honneur du président Zelensky lors de la soirée du 22 septembre.
- Écoutez la chronique de Cybèle Olivier, journaliste à la recherche à l’émission de Sophie Durocher via QUB:
Objectifs non remplis
Plus largement, M. Poutine a laissé entendre qu’il n’a pas encore atteint son but avec la guerre en Ukraine.
«Non, nous n’avons pas encore atteint nos objectifs pour le moment parce que l’un d’entre eux est la dénazification. Ça veut dire l’interdiction de tous mouvements néonazis», a-t-il affirmé en accusant les Ukrainiens d’avoir construit leur identité nationale «sur des héros qui ont collaboré avec Hitler» pour «tuer des Russes, des Polonais et des juifs».
L’animateur a suggéré à M. Poutine que l’Allemagne nazie a disparu depuis longtemps et qu’il serait peut-être temps de tourner la page.
«Vous dites que Hitler est mort depuis 80 ans, mais son exemple demeure. Les gens qui ont exterminé les juifs, les Russes et les Polonais sont en vie. Et l’actuel président de l’Ukraine l’applaudit dans le Parlement canadien, donne une ovation debout. Peut-on vraiment dire que l’on a déraciné cette idéologie?» a répliqué Vladimir Poutine.