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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Poutine reconnaît l’indépendance des séparatistes prorusses d’Ukraine

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2022-02-21T01:26:44Z
2022-02-21T19:53:36Z
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MOSCOU | Vladimir Poutine reconnaît l’indépendance des régions séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, une décision qui risque de mettre le feu aux poudres au moment où les Occidentaux redoutent une offensive russe de grande ampleur. 

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«Je juge nécessaire de prendre cette décision qui était mûre depuis longtemps : immédiatement reconnaitre l’indépendance de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk», a déclaré M. Poutine dans une allocution télévisée d’environ une heure.

Le président russe a intimé dans la foulée à l’Ukraine de cesser immédiatement «ses opérations militaires» contre les séparatistes ou d’assumer «la responsabilité de la poursuite de l’effusion de sang».

Le président russe a ensuite signé des accords «d’amitié et d’entraide» avec ces territoires.

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La reconnaissance concerne l’indépendance de deux territoires prorusses du Donbass ukrainien, bassin minier et industriel frontalier de la Russie : les «républiques» autoproclamées de Donetsk et Lougansk.

Cette mesure signe la fin d’un processus de paix sous médiation franco-allemande qui, bien que régulièrement violé, avait permis de stopper les affrontements les plus violents de ce conflit ayant fait plus de 14 000 depuis son déclenchement en 2014 après l’annexion de la Crimée par Moscou.

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Surtout, elle ouvre la porte à un déploiement militaire russe dans ces régions sur l’invitation des autorités locales.

Cette annonce intervient alors que les Occidentaux redoutent une invasion imminente de l’Ukraine, aux frontières de laquelle plus de 150 000 militaires russes, selon Washington, attendent l’arme au pied depuis des semaines.

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«Violation flagrante»

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué dans la soirée qu’il avait discuté de cette reconnaissance russe avec le dirigeant américain Joe Biden.

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L’Union européenne, comme l’OTAN et Londres, a dénoncé cette décision, y voyant une «violation flagrante du droit international» et affirmant qu’elle allait réagir «avec fermeté».

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Les pays occidentaux ont menacé Moscou de lourdes sanctions en cas d’agression militaire, mais il n’était pas clair quelles mesures pourraient être prises après cette reconnaissance russe.

Les États-Unis ont annoncé des sanctions contre les régions séparatistes en Ukraine.

La décision de M. Poutine intervient à l’issue d’une folle journée qui a vu Moscou multiplier les accusations contre l’Ukraine, comme la destruction d’un poste frontalier par l’artillerie ukrainienne ou l’infiltration d’une équipe de «saboteurs» donc cinq membres auraient été tués.

Kiev a démenti en bloc ces affirmations qui, pour les Occidentaux, font partie des efforts de Moscou visant à créer un prétexte à une intervention militaire.

Poutine l’historien

Dans sa longue allocution télévisée, M. Poutine a aussi réitéré ses accusations infondées de «génocide» qui, pour les observateurs, visent à étayer le discours de Moscou sur la nécessité de «protéger» les russophones d’Ukraine.

Sur un ton professoral, il a aussi donné une leçon d’Histoire revisitée par le Kremlin, présentant l’Ukraine comme un pays artificiel et indissociable de la Russie.

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Jusqu’au bout, les Européens se sont efforcés, en vain, de dissuader M. Poutine de reconnaitre l’indépendance des séparatistes.

Peu avant son annonce, M. Poutine avait fait part de sa décision au président français Emmanuel Macron et au chancelier Olaf Scholz, médiateurs dans le conflit de l’est ukrainien, qui ont exprimé leur «déception», selon le Kremlin.

M. Macron, qui a pris la tête des efforts européens pour tenter de désamorcer la crise ukrainienne, a convoqué lundi soir un conseil de défense.

Dimanche soir, la présidence française avait annoncé avoir arraché une promesse de sommet entre MM. Biden et Poutine afin d’apaiser les tensions, mais le Kremlin a douché ces espoirs lundi.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a néanmoins fait savoir qu’il allait voir son homologue américain Antony Blinken jeudi à Genève.

Appel à l’ONU

Les tensions, qui n’ont cessé de croitre ces derniers mois, s’aggravent depuis trois jours avec la recrudescence des heurts dans l’est de l’Ukraine, où les forces de Kiev et des séparatistes s’affrontent depuis 2014. 

Dans l’Est de l’Ukraine, les affrontements se poursuivaient lundi, Kiev faisant état d’une quinzaine de bombardements des rebelles prorusses, dans lesquels deux soldats et un civil ukrainiens ont été tués.

Les rebelles ont quant à eux fait état de trois civils ayant péri dans des bombardements ces dernières 24 heures.

La Russie a assuré lundi qu’au moins 61 000 personnes avaient été «évacuées» des zones séparatistes vers son territoire.

«C’est la guerre, la vraie», estime Tatiana Nikoulina, 64 ans, qui fait partie de ces personnes acheminées de la région de Donetsk vers la ville russe de Taganrog. «Ils n’ont pas pu trouver de compromis et c’est pourquoi tout cela continue».

Face à la menace d’une invasion, l’Ukraine a réclamé une réunion «immédiate» du Conseil de sécurité de l’ONU.

PHOTO : AFP / EMMANUEL DUNAND
PHOTO : AFP / EMMANUEL DUNAND

En attendant, M. Poutine a de nouveau incriminé les pays occidentaux, leur reprochant d’«utiliser l’Ukraine», ce qui «représente une menace sérieuse, très grande pour nous».

Les Russes se défendent de tout projet d’invasion de l’Ukraine, mais réclame l’assurance que Kiev ne rejoindra jamais l’OTAN et le retrait de l’Alliance d’Europe de l’Est. 

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