Retrait du masque au secondaire : «pourquoi un tel empressement?»
TVA Nouvelles
Bien que les jeunes du secondaire soient majoritairement vaccinés à 86%, le retrait du port du masque obligatoire en classe arrive-t-il un peu trop rapidement?
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«Je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais je ne suis pas certain de comprendre l’empressement», explique le Dr Olivier Drouin, pédiatre au CHU Sainte-Justine, en entrevue avec Mario Dumont.
«Ce groupe-là est très bien vacciné, ça peut faire du sens de diminuer un petit peu les restrictions. D’un autre côté il ne faut pas oublier que ces 12 à 17 ans ont beaucoup de petits frères et petites sœurs à la maison qui ne sont pas encore vaccinés. La vaccination va se mettre en branle dans les prochaines semaines. Pourquoi on n’a pas attendu quelques semaines de plus le temps de vacciner les 5 à 11 ans? Comme ça, on est sûrs que tout le monde, toute la famille est vaccinée», explique le pédiatre.
La professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Roxane Borgès Da Silva, abonde dans le même sens.
«Je ne comprends pas qu’à quelques semaines de Noël, on décide de faire tomber certaines restrictions. On fait courir un risque aux frères et sœurs de ces adolescents qui ne sont pas vaccinés», lance-t-elle en entrevue au Journal.
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Il n’existe par ailleurs aucune donnée probante sur les risques de COVID longue chez les jeunes, ajoute-t-elle.
«On ne sait pas qui ça touche, quels sont les facteurs de risque, parce qu’on n’a pas assez de recul. Enlever le masque, c’est faire courir des risques inutiles à nos jeunes», affirme Mme Borgès Da Silva.
Le Dr Olivier Drouin dit espérer que le retrait du masque obligatoire en classe n’amènera pas une augmentation de cas de COVID chez les plus jeunes.
«On va se croiser les doigts.»
Le port du masque permet aussi de protéger comme les autres virus respiratoires, qui sont en forte augmentation au cours des dernières semaines au Québec.
Une «bonne nouvelle» pour le réseau scolaire
Dans le réseau scolaire, on s’est plutôt réjoui hier de cette «très bonne nouvelle», selon Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement.
Selon des chiffres récemment transmis par le ministère de l’Éducation, 80% des cas dans le réseau scolaire se retrouvent dans les écoles primaires, avance-t-il.
À la Confédération des syndicats nationaux, qui représente des enseignants du réseau privé, on y voit une «preuve éloquente» que la vaccination fonctionne, affirme sa présidente, Caroline Senneville.
Des enseignants se réjouissent quant à eux de pouvoir bientôt renouer avec les sourires de leurs élèves pendant les cours. «Les profs vont pouvoir sentir davantage ce qui se passe en classe», affirme Dominique Loubier, président du Syndicat de l’enseignement de la Chaudière.
Les autorités de santé publique régionales auront néanmoins la situation à l’œil, alors que le taux d’incidence de la COVID-19 est plus élevé dans certains secteurs de Chaudière-Appalaches, notamment en Beauce.
La couverture vaccinale des 12 à 17 ans y est néanmoins «très bonne», indique la directrice régionale de santé publique, Dre Liliana Romero, qui se réjouit de cet assouplissement qui correspond à «une bouffée d’air frais très attendue par tout le monde».
À l’échelle provinciale, la proportion des élèves de 12 à 17 ans qui sont adéquatement vaccinés est de 79,3%.
***Voyez l’entrevue intégrale du Dr Olivier Drouin dans la vidéo ci-dessus.***
- Avec la collaboration de Daphnée Dion-Viens, Journal de Québec