Qu'est-ce que le réseau social des fans de Trump, Parler, et pourquoi n'est-il plus accessible?
Alex Proteau
Amazon, Google et Apple en ont eu assez et ont décidé de couper les ponts avec Parler, un réseau social conservateur sur lequel aurait été planifiée l'invasion du Capitole à Washington la semaine dernière.
Voici ce à quoi sert cette plateforme et pourquoi elle a été larguée par les géants du web.
Qu’est-ce que Parler?
Fondé en 2018 par John Matze Jr, un concepteur âgé de 25 ans, Parler était conçu pour être un média social libre où les opinions ne seraient pas les mêmes que sur Twitter ou Facebook. Selon ses créateurs, sa grande différence était son absence de modération et le fait qu’elle ne censure pas les opinions et le contenu de droite.
Son premier succès est survenu lorsque Candace Owens, une commentatrice politique américaine souvent affiliée au mouvement conservateur, a vanté le réseau social lors du lancement. Quelque 40 000 personnes s'y étaient alors inscrites en une journée.
En mai 2020, le président sortant Donald Trump a invité ses partisans à utiliser ce réseau. Selon le New York Times, des millions d’adeptes du président l’utilisent depuis.
D’autres personnalités importantes du camp républicain y détiennent des comptes comme Rudy Giuliani, avocat de Donald Trump, ou encore le sénateur de l'Utah Mike Lee.
Pourquoi est-il fermé?
Le rejet des géants du web signifie que Parler ne se retrouve plus sur les serveurs d’Amazon où il était hébergé. Il n'est donc plus accessible sur internet. Il était déjà impossible de télécharger l'application sur les boutiques d'Apple et Google, qui avaient aussi décidé de rompre les liens avec Parler.
Les trois entreprises considèrent que Parler n'a pas réussi à modérer les propos des utilisateurs et que ceux-ci ont mené à l’émeute meurtrière survenue au Capitole mercredi dernier.
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John Matze Jr avait indiqué, dans un tweet samedi soir, que le réseau social serait de retour «dans la prochaine semaine». En entrevue dimanche sur les ondes de Fox News, il a par contre dit qu’il avait aussi perdu ses avocats.
Honest question for @AppStore and @GooglePlay.
— Sleeping Giants (@slpng_giants) January 7, 2021
If Parler continues to allow incitement and calls for violence, doesn’t that break your Terms of Service for apps? pic.twitter.com/CkXg99Trl7
Lundi matin, 71 000 Go de données comportant notamment des informations sur les profils des utilisateurs se sont retrouvés sur internet en raison du dévoilement au public d’un détail technique. Une citoyenne a mis la main sur quelques publications publiées sur l’application, et en a diffusé.
a sample of what's in there pic.twitter.com/5o8CBRrmgc
— crash override (@donk_enby) January 9, 2021
Par exemple, sur une capture d'écran de Parler, on voit un utilisateur anonyme demander à Donald Trump de pendre ou de tuer publiquement les «traitres, voleurs et pervers» qui ont pris en otage le «bon» et «béni» pays que sont les États-Unis.
Alexis Cossette-Trudel possède un profil
Selon le professeur à l’École des médias à l’Université du Québec à Montréal Jean-Hugues Roy, Alexis Cossette-Trudel, un théoricien du complot québécois associé au mouvement QAnon, avait un profil sur la plateforme, qu'il avait nommé Radio-Québec.
Il comptait 24 366 abonnés, dont 11 740 nouveaux abonnés depuis le début de l’année sur Parler, toujours selon M. Roy.
Migration vers Gab
You should be, commie.
— Gab.com (@getongab) January 11, 2021
I think I can, I think I can, I think I can.
40m+ visits. 700k new users per day.
Enjoy the show. https://t.co/MrkWvfeRJp
Avec le bannissement de Donald Trump sur Twitter et la fin de Parler chez les géants des technologies, plusieurs utilisateurs pourraient se tourner vers Gab, un média social américain basé au Texas. Selon Newsweek, Gab est utilisé par «des nouveaux néonazis et des personnes blanches suprémacistes incapables de publier leur haine sur les autres médias sociaux».
Le professeur à l’École des médias s’inquiète de la popularité de ce réseau social. «C’est encore pire. Le fondateur de Gab est un évangélique chrétien. C’est plus marginal que Parler», détaille-t-il. Dans les dernières heures, la compagnie affirme avoir reçu 40 millions de visites.