Pourquoi y a-t-il déjà plus de morts de la COVID-19 en 2022 que toute l’année dernière?

Claudie Arseneault
Dans un tweet publié le week-end dernier, une dermatologue montréalaise qualifiait le variant Omicron de «tueur au sang froid», soulignant que la COVID-19 avait tué plus de personnes depuis le 1er janvier 2022 que pendant toute l’année dernière. Comment peut-on l’expliquer, alors que le port du masque ne sera bientôt plus obligatoire?
Les chiffres que la dermatologue et professeure Lisa Iannattone avance dans sa publication, ce sont ceux de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Ces chiffres font état de plus de 3365 décès liés à la COVID-19 depuis le 1er janvier, ce qui est plus que toutes les morts que le virus a causées l’an passé.

Si le bilan de 2022 a effectivement dépassé celui de 2021, les deux périodes se comparent difficilement, souligne l’épidémiologiste, biochimiste et candidat au doctorat en santé publique Kevin L’Espérance.


«C’est difficile de comparer ces deux années, tellement il y a de variables différentes, comme les variants, l’immunité collective ou les mesures sanitaires», dit-il.
Omicron, le variant le plus meurtrier?
Bien qu’Omicron soit plus transmissible que les variants l’ayant précédé, c’est surtout la levée rapide des mesures sanitaires – en plus du temps froid qui nous gardait à l’intérieur – qui a créé un environnement propice à une forte transmission communautaire en début d'année, poursuit Kevin L’Espérance.
Plus le virus circule dans ces conditions, plus il y a de transmission. Et plus le virus est présent dans la population, plus il y a de personnes qui développent des formes graves de la maladie et qui en meurent. Ce n’est pas que les vaccins ne sont plus efficaces pour nous protéger contre le virus, c’est qu’il y a plus de transmission, explique-t-il.
La situation va-t-elle empirer?
Avec le beau temps qui s’installe, la situation risque de s’améliorer dans les prochaines semaines, avance Kevin L’Espérance.
«Le printemps froid a favorisé les rassemblements à l’intérieur avec peu de restrictions, mentionne-t-il. On a peu de recul sur la COVID-19, mais il y a des indications que la maladie serait moins présente durant les saisons chaudes.»
Ça ne veut toutefois pas dire que le Québec ne sera pas frappé par une septième vague: elle pourrait arriver dès l’automne.
Comment expliquer le retrait de toutes les mesures sanitaires?
Kevin L’Espérance est clair: «Des confinements prolongés, ce n’est pas bon pour notre santé mentale ou physique. Il faut apprendre à vivre avec le virus et, surtout, apprendre à bien vivre avec le virus.»
Malgré la levée des mesures sanitaires, il est toutefois possible de minimiser la transmission et les décès, insiste-t-il. Par exemple, en utilisant mieux les tests rapides et responsabilisant la population sur les risques associés au virus.
«Il faut arrêter de banaliser la COVID-19. Ça demeure une infection dangereuse», souligne celui qui aurait maintenu le port du masque un peu plus longtemps.
Combien de morts par jour sommes-nous prêts à accepter?
«La COVID-19 est une nouvelle maladie, donc il est difficile de fixer un seuil acceptable de morts», indique Kevin L’Espérance. Selon lui, il faudra se demander, comme société, ce qu’on est prêts à accepter comme risques liés au virus et conséquences, notamment en termes de pertes humaines.
Une chose est sûre, toutefois: il faut maintenir certaines bonnes habitudes. «Si ce n’était que de moi, aucune mort ne serait acceptable, affirme-t-il. Plusieurs décès peuvent être prévenus par le maintien de certaines habitudes, comme le port du masque et la bonne ventilation en intérieur.»