Pourquoi des gens en couple décident de vivre chacun de leur côté
Anne-Lovely Etienne
BILLET - Je suis nouvellement mariée. Et je n’habite pas à temps plein avec mon mari. Ma bonne amie habite seule à Montréal et est nouvellement en relation avec un mec qui habite New York. La chanteuse et animatrice de Big Brother Marie-Mai a documenté l’achat de sa maison seule, et ce, après avoir fondé une famille tout en étant amoureuse.
Cette nouvelle tendance se nomme, en anglais, le living apart together. On est amoureux, mais séparément. On se définit comme couple non cohabitant.
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Dans mon cas - jeune trentenaire sans enfant - je ne voulais pas m’imposer chez mon amoureux qui a un enfant, ou imposer une nouvelle dynamique familiale.
J’habite donc partiellement seule, et quand mon mari n’est pas en train de remplir ses obligations de père, il se pose au condo, son deuxième chez lui. J’apprécie chaque minute lorsqu’il est là... et aussi lorsqu’il ne l’est pas!
Vous allez me dire : «Anne-Lovely, tu vis dans un monde parallèle! Vivre à deux, c’est ça la vraie vie!»
Non, pas la mienne.
Qui sont ces couples, qui comme moi, ont décidé de s’aimer et de vivre séparément?
«Ce sont des personnes qui ont plus tendance à vouloir de l’indépendance et à chercher de l’autonomie», explique Dre Mélissa Callaci, psychologue clinicienne spécialisée en relations de couples.
«Alors, ce sont des personnes qui recherchent de l’espace pour prioriser leurs besoins et leurs intérêts. Tout ça contribue au bien-être», poursuit-elle.
Un reportage diffusé sur les plateformes de Global TV, présente différentes réalités de couple qui ont adopté le living apart together.
Parmi eux, on retrouve des mères célibataires, des personnes divorcées ou encore des retraités.
On y expose aussi les données de Statistique Canada notant l’augmentation des couples non cohabitants, qui passe de 6% à 9% entre 2006 et 2017. Ces couples sont pour la plupart constitués de personnes âgées entre 25 et 34 ans.
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Pourquoi vivre séparément?
Dre Callaci précise qu’il n’existe pas de modèle de couple idéal ou parfait, mais que les couples non cohabitants présentent des motifs bien précis.
«Il peut y avoir un impact sur l’intimité émotionnelle. Ça permet de prioriser la qualité plutôt que la quantité. On est plus intentionnel sur comment on partage le temps, parce qu’on est moins souvent ensemble», observe-t-elle.
«Ça permet à ces couples d’aborder des discussions profondes, de communiquer ses valeurs. On peut être plus vulnérables et ça permet une connexion plus profonde», relate la psychologue.
Entre autres, l’anticipation de se retrouver et de cultiver le désir sexuel pour l’autre fait aussi partie d’une des raisons de ne pas vivre ensemble.
«Il y a une étude qui dévoile que les gens qui ont décidé d’adopter le living apart together, ont rapporté avoir une fréquence sexuelle plus élevée que ceux qui cohabitent ensemble», rapporte Dre Callaci.
En effet, cela fait déjà 11 ans (mon Dieu que ça passe vite) que je suis en couple et j’avoue avoir encore hâte de retrouver mon bae. Je crois que le mode de vie living apart together contribue à ça, comme l’illustre bien Dre Callaci.
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Ce n’est pas pour tout le monde
Attention, ce n’est pas pour tout le monde.
«Dans la théorie de l’attachement, les gens qui vivent de l’insécurité et qui présentent le style d’attachement anxieux pourraient trouver ça plus difficile de vivre cette posture de couple», remarque Dre Callaci.
«Ce sont des personnes plus vigilantes, qui ont besoin d’être rassurées. Elles ont besoin d’être investies dans la vie de l’autre et cohabiter avec l’autre est une façon de l’exprimer», dit-elle.
Il faut inévitablement mentionner l’aspect économique. En cette période d’inflation où tout coûte très cher, il est prouvé que de vivre en solo est beaucoup plus dispendieux que de vivre à deux.
Un article récent du Journal de Montréal évoque d’ailleurs les diverses embûches financières auxquelles doivent faire face les personnes qui vivent seules.
Alors, non, ce n’est pas pour tout le monde le living apart together... mais n’oublions pas non plus que les modèles traditionnels ne conviennent pas à tous. Et c’est ça la nouvelle réalité.